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U UKRAINE
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UN APERÇU
SUR
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SON TERRITOIRE, SON PEUPLE,
SES CONDITIONS CULTURELLES,
ETHNOGRAPHIQUES, POLITIQUES
ET ÉCONOMIQUES
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BERNE
IMPRIMERIE R. SUTER & CIE
1919
COPY AODED
ORIGHNAL TO BE
RETAINEO
- C3 15"^
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Le frontispice représente le monument de BOHDAN KHMBLNITZKY
sur la place de Ste-Sophie à Kiev. L'église au fond est la cathédrale
, de Ste-Sophie.
/•
AVANT-PROPOS
La grande guerre a fait s'évanouir Tune des plus
grandes illusions qu'aient entretenues la plupart des peu-
ples du siècle dernier. '
Cette illusion, c'était la foi en l'unité et l'homogénéité
de l'Empire russe. Hier encore cette foi en l'existence
d'une Russie forte et unie pouvait subsister ; aujourd'hui
elle n'est plus qu'un pium desiderium de quelques uto-
pistes politiques.
De ce qu'on nommait la Russie il ne reste plus que
quelques îlots séparés les uns des autres : la Finlande,
l'Estonie, la Lettonie, la Lithuanie, la Pologne, la Ruthé-
nie Blanche, la Géorgie, le Kouhan, la Moscovie et l'U-
kraine. Le reste a été submergé et balayé par les flots
de la guerre mondiale.
Tout homme politique, fût-il totalement étranger à la
Russie, a le devoir et même l'intérêt de se familiariser
avec la nouvelle organisation des Etats qui ont surgi des
décombres de la Russie. Le terme de «Russie» est in-
exact, ce n'est plus à elle que nous avons à faire, mais
bien plutôt à des nouveaux Etats qui évoluent et qui at-
teindront un développement encore imipossîble à prévoir
de nos jours. Chacun d'eux est actuellement en forma-
tion. A l'heure, où l'Europe entière subit une transfor-
mation profonde, il est nécessaire de réunir en un tout
les informations principales les plus diverses concernant
ces Etats. Nous commencerons de le faire pour le plus
important d'entre eux — l'Ukraine.
M542354
Le but que nous nous proposons par la publication
de cettie brochure» est de donner un aperçu de la vie éco-
nomique, ethnique, politique et sociale de l'Ukraine sans
négliger son influence civilisatrice.
Aperçu historique de l'Ukraine.
Au Xe siècle déjà, les Ruthènes formaient un puissant
état à Kî-ev. Après avoir succombé sous le choc des hor-
des tartares, l'état ruthène refleurit aux XlIIe et XlVe
siècles sous la forme d'un royaume galicien-lodomérien.
Plus tard, au XVe siècle, il devint grande principauté
ruthénienne, sous la dynastie lituanienne.
A cette époque, l'Ukraine était encore connue sous
son véritable nom de «Ruthénie» (Rus.). A l'origine, ce
nom n'impliquait pas une idée de race mais il signifiait
plutôt xme communion de dominateurs et ^'étendait à
tous les Slaves qui se trouvaient sous la souveraineté des
princes ^ruthéniens7>. Le nom de Ruthénie était donné
exclusivement au pays désigné aujourd'hui par «Ukraine»
et connu comme tel aussi bien à l'étranger que dans l'état
de RostovnSuzdal, le noyau de la Russie actuelle. Le ter-
ritoire connu aujourd'hui sous le nom de Ruthénie-blan"
che se nommait alors Lituanie, du fait qu'il se trouvait
sous la domination des princes lituaniens ; quant à la
Russie actuelle, elle se nommait Moscovie^ Au XFVe
siècle, la Moscovie fit valoir ses droits à la succession
des princes ruihéniens sur la capitale de Kiev (plus par-
ticulièrement après l'annexion de l'Ukraine, c'est-à-dire
de l'ancienne Ruthénie), elle conmiença à se faire dé-
signer sous le nom de «Rus». Les Ukrainiens dès lors
abandonnèrent celui qu'ils avaient porté jusque là et, afin
d'éviter des confusions, prirent celui de «Ukraine» qui
s'implanta peu à peu. Au Xlle siècle, Ukraine était syno-
nyme de «Rus», ce n'est qu'au XVIIe siècle que ce terme
trouve une application générale dans les pays désignés
précédemment par «Rus». Ce n'est du reste pas le pre-
6
mière fois que nous constatons des faits seiniblaibles dans
l'Mstoire; la Gaule-France, la Moldavie-Valachie-Rou-
manie, la Seribie-Kroatie^lovénie, Yougoslavie, en sont
des exemiples types.
Ensuite de l'union de la Lituanie à la Pologne (1553),
l'Ukraine recommence * à lutter en vue de son existence
comme état indépendant. Ses efforts aboutirent diffé-
remment: ce fut en 1659, son union avec la Pologne,
en 1669 et 1672, avec la*Tu«îuîe,ven 1652, avec la Suède
(Charles XII), en 1708—1710, et eirfîrir avec la Rus-
sie. Cette dernière alliance fut fréquemment rompue de
part et d'autre. Elle dura jusqu'en 1734. C'est alors que
l'Ukraine (à gauche du Dnipr) cessa d'être un état indé-
pendant pour être rabaissée au rôle de province auto-
nome russe. Ce ne fut pas sans de violents combats que
l'autonomie de l'Ukraine fut encore constamment amoin-
drie, pour disparaître complètement en 1781. A partir de
ce moment, l'Ukraine de l'est devint une simple province
russe qui ne conserva que des vestiges de droit civil.
Après le partage de la Pologne, l'Ukraine de l'ouest subit
le même sort à part la Galicie attribuée à rAutriche.
Tôt après, une politique d'uniîfîcation, sans égards pour
l'Ukraine commença à se développer en Russie. Les me-
sures prises furent les suivantes : 1® la suppression de
l'autocéphalie de l'Eglise ukrainienne '(1686) ; 2® l'intro-
duction du servage (1781) ; 3® la suppression de l'Eglise
catholique suivant le rite grec dans toute l'Ukraine occi-
dentale (1839) ; 4® l'interdiction de la langue ukrainienne
dans la vie publique (1876).
Durant cette période, la vie politique de l'Ukraine
s'épuisa dans les conspirations révolutionnaires du pays
et de l'extérieur (participation de la noblesse ukrainienne
aux émeutes de 1825; loges maçoninques, sociétés clandes-
tines destinées à conquérir l'indépendance du pays pen-
dant le règne d'Alexandre 1er et de Nicolas 1er ; abla-
tion auprès des cours étrangères, à Stockholm, Constan-
tinople, Berlin, Paris), puis émeutes publiques entr'au-.
très le fameux soulèvement des paysans de l'Ukraine en
1902, et la révolution de 1904—06. Après la création de
la Douma, ce fut le commencement de l'ère constitution- *
nelle dans l'empire de Russie, et les Ukrainiens, sans
abandonner leur propagande clandestine, passèrent
officiellement à l'organisation et à la consolidation des
forces nationales (les partis politiques, les élections à la
Douma, le journalisme, l'éclaircissement du peuple,i les
syndicats coopératifs, etc.). Pendant ce temps une lutte
ouverte s'engageait en Galicîe contre les Polonais.
A la même époque, les pionniers de l'idée ukrainienne
réussissaient à pourvoir la nation de tous les éléments d'un
idéal national moderne, une classe intellectuelle natio-
nale consciente, une organisation politique paysanne et
ouvrière, un idéal politique collectif, etc.
Dès 1917 (ou plus exactement 1918) l'idée ukrainienne
rompt positivement avec la conception de l'état russe ou
plus spécialement avec la conception polono-austro-hon-
groise (en Gsdicie) afin de reprendre la lutte, en vue de
l'établissement d'un état indépendant. Le 3 janvier 1919
l'Ukraine russe et l'Ukraine autrichienne, inaugurent
cette ère nouvelle de l'histoire ukrainienne qui n'est pas
encore arrivée à son terme. Les principaux jalons
plantés sur cette voie ont été: la reconnaissance
de l'autonomie de l'Ukraine (octobre 1918) ; la pro-
clamation de l'indépendance ukrainienne (9 novem-
bre 1918) et la première guerre avec la Russie ; la pro-
clamation de l'état de l'Ukraine de l'Ouest (19 novembre
1918) et la guerre avec la Pologne ; l'abolition du pou-
8
voir de hetman et l'introduction du Directoire (16
novembre et 14 décembre 1918) ; la réunion des deux
républiques ukrainiennes (3 janvier 1919) et la lutte com-
mune contre la Pologne et la Russie,
Les limites ethnographiques de l'Ukraine.
Nombre et répartition des Ukrainiens
dans leur pays.
En Europe centrale ou occidentale il est aisé de fixer
les limites ethnographiques d'un peuple. Celles-ci sont
explorées et déterminées depuis longtemps déjà et il ne
se rencontrera pas quelqu'un capai)le de les effacer, de
les taire ou de les falsifier. Cette seule raison suffit pour
marquer la différence entre les Etats dont nous venons
de parler et l'Ukraine. Pour elle la question se pose dif-
féremment. Les Ukrainiens n'ont eu ni indépendance po-
litique comme les Allemands, les Français, les Italiens,
etc., ni importance politique comme les Polonais et les
Tchèques en Autriche. Les Ukrainiens habitaient les por-
tions de deux états, l'Autriche-Hongrie et la Russie. Dans
le premier de ces états ils avaient acquis quelque impor-
tance, tandis qu'ils ne furent jamais reconnus comme na-
tion dans le second.
En conséquence, les limites véritables du territoire
national ukrainien ne sont que très imparfaitement éta-
blies. Elles le sont en quelque sorte, sur territoire autri-
chien, lors même que la statistique, en particulier celle de
la Galicie, laisse à désirer. Celle de la Hongrie est du reste
encore plus inexacte. Toutefois, c'est en Russie que la si-
tuation à ce point de vue est la plus défectueuse. Le pre-
mier recensement véritable n'a été fait dans ce pays que
le 28 janvier 1897. Tous les autres calculs et les précé-
dentes estimations ne sont que d'une valeur problémati-
que. Ainsi, par exemple, les Pyntchouks, soit les habitants
10
ukrainiens du Polissie, ont tous été, par erreur, comptés
parmi les Ruthènes de la Ruthénie-Blanche et les Ukrai-
niens des environs de Mhlyn et de Starodouib avec les
Russes. En outre, nombre d'Ukrainiens ont été enre^s-
très sous la rubrique générale «Russes».
C'est la raison pour laquelle il est impossible, au-
jourd'hui de délimiter le territoire national ukrainien
avec la même exactitude que des territoires nationaux
de l'Europe centrale ou occidentale. Les frontières que
nous allons indiquer ci-après sont nettemment délimi-
tées et sont détenninées sur la base de sources officielles.
Seules les erreurs connues et sautant aux yeux ont été
éliminées.
La limite occidentale du territoire national ukrainien
compacte part des bords de la Mer-Noire, dans le Delta
du Danube, où une partie des descendants des Zaporo-
gues sont restés fidèles à leur antique métier de pêcheurs.
Ici les Roumains et les Bulgares sont voisins des Ukrai-
niens. La frontière ukraîno-roumaine pasise par la Bes-
sarabie, la Boukovîne et la Hongrie nord-est.
En Bessarabie, la limite passe par Izmall, Bilhorod,
l'embouchure du Dnîstr, elle se continue dans ses
Limans, puis elle suit le cours du Dnistr en
amont jusqu'à Doubossary pour atteindre la ligne
de partage des eaux du Prouth-Dnistr et quitter
le pays à Novosselytzia après avoir décrit des méandres
nombreux et fantastiques en passant à Orhiiv et Biltzi.
D'innombrables îlots ethnographiques restent à droite et
à gauche de cette ligne de démarcation. Ce sont tantôt des
flots roumains sur territoire ukrainien, tantôt l'inverse. Ce
n'est que dans lé courant du siècle dernier que le pays
a été colonisé d'une façon plus intense et le mélange des
tribus a si bien pénétré dans la masse fondamentale
11
des Roumains qull en résulte une véritable mosaïque
ethnographique.
En Boukovine, la limite du territoire ukrainien pas-
sant le long de la frontière de l'état, atteint d'abord, les
villes de Ssereth et de Radivtzi, De M, et après avoir fait
une inflexion très vive vers Tchernivtzi elle s'oriente en
une courbe à grand rayon vers le sud-ouest et vers l'oc-
cident jusqu'à la source du Toheremocbe Blanc, en pas-
sant par Storojynetz, Vykiv, Moldavytzîa, KirlU)aba, où
elle pénètre en Hongrie. Il n'y a pas longtemps non plus
que la frontière ethnographique des Ukrainiens est éta-
blie en Boukovine (sauf le territoire de Tcheremoche).
En Hongrie la limite est d'autant plus ancienne,
que le peuple ukrainien est implanté ici depuis le
commencement du Moyen-âge. Cette limite court le long
de la Vycheva en passant près de Syhit sur la Tyssa, jus-
qu'à Vychkiv. Ici la limite passe sur la rive gauche du
fleuve et atteint le long de la chaîne du Gutin la rivière
Tour, près de Polad. A cet endroit la frontière roumaino-
ukrainienne cesse et le voisinage des Magyars commence.
D'une façon générale, la limite du territoire ukrainien
s'étend vers le nord-est, soit vers Uilak, Beregszasz, Mun-
katchiv (Munkacs), Ujhorod (Unghvaz), Bardyiv (Bartfa),
Sabiniv (Kis Szeben), Kesmark. Près de Loublau la limite
franchit la rivière Poprad et atteint la Galicîe. Entre
Unghvar etBartfeld, les Slovaques deviennent les voisins
des Ukrainiens. La limite entre les Slovaques et les
Ukrainiens est très confuse et c'est aux recherches de
Hnatiouk et de Tomaohivsky qu'on doit de pouvoir cons-
tater, qu'au cours des siècles les limites du territoire
ukrainien en Hongrie n'ont été modifiées que dans des
proportions fort restreintes.
En Galicie, les Ukrainiens sont voisins des Polonais.
12
La domination polonaise qui dure depuis plus de cinq
siècles a considérablement refoulé l'élément ukrainien
vers l'est. L'élément ukrainien ne s'est maintenu que dans
la montagne et le territoire ukrainien forme ici un pro-
montoire assez avancé vers l'ouest. La limite ukraino-
polonaise en GraUcie commence vers la localité de
Chlakhtova, à l'ouest de la trouée du Poprad et court
vers l'est le long des vUles des Pivnitohna, Hryibiv, Gor-
litze, Zmigrod, Doukla, Rymaniv, Zarchyn, jusqu'à Sia,
nik, d'où elle suit approximativement le cours du Sian
jusqu^à Doubetzko. A cet endroit elle se dirige vers le
nord-est atteint de nouveau le Sian près de Radymno et
suivant sa rive gauche atteint Tamogrod en Pologne
russe en passant laroslav, Siniava et Lejaïsk.
En Pologne russe, les Ukrainiens habitent le gouver-
nement récemment constitué de Eholm, où ils sont obli-
gés, depuis cinq siècles, de contenir la poussée des Polo-
nais vers l'est. Malgré cela la polonisation n'a fait des
progrès appréciables que sous la domination russe.
C'est une conséquence de la politique russificatrice des
autorités et des sympathies encore vives de la popula-
tion ukrainienne pour la confession catholique-grecque,
opprimée sans aucuns ménagements, et à laquelle les
Ukrainiens du pays de Kholm appartenaient encore il y
a un demi-siècle.
La ligne formant limite entre Polonais et Ukrainiens,
au pays de Eholm, est flanquée de chaque côté d'une
zone plus ou moins large, habitée par ime population
mixte parsemée de nombreuses îles ethnographiques.
Cette frontière court le long des localités des Tamogrod,
BUhoral, Ghtchebrechyn, Zamostie, Erasnostav, Loubar-
tiv, Radyn, Loukiv, Sokoliv, Dorohytchyii et Bilsk pour
atteindre la rivière Narev dans le gouvernement de
13
Grodna. C'est là que les limites des territoires nationaux
ukrainiens et polonais se rencontrent avec ceux de la
Russie-Blanche et que commence la frontière septentrio-
nale de l'Ukraine.
Dans les gouvernements de Grodnp et de Minsk le
long du Narev jusqu'à sa source située dans la forêt de
Biloveja, la limite eflinographique court entre l'Ukraine
et la Blan-ohe-Ruthènie. Ensuite, elle se dirige, en passant
près de Proujany, vers la rivière Jassiolda, pour tourner
vers le nord-est près de Poritché et atteindre le lac
Vyhonivske. A partir de là, elle se dirige vers le sud-est
et atteint à l'emibouchure du Zna, la rivière Prypiat. A
partir de là jusqu'à sa jonction avec le Dnipr, c'est cette
rivière qui fait frontière. Ce n'est qu'au-dessous de Mo-
zyr que les Blanoh-iRuthènes pénètrent à angle obtus sur
la rive droite du Prypiat. Il y a lieu de remarquer que le
long de la limite indiquée et au point de vue ethnologi-
que et linguistique les Blancs-Ruthènes forment la transi-
tion entre les vrais Russes et les vrais Ukrainiens qui
dans cetteJ région se nomment Pyntchouky. La zone
transitoire mesure environ 30—50 km. en largeur.
Il n'est pas aisé d'indiquer la limite exacte de
l'Ukraine vers la Moscovie alors même qu'il n'est pas
question ici d'une transition progressive comme celle qui
existe à la limite de la Blanche^Ruthènie. La limite de
l'Ukraine, ici, est môme plus accen,tuée que du côté
des Polonais, des Roumains ou des Magyars. Mais elle
est difficile à constater sans de minutieuses investiga-
tions sur les lieux, la statistique officielle russe
ayant été établie en faveur de la nation régnante. Il faut
en outre remarquer que les régions le long de cette li-
mite n'ont été colonisées d'une façon quelque peu in-
14
tense qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les colons venaient
aussi bien de l'Ukraine que de la Moscovle et se sont ins^
tallés dans des colonies séparées. Aujourd'hui encore une
localité purement ukrainienne est voisine immédiate
d'une localité purement russe et le nombre des îlots eth-
nographiques est considérable de chaque côté de la fron-
tière.
La limite du territoire central de l'Ukraine s'étend
dans les gouvernements de Eoursk et de Voronije à tra-
vers Poutyvl, Rylsk, Soudja, Myropilie, Oboyan, les
sources de Psîol et de Vorskla, Bilhorod» Korotcha,
Stary-Oskol, Novy-Osikol, Birîoutch et atteint le Don à
Ostrohojsk. Le Don forme la limite de l'Ukraine sur une
moins grande étendue que le Dnipr. La frontière aban-
donne la rivière juste à l'emibouchure de l'Ikoretz,
coupe la rivière Bytiouh et atteint la rivière Khoper dans
le territoire des Cosaques du Don après avoir touché
Boutourlynivka et Novokhopersk. C'est là que commence
la limite orientale du territoire de l'Ukraine. Elle tend
d'abord vers le sud le long du Khoper, traverse le Don
vers l'embouchure du Khoper, passe le long du Kalytva
et du Donetz pour franchir pour la troisième fois le
Don et atteindre le lac Manytoh après avoir décrit
une vaste couri^e le long de la rivière Sal. Immédiatement
sur la rive gauche du Don les Ukrainiens se heurtent aux
Kalmuks, avant-poste du mélange des populations sub-
caucasiennes et caucasiennes. Un mouvement colonisa-
teur ukrainien et russe assez intense s'est développé au
cours du siècle dernier parmi ces peuplades alairsemées
et d'un niveau de culture peu élevé. L'élément ukrainien
s'accroît toutefois insensiblement dans toute la Cis-Cau-
casie et pénètre de plus en plus vers l'est et le sud-est.
n se forme de nouveaux îlots à langue ukrainienne, s'ac-
15
croissant rapidement, constamment et finissant par cons^
tituer des territoires étendus.
Depuis le lac Manytoh, la limite du territoire ukrai-
nien se diri^ vers le sud à travers le district de Medveja
du gouvernement de Stavropol jusqu'aux sources du
Grand lahorlyk, puis elle tourne à Test en passant par
Stavropol, Olexandrivsk et Novohryhoriïvsk. En une
bande étroite, les Ukrainiens atteignent ici la Mer Cas-
pienne. En 1897 cette bande n'était qu'esquissée ; d'après
lés nouvelles reçues dès lors relatives à de nouveaux
établissements colonisateurs, il n'y a plus lieu de douter
du fort accroissement de territoire que les Ukrainiens
ont atteint dans cette région.
La limite méridionale de l'Ukraine dans le pays du
Caucase passe à travers les gouvernements de Terek, de
Eouban et de la Mer-Noire, par Naltohyk, Piatyhorsk, La-
bynsk, Maîkop, pour atteindre les rives de la Mer-Noire
entre Tuapsé (et Sotchi. Dans ces parages, les Ukrainiens
ont comme voisins, à part les Russes, des Ealmuks,
des Eiiighises, des Nogaï, des Tchétchènes, des Kabardins,
des Circassiens, des Àbkhases et des Tatares du Caucase.
La suite de cette limite sud de l'Ukraine jus-
qu'au Delta du Danube est à peiMte chose près dessinée
par les côtés de la Mer-Noire et de la Mer d'Azov. Seule,
la Crimée est restée, jusqu'ici, en dehors du territoire
ethnographique de l'Ukraine. Toutefois, dans la mesure
ou les Tatares de la Crimée commencèrent à énûgrer en
Turquie, l'élément ukrainien se vit renforcé par des
apports continuels provenant des territoires centraux de
l'Ukraine si bien qu'aujourd'hui seules les régions mon-
tagneuses et la côte méridionale de la Crimée sont con-
sidérées comme territoire tatare.
16
Les limites qui viennent d'être indiquées entourent
le noyau de la nation ukrainienne. Il comprend
la Boukovine septentrionale et occidentale, le nord-
est de la Hongrie, la Galide orientale et Textré-
mîté sud-ouest de la Galicie occidentale, le gouverne^*
ment nouvellement formé de Kholm (les districts orien-
taux des gouvernements de Lublin et de Slédletz dans la
Pologne russe), la portion méridionale de Grodno et de
Minsk, toute la Volhynie, la Polodie, Kiev et Kherson ain-
si que les districts sud-est et nord-ouest de la Bessarabie,
 gauche du Dnipr, les limites de l'Ukraine embrassent
les gouvernements de Tchemihiv, de Poitava, de Khar-
kiv, de Eaterinoslav, de la Tauride (sauf la laïla) en en-
tier et presque tout le territoire du Eouban (sauf la haute
montagne). En outre le tiers méridional du gouvernement
de Koursk, la moitié méridionale de Voronije, le tiers oc-
cidental du territoire des Cosaques du Don, la moitié mé-
ridionale de Stavropol, la bande septentrionale fron-
tière du territoire de Terek ainsi que la portion nord-
ouest du gouvernement de la Mer-Noire appartien-
nent encore au territoire ukrainien. C'est au point
de vue européen un territoire très étendu qui n'est guère
surpassé que par le territoire national russe (territoire
moscovite). Ce territoire a une superficie de 850,000 km*
dont 75,000 km* seulement se trouvent à l'intérieur des
limites de l'ancienne monarchie austro-^hongroise ; tout
le reste du territoire . mesurant donc 775,000 km* était
sous la domination russe.
En dehors de ce noyau central national ukrai-
nien, on trouve des Ukrainiens dans de nombreux îlots
de langues, répartis sur de vastes territoires de l'ancien
et du nouveau monde. En Bessarabie, nous rencontrons
toute une série d'îlots ukrainiens le long du Prouth
17
et de la frontière russo-roumaîne, dans la Do-
brondja roumaine et dans le Delta du Danube. Dans la
Boukovine nous trouvons de ces îlots près de Soutchava
et de Kimpoloung ; en Hongrie dans la Baczka, près de
Nyir^haza, de Nagy-Karoly, de Gollnitz, etc. ; dans le
pays de Kholm entre Loukov et Zelechov, entre Siédletz
et Kaloutohyn, près de Sokolov. Le long de la limite de la
BlancheHRuthènie il n'y a pas d'îles proprement dites dans
la zone intermédiaire. On en voit d'autant plus dans les
territoires frontières ukraino-russes, où les deux nations
sont rigoureusement séparées l'une de l'autre sans tran-
sition aucune. Dans le gouvernement de Eoursk, près de
Fatieje, entre Dimitriev et Oboyan ainsi que près des sour-
ces du Seim ime série d'îles ukrainiennes font tache au
milieu du territoire nette. Dans le gouvernement de Vo-
ronije, nous trouvons quelques îles près de Zemliansk et
de Borissoglibsk. Les colonies ukrainiennes les plus dis^
sémînées atteignent la région de Tambov et de leletz.
Le territoire du Don qui» à cause de son oiiganisation de
cosaques» fut longtemps presque inaccessible aux colons
a été un pays de passage important pour le mouvement
de colonisation ukrainien en vue de son expansion dans
le territoire de la Volga moyenne. iLà i(en 1910) plus de
600,000 Ukrainiens habitaient dans les gouvernements dé
Saratov, de Samara et d'Astrakhan. C'est dans celte région
qu'on rencontre de grandes îles ukrainiennes voisines
immédiates de nombreuses colonies allemandes près de
Balachov» ce sont : Atkarsk, Balanda, à l'Eman et la Med-
veditza, près de Nikolayevsk, de Khvalynsk, de Samara,
de Bougourouslan* A partir de Khvalynsk les colonies
ukrainiennes de la rive gauche de la Volga occupent au-
tant de place que les russes. Nous en trouvons vis-à-vis
de Saratov, de Kamychin, de Doubivka, de Tchorny Yar,
18
près de Zarev, En outre à de grandes distances de la
Volga, on en rencontre encore dans le territoire des sour-
ces lerouslan et du grand Ousen, sur le lac d'Elton et de
Baskountchak, vers l'Ilovla et vers les collines de ler-
geny. Plus de 50,000 colons ukrainiens vivent dans le
gouvernement d'Orenbouiig. En 1897 les Ukrainiens re-
présentaient à peu près le 13 % de la population des gou-
vernements d'Astrakhan (le district de Zarev 38 % , de
Tchornoïar 43 %), le 7 % de celle du gouvernement de
Saratov et près du 5 % de celle du gouvernement de Sa-
mara. En raison du mouvement colonisateur progressif
de ces dernières années, ces proportions seront certaine-
ment beaucoup plus fortes aujourd'hui.
Dans les pays du Caucase, nous rencontrons également
en dehors du territoire ukrainien central un certain
nombre de colonies importantes. D'après les résultats
du recensement de 1897 les Ukrainiens représentaient
dans les gouvernements d'Erivan, de Kutaîs, de Daghes-
tan et de Kars le 17-— 19 % de la population «russe» à
Tiflis, le 7,5 %, à leUssavetpol et à Bakou le 5 %.
Dans la Russie centrale d'Asie, le flot d'émigration
s'opère à travers les pays de la Volga et du Caucase. Dans
ce territoire la formation de colonies ukrainiennes n'a
commencé que vers la fin du siècle dernier et se poursuit
encore aujourd'hui. En 1897 déjà, les Ukrainiens for-
maient le 29 % de la population «.russe» dans la province
de Syr, et le 23 % dans celle de Âkmolinks. Dans les pro-
vinces Transcaspiennes, de Semiritchensk, de Turgaï,
de Samarkand et de Ferghan les Ukrainiens représen-
tent le 10 — 20 % de la population «russe» ; dans la pro-
vince de Semipalatinsk, le 5 9S.
La plus forte colonisation ukrainienne que nous ayons
19
à enregistrer se rencontre en Sibérie. Des llats de langues
et des colonies éiparses se répartissent dans une bande de
territoire de plusieurs milliers de kilomètres de longueur,
et s'étendent le long de la frontière méridionale de ce pays
de grand avenir. C'est dans la province côtière de Vladi-
vostok que la proportion d'Ukrainiens par rapport à la
population «russe» est la plus forte (plus du 29 %). Dans
la province de l'Amour cette proportion, est encore de
20 %. Les chiffres absolus les plus élevés sont constatés
dans les districts méridionaux des gouvernements de
Tomsk, de Tobolsk et de lenisseisk.
Quelle est la population totale des Ukrainiens et com-
bien en est-il qui vivent sur le territoire proprement na-
tional ukrainien?
Les raisons qui, déjà nous ont empêché de délimiter
exactement le territoire ukrainien nous forcent à avouer
la difficulté. qu'il y a de répondre. L'asservissement poli-
tique de l'Ukraine d'une part et la grandeur de
la nation et de son territoire d'autre part, i en-
gagent les nations d'Etat dominantes à commettre
des falsifications statistiques afin de voiler le vé-
ritable état des choses. Fréquemment aussi du reste,
l'ignorance des organes préposés au recensement peut
être la cause du peu de confiance qu'inspirent les tra-
vaux statistiques opérés sur territoire ukrainien. Les
Ukrainiens sont ou bien inscrits comme ressortissants
d'une nationalité étrangère (généralement de la nation
dominante) ou forcés par divers moyens de renier leur
nationalité d'origine.
• En Hongrie, par exemple, il arrive fréquemment que
des villages entiers sont renregistrés comme magyars,
slovaques ou roumains, alors même que leur population
20
est complètement ou eh grande partie ukrainienne. Dans
la Boukovine, les conditions sont analogues. En Galicie,
on recense régulièrement les catholiques romains comme
Polonais, lors même que la plupart dû temps ils ne par-
lent pas du tout la langue polonaise. Néanmoins, Tap-
proximation la plus exacte est évaluée par la statistique
austro-hongroise qui nous permet de constater le véri-
taible état des ifaits. Le recensement russe de 1897, le
seul qui nous fournisse les données relatives à la statis-
tique des nationalités ukrainiennes a été considérable-
ment déformé au détriment de ces derniers. Dans les vil-
les la plus petite partie des Ukrainiens sont inscrits
comme tels, tous les autres sont comptés comme Russes.
Il en a été de même dans les colonies et les divers îlots
disséminés dans le vaste empire russe. Nous ne tenons
pas même compte des Ukrainiens qui, par manque de
convictions, ont renié leur nationalité.
Pour nos calculs et malgré tous les défauts de la sta-
tistique officielle, nous allons cependant nous baser sur
ces données. Nous ne corrigerons que les falsifications
évidentes ou les erreurs que nous constaterons au cours
de notre travail.
Lesl chiffres des rec^isements en Autriche-Hongrie
de 1910 et des calculs faits simultanément en Russie,
nous serviront de base. Ck>mme ces derniers ne fournis-
sent pas de rensei^ements concernant les proportions
des nationalités, nous devrons appliquer les pourcenta-
ges de 1897 aux estimations de 1910. Ce procédé ne peut
nous fournir que des valeurs approximatives, mais nous
n'avons pas d'autre choix.
Nous commencerons notre aperçu statistique des pays
ukrainiens par la Hongrie nord'Orientcde. Là, les Ukrai-
niens habitent un territoire compacte de 14,000 km*. Il
21
1
est situé pour la plus grande partie dans les Carpathes et
comprend les trois quarts du Comitat de Marmaroche, la
moitié nord-orientale du comitat de Uhotcha, deux tiers
dé celui de Bereg, la moitié septentrionale de celui d'Ungh,
les territoires frontières septentrionaux de ceux de
Zemplen et de Charoch ainsi que les territoires nord-est
du comitat de Zips. La population totale des Ukrainiens
de Hongrie s'élevait en 1910 à plus de 470,000, chiffre
qu'on peut sans crainte et en raison du recensement dé-
fectueux en Hongrie arrondir à 500,000, surtout si l'on
considère que les schématismes catholiquesrgrecs des an-
nées 1880 indiquaient à peu de chose près déjà ce dernier
chiffre. D'après les enquêtes officielles, la proportion pro-
centuellè des Ukrainiens dans quelques comitats serait la
suivante : en Marmaroche 46 %, en Uhotcha 39 %, Bereg
46%, Ungh 36%, Charoch 20%, Zemplén 11%, Zips8%. A
l'est les Roumains et à l'ouest les Slovaques forment de
petits îlots de langues. Parmi la population ukrainienne
des Juifs vivent isolés, mais en forte proportion ; dans
les villes des Magyars et des Allemands s'y mêlent en-
core. Les Ukrainiens habitent partout aussi bien les par-
ties montagneuses et peu colonisées des comitats que
les centrés et les villes, de là faible pourcentage malgré
l'étendue du territoire.
Le peuple ukrainien de Hongrie comprend presque
exclusivemeait des paysans et des petits bourgeois. Les
écoles nationales manquent absolument et l'analphabé-
tisme y est général. Les couches supérieures du peuple
sont aux trois, quarts dénationalisées ; le bas peuple
étouffe dans l'igorance. La situation économique qui en
découle est déplorable et le gouvernement hongrois cher-
che en vain à réagir contre cet état de choses.
22
Dans la Bàukovine, les Ukrainiens, au nombre de plus
de 300,000 (38 % de la population totale du pays) habi-
tent un territoire de 5000 km* situé en grande partie dans
la région montagneuse du pays. Ils sont établis dans les
districts de Zastavna (80 %), de Vachkivtzi (83 %), de
Vyjnytzia (78 %), de Kitzman (87 %) et de Tchernivtzi
(55 %), dans la moitié du district de Seret (42 %), un
tiers de celui de Storojynetz (26 %), ainsi que dans des
régions des districts de Kimpoloung, Radaoutz et Sout-
chava. Outre, des Allemands, des Roumains, des Armé-
niens et des Polonais, de nombreux Juifs se sont établis
isolément au milieu de la population ukrainienne. Le
degré d*instruction des Ukrainiens de Boukovine est iti-
finement supérieur à celui des Ukrainiens de Hongrie.
Leur situation économique est aussi bien meilleure. Une
classe cultivée nombreuse, issue des populations des cam-
pagnes a pris la direction des masses populaires pour la
lutte politique et économique.
En Galicie (78,500 km^ 8 millions d'habitants), les
Ukrainiens au nombre de 3,210,000 soit le 40 % de la
population totale (dont 59 % de Polonais et 1 % d'Alle-
mands), occupent un territoire à forte densité de 56,000
km^ sur lequel ils forment le 59 % de la population. Ces
chiffres sont empruntés à la statistique de 1910. Ce docu-
ment est un exemple de partialité probablement unique
dans les annales des états civilisés d'Europe. On a non
seulement déclaré Polonais tous les Juifs (parlant un jar-
gon allemand) mais encore tous les Ukrainiens de con-
fession catholique-romaine dont on compte plus de
500,000 en Galicie orientale, ainsi que 170,000 Ukrainiens
authentiques, catholiques-grecs. Si au lieu de nous baser
sur la statistique de la langue usitée, nous considérons
celle des confessions, qui du reste n'est pas exempte
23
d'erreurs non plus, nous obtenons 3,380,000 (42 %) d'U-
krainiens catholiques-grecs, 3,730,000 (47 %) de Polonais
catholiques-romains et 870,000 (11 %) de Juifs, D'a-
près la confession, la Galicie orientale compterait
ainsi 62 % d'Ukrainiens, plus de 25 % (1,350,000) de Po-
lonais et plus de 12 % (660,000) Juifs). Du reste, d'après
les recherches de Okhrymovytch, le nombre des Ukrai-
niens doit être porté à 3,500,000 et à 4,000,000 en y ajou-
tant les catholiques-romains de la Galicie orientale. Nous
conserverons néanmoins le chiffre inférieur de 3,380,000.
Par contre, dans l'aperçu qui va suivre nous nous base-
rons sur les chiffres beaucoup plus sincères du recense-
ment de 1900. Ce sont les districts des Carpathes de
Tourka, de Stary Sam<bir, de Kossiv, de Petchenijyn, et
les districts sub-carpathiques de Bohorodtchany, de Ka-
louche, de Jydatchyv, les districts pokoutiques de Snia-
tin et de Horodenka, ainsi que ceux de lavoriv dans le
Rostotche, où la population atteint son pourcent le plus
élevé, c'est-à-dire 75—90 % . Ce pourcentage varie entre 67
et 75 % dans les districts de Lisko, Dobromyl, Stryî, Do-
lyna, Nadvima, Tovmatch, Zalistchiky, Borstchiv, Ro-
hatyn, Bîbrka, Jovkva et Rava. Plus du tiers de| la
population (soit 60—66 %) est de nationalité ukrai-
nienne dans les districts de Drohobytch, Sambir, Roudky,
Mostyska, Horodok, Eolomya, Sokal, Kaminka, Brody,
Zbaraje, Zolotchiv, Peremycblany, Berejany, Pidhaïtzi,
Tchortkiv et Houssiatyn. 50—60 % d'Ukrainiens résident
dans les districts de Tchessaniv, de Peremychl, Sanik,
Tamopil, Skalat,i Terebovla, Boutohatch et Stanislaviv.
Il n'y a que deux districts, où le pourcentage descende
au-dessous de 50 %, ce sont ceux de Lemberg 49 % et de
laroslav 41 %. Dans la ville de Lemberg, les Ukrainiens
ne forment qu'un cinquième de la population ; ils ne
24
sont pas aussi nombreux dans les autres villes impor-
tantes de la Galicie orientale. Il s*en suit que les pour-
centages généraux sont défavorablement influencés dans
les districts lorsqu'on y fait intervenir la population des
villes. Au surplus, les villes de la Galicie orientale sont
peuplées en majorité de Juifs et de Polonais qui devien-
nent par le fait des foyers de polonisation très intenses.
Ce n'est que dans les tous derniers temps, que la pro-
portion des Ukrainiens tend à augmenter dans les villes
de la Galicie orientale, ensuite de l'afflux toujours crois-
sant de la population ukrainienne des campagnes. Par
contre dans les 50 petites villes de la Galicie orientale là
population ukrainienne dépasse la majorité absolue, par
exemple lavoriv, Horodenka, Tysmenytzia.
En Galicie occidentale, un seul district a plus de 25 %
d'Ukrainiens (celui de Gorlice), les quatre autres (laslo,
Neu-Sandez, Krosno, Hrybiv) n'en comptent que
10—20%.
La population ukrainienne de la Galicie se compose
pour les neuf dixièmes de paysans et de petits bourgeois.
Ici comme en Boukovine il s'est trouvé issue de cette
population, une classe sociale cultivée qui a pris en mains
l'éducation politique et économique des populations.
C'est une des raisons pour lesquelles les convictions na-
tionales des Ukrainiens de Galicie ont atteint un degré
supérieur.
Les peuples de l'Ukraine.
Dans rancien Etat russe, les Ukrainiens avaient
formé un noyau d'environ 775,000 km*. L'étendue
réelle dé ce territoire ne sera déterminée exacte-
ment que lorsque nous pourrons disposer d'une carte
ethnographique exacte de l'Ukraine. Jusqu'alors l'éten-
due des territoires partiellement ukrainiens ne pourra
être estimée que d'une manière approximative.
Les données statistiques qui vont suivre sont emprun-
tées aux estimations de 1910 et le pourcentage des Ukrai-
niens au recensement de 1897. Les Pyntchouks du gou-
vernement de Minsk seuls, ont été, de l'avis de tous les
ethnographes russes et non russes, comptés avec les
Ukrainiens, lors même que la statistique officielle les dé-
signe comme Blancs^Ruthènes.
Nous allons commencer par les territoires frontières
occidentaux du gouvern^nent de Kholm qui a été
organisé récemment par le gouvernement russe comme
gouvernement indépendant séparé de la Pologne
russe et qui comprend les arrondissements orientaux des
gouvernements de Lid)lin et de Siedletz. Dans le gouver-
nement de LubUn (16,800 km^ 1,500,000 habitants) les
Ukrainiens forment le 17 % de la population (250,000),
dans le gouvernement de Siedletz, le 14 % (140,000). Le
territoire habité par des Ukrainiens atteint dans les deux
gouvernements ensenAle 10,000 km^ Les Polonais et les
Juifs, dans le pays de Kholm, n'habitent pas seulement
les villes, mais encore assez fréquemment les villages et
forment dans le voisinage de la limite occidentale de
l'Ukraine des pourcentages assez considérables. Les
taux pourcentuels des Ukrainiens et des Polonais (entre
26
parenthèses) s'élèvent dans les arrondissements du gouver-
nement de Lublin comme suit : Hroubechiv 66 (24), To-
machiv 52 (37), Kholm 38 (38), Bilhoraï 22 (68), Zamo-
stie 9 (83), Krasnostav 6 {83) ; dans les arrondissements
du gouvernement de Siedletz: Vlodava 64 (20), Bila 48 (38),
Konstantyniv 22 (55), Radyn 5 (87). Les Juifs forment
dans les arrondissements 5—13 % de la population, les
Allemands dans Tarrondissement de Kholm 14 %. La po-
pulation des Ukrainiens dans les villes généralement po-
lono-juives, est assez considérable; à Hroubechiv, par
exemple, ils ont la majorité.
Dans l'arrondissement de Grodno (38,600 km*,
1,950,000 habitants) les Ukrainiens forment ie 23 % de
la population et habitent les arrondissements de : Bere-^
stîe (81 % d'Ukrainiens), Kobryn (83 %), Bilsk (42 %,
majorité relative) et la zone frontière de Proujany (7%),
en tout 14,000 km* avec une population ukrainienne de
440,000 âmes. Les Polonais et les Blancs-Ruthènes for-
ment dans les deux premiers arrondissements 2—3 % de
la population, les Polonais les 37 % dans l'arrondissement
de Bilsk, les BlancsJluthènes le 79 % dans l'arrondisse-
ment de Proujany et les Juifs 9—11 % dans la totalité dés
arrondissements.
Dans le gouvernement de Minsk (91,000 km*, 2,800,000
habitants) les Ukrainiens (Pyntchouks) représentent le
14 % de la population. Ils habitent tout l'arrondissement
de Pynsk et la moitié du territoire de Mozyr, situé le
long de la rivière Prypiat, au total 17,000 km* avec une
population ukrainienne de 390,000 âmes.
Le gouvernement de Volhynie (71,700 km*,
3,850,000 habitants) est un territoire ukrainien propre-
ment dit. Les Ukrainiens (2,700,000), ici représentent
27
plus du 70 % de la population» les Juifs le 13 % , les Polo-
nais le 6 %, les Allemands le 6 %, les Russes le 3 % et
les Tchèques le 1 %• Cette population étrangère vit dis-
séminée ou en colonies, principalement dans les villes,
où partout (saul à Kreïnianetz), elle est plus nombreuse
que celle des Ukrainiens. Les pourcentages d'Ukrainiens
sont très élevés dans les arrondissements de Volhynie ;
ils représentent : 86 % dans celui de Kovel, 87 % dans ce-
lui de Ovroutch, 85 % dans celui d'Ostroh, 82 % dans
celui de Zaslav, 84 % dans celui del Kremianetz, 80 %
dans celui de Starokonstantiniv. Les arrondissements
suivants accusent un pourcentage plus faible : Jitomir
73 %, Doubno 73 %, Volodymyr Volynsky 68 %, Rivne
65 %, Loutzk 62 %.
Dans le gouvernement de Kiev (51,000 km^ 4,570,000
habitants), les Ukrainiens représentent plus de 79 %
(3,620,000) de la population. Ce pourcentage peu élevé
résulte du fait qu'il a été tenu compte dans le calcul, de
la population des villes, dans lesquelles les Juifs et les
«Russes» forment la majorité. Dans les arrondissements
de Tchyhyryn, de Zvenyhorodka, de Ouman, de Ta-
rachtcha, par exemple, le pourcentage des Ukrainiens dé-
passe le 90%, à Radomysl le 80%. L'élément étranger
principal est formé par les Juifs (12 %), les Russes (plus
de 6 %) et les Polonais (2 %). — Les villes de Vassyl-
kiv, Kaniv, Tarachtcha, Zvenyhorodka et Tchyhyryn ont
une majorité absolue d'Ukrainiens. Les Juifs par contre
dominent à Berdytchiv, Tcherkassy, Ouman, Lypovetz,
Skvyra et Radomysl.
Dans le gouvernement de Podolie (42,000 km\
3,740,000 habitants) les Ukrainiens (3,030,000) re-
présentent plus du 81 % de la population. Dans certains
arrondissements ce pourcentage est encore plus élevé.
28
par exemple dans celui de Mohyliv 89*%. Les éléments
étrangers prédominants sont : les Juifs (12 %), les Rus-
ses (3 %) et les Polonais (2 %), qui habitent surtout les
villes. Seules les petites viHes podolîennes, telles que
Olhopil, Yampil, Stara Ouchytzia, Khmelnyk ont une
majorité ukrainienne. A Haïssyn, Vynnytzia, Lityn et Bar
les populations ukrainiennes et juives se balancent, à
Kamianetz, Balta, Bratzlav, Letytchiv, Mohyliv, Pros-
kouriv, au contraire, la population juive prédomine à
son tour.
Le gouvernement de Kherson (71,000km% 3,450,000
habitants) appartient comme les trois derniers que nous
venons d'énumérer au territoire national ukrainien cen-
tral, lors même que la population du territoire paraît
plus mélangée. Les Ukrainiens (1,640,000) ne représentent
ici guère plus que le 54 % de la population. Les causes
doivent en être attribuées tout d'abord à la présence des
grandes villes du gouvernement dans lesquelles les Juifs
et les Russes sont en majorité, puis ensuite à l'existence de
nombreuses colonies roumaines, allemandes et bulgares.
Néanmoins les Ukrainiens représentent la majorité abso-
lue par exemple dans les arrondissements d'Olexandria
(88%), de Elysavet (73%), de Kherson (70%), d'Ananiïv
(63%) et la majorité relative dans ceux d'Odessa (47%),
Tyraspil (38%). Les Russes représentent plus du 21% delà
population, les Juifs le 12%, les Roumains plus du 5%
(arrondissemient de Tyraspil 27%), les Allemands environ
5 % , les Bulgares et les Polonais 1 % chacun. Odessa est
très mélangé au point de vue des langues. Les Russes et
les Juifs y prédominent ; les Ukrainiens représentent à
peine le Vu de la population ; en outre, on y rencontre
en plus ou moins grand nombre des Allemands^ des Rou-
mains, des Bulgares, des Polonais, des Grecs, des Fran-
29
çais, des Anglais, des Albanais, etc. A Mikolaîv, les Ukrai-
niens ne représentent que le Via de la population, à IQier-
son le Vo» à Eflysàvet le Y*. Les Ukrainiens dépassent en
nombre celui des Russes dans les villes suivantes : 01e-
xandria, Ananiïv, Bobrynetz, Voznessensk, Olviopil, Ot-
chakiv, Berislav, Doubossary.
Le gouvernement de Bessarabie (46,000 km^ 2,440,000
habitants) n'appartient au territoire national ukrainien
que dans son extrémité nord-ouest et sur le littoral. Les
Ukrainiens (460,000), représentent à peine le 20 % de
la population du pays dont la majorité est roumaine
Le territoire habité per les Ukrainiens atteint une
superficie de 10,000 km^ Les Ukrainiens ne pré-
dominent que dans l'arrondissement de Khotyn (56 %),
où Ton compte en outre 25 % de Roumains et 13 % de
Juifs. Dans l'arrondissement d'Akkerman, les Ukrainiens
représentent le 24 % de la population, les Bulgares exac-
tement la même proportion, les Allemands et les Rou-
mains 18 % chacun, les Turcs 4 %. Les Ukrainiens colo-
nisent sur les bords de la mer et du Dnistr. Dans l'ar-
rondissement d'Ismaïl il y a 17 % d'Ukrainiens, 47 % de
Roumains, 11 % de Bulgares, 9 % de Turcs, 3 % d'Alle-
mands ; dans l'arrondissement de Soroky 17 % d'Ukrai-
niens, 67 % de Roumains et 11 % de Juifs. Dans les au-
tres arrondissements de Bessarabie, les Ukrainiens sont
encore en bien plus petit nombre, par exemple dans
l'arrondissement . de Biltzi 12 %, dans celui de Bendery
9 %, d'Orhyïv 6 %, Kychyniv 2 %. Dans les villes, ce sont
toujours les Juifs, les Russes et les Roumains qui prédo-
minent. A Akkerman seulement les Ukrainiens ont la
majorité absolue, à Ismaîl et Kilia ils atteignent la ma-
jorité relative.
Nous allons commencer notre aperçu de l'IJkraine,
30
de la rive ^uche du Dnipr, par les territoires frontières,
pour passer ensuite à ceux du cœur du pays.
Dans le gouvernement de Koursk^ les Ukrainiens
(670,000) représentent plus du 22% de la population ; ils
habitent les arrondissements de Poutyvl (55%), Hraïvoron
(61 %), Novooskol (56 %) et les portions méridionales
de Soudja (44%), Rylsk (33%), Korotcha (35%), Bil-
horod (24 %). Ils sont, en outre, répartis en des îlots de
langues plus ou moins grands, disséminés dans les arron-
dissements d'Oboïan (12 %), Stary Oskol (9 %) et Lliov
(5 %)* La superficie totale du noyau ukrainien central
dans le gouvernement de Koursk . peut être évaluée
à 12,000 km^ Les seuls voisins et cohabitants sont des
Russes également en majorité dans la plupart des villes
du territoire ukrainien pur. Le gouvernement de Koursk
compte cependant aussi un certain nombre de villes
ukrainiennes. Myropile a 98% d'Ukrainiens, Soudja 65%,
Graïvoron et Korotcha sont à demi ukrainiennes.
, Dans le gouvernement qui suit, celui de Voronije
(65,000 km^ 3,360,000 habitants), les Ukrainiens habitent
les arrondissements d'Ostrohojsk (94 %), Bohoutchar
(83 %), Byrioutch (70 %), Valouïky (53 %) et les portions
méridionales de Pavlovsk (43 %), Bobrovsk (17 %), Ko-
rotoïak (17 %), Novokhopersk (16 %). Des îlots sen ren-
contrent surtout dans l'arrondissement de Zemlîansfc
(4 %). Le pourcentage général des Ukrainiens dans le
gouvernement de Voronije est de 36 %, leur nombre de
1,210,000, la superficie habitée 29,000 km^ Les seuls voi-
sins des Ukrainiens sont ici les Russes qui forment
la majorité dans les villes. Les Ukrainiens prédominent
à Byrioutch, Bohoutchar, Ostrojsk.
Dans le pays des Cosaques du Don (164,000
km^ 3,500,000 habitants) les conditions de colonisation
31
des Ukrainiens sont à peu près semblables à celles de
Koursk ou de Voronije. Dans ces gouvernements, les terr
ritoires/ ukrainiens étaient contigus aux territoires du
centre de Poltava ou de Kharkiv. Ici de même, les por-
tions ukrainiennes du Don confinent aux territoires cen-
traux de Kharkov et du gouvernement de Katerinoslav.
Les Ukrainiens (980,000) représentent le 28% de la popu-
lation du territoire du Don et habitent une superficie de
45,000 km^ C'est dans les arrondissements méridionaux
de Takhanroh (69 %), de Rostiv (52%), dans la moitié oc-
cidentale de l'arrondissement du Donetz (40%) que les
Ukrainiens ont les colonies les plus denses. La statistique
accuse beaucoup moins d'Ukrainiens dans les arrondis-
sements de Tcherkask (23 %) et de Sal (31 %). Dans les
arrondissements du Don I (12%), du Don II (4%) d'Ust-
Medveditzk (11 %), de Khoper (7 %), les colonies ukrai-
niennes forment des îles avancées au milieu des popula^
tions russes. Dans l'arrondissement de Sal ce sont les Kal-
mukes (39%) qui ont la majorité relative, à part cela il n'y
a que des Russes pour voisins. Mais ces indications ne sont
pas toujours exemptes d'erreurs. H est depuis long-
temps parfaitement établi que les Cosaques du Don Jn-
férieur sont en grande majorité Ukrainiens. Et cepen-
dant, le recensement officiel de 1897 nous révèle que pas
un Cosaque du Don n'a été attribué à la nationalité ukrai-
nienne. Dans les villes du territoire du Don, le nombre
des Ukrainiens n'est pas élevé, par exemple à Rostiv, il
ne dépasse guère le cinquième. Seule la ville d'Asov est
en majorité ukrainienne.
Le territoire de Kouban (92,000 km^ 2,630,000 habi-
tants) a une majorité relative ukrainienne (plus de
47 % = 1,250,000) outre 44 % de «Russes» et 9 % de peu-
ples caucasiens.
32
Le territoire ukrainien pur de ce pays représente une
superficie de 56,000 km*. Parmi les arrondissements, trois
ont une majorité ukrainienne, Yeïsk (81 »), Teniruk
(79 %), Katerynodar (57 % d'Ukrainiens, 27 % de Rus-
ses, 11 % de Circassiens). Dans l'arrondissement du Cau-
case, il y a 47 » d'Ukrainiens et autant de Russes, dans
celui de Maïkop, 31 % d'Ukrainiens, 58 % de Russes, 6 %
de Circassiens, 2 % de Kabardins ; dians l'arrondissement
de Labinsk, 20% d'Ukrainiens, 77% de Russes; dans l'ar-
rondissement de fiataipachynsk, 28% d'Ukrainiens, 39%
de Russes, 13% deKaratohaï, 5% d'Abkhasi, 4% de Kabar-
dins, 3% de Nogaï et 2% de Circas^ens. Il y a lieu de re-
marquer à ce propos que peut-être nulle part ailleurs on
n'a compté, lors du recensement, autant d'Ukrainiens
parmi les Russes, que précisément dans ces régions du
Caucase. En conséquence, il est permis d'envisager tout
le territoire de Kouban comme ukrainien, sauf la partie
montagneuse.
Dans le gouvernement de Stavropil (60,000 km*,
1,230,000 habitants) les Ukrainiens représentent à peu
près le 37 % de la population (450,000). Us habitent un
territoire d'une superficie d'environ 22,000 km* dans la
partie occidentale et méridionale du gouvernement, où
commence la limite de la colonie ukrainienne qui atteint
la mer Caspienne. L'arrondissement de Medveja compte
48 % d'Ukrainiens (dans l'ouest), celui de Stavropil 13 %
(à l'extrême sud), celui de Olexandrivsk 40%, celui de
Novogeorgîvsk 54 % (principalement dans la moitié mé-
ridionale). Leurs voisins, dans ces régions, sont des Rus-
ses et des Nogaï. .
Dans le territoire de Terek (69,000 km% 1,183,000 ha-
bitants) les Ukrainiens ne représentent officiellement que
33
le 5% de la population (50,000), alors qu'il est notoire ^ue
la majeure partie des cosaques du Terek sont de natio-
nalité ukrainienne. Seul l'arrondissement de Piatyhorsk
accuse un pourcentage plus élevé (14 %), en dehors de
cela, les Ukrainiens sont réunis dans un étroit secteur de
colonisation allant jusqu'à la Mer Caspienne. Dans le
territoire du Terek le 29 % de la population est représenté
par les Russes, tandis que la majorité absolue appar-
tient à une série de tribus caucasiennes (Kabardins, Ta-
tares, Ossètines, Ingoudies, Tchétchènes, Koumikes,
Nogaîs).
Le petit gouvernement de la Mer-Noire (7000 km^,
130,000 habitants) ne représente que 16 % d'Ukrainiens,
qui, au nombre de 10,000 environ, colonisent la partie
nord-ouest de la très vaste région côtière. Dans l'ar-
rondissement du Touapsé on compte 27 % d'Ukrainiens,
20 % dans celui de Novorossiisk et 8 % dans celui de
Sotchi. Les voisins, ne formant du reste nulle part une
majorité absolue, sont des Russes, des Arméniens, des
Circassiens, des Grecs et des Turcs.
Le territoire frontière le plus important de l'Ukraine
sud est sans contredit le g<iuvemement de Tauride (60,000
km^, 1,880,000 habitants). C'est là que les Ukrainiens re-
présentent la majorité relative de la population (42 % =
790,000) à côté de 28 % de Russes, 13 % de Tatares de
Crimée, plus de 5 % d'Allemands, environ 5 % de Juifs,
environ 3 % de Bulgares et 1 % d'Arméniens. Les Ukrai-
niens sont en majorité absolue dans les arrondissements
de Dniprovsk (76%), Berdiansk (64%) et Melitopil
(57 %) et ont des minorités importantes dans les arron-
dissements à'Eupatoria (27 %) et Perekop (24 %), dont
ils habitent la partie septentrionale. Toute la partie con-
tinentale du gouvernement, ainsi que la partie septentrio-
34
nale de la presqu'île de la Crimée appartiennent dès lors
sans contredit au territoire national ukrainien central
tandis que la population ukrainienne dans les territoires
méridionaux de la Crimée est beaucoup plus fai-
ble (arrondissements : Theodosia 13 % , Simf eropol 10 % ,
Yalta 2 %). Les étrangers en Tauride sont surtout repré-
sentés par des Russes (Dniprovsk 16 %, Melitopîl 32 %,
Berdiansk 18%, Perekop 24%, Eupatoria 17% et par
les Tatares (Yalta 71 %, Symferopil 51 %, Theodosia
45 %, Eupatoria 40 %, Perekop 24 %). Toutefois, dans
la mesure, où les Tatares émigrent en Turquie, le terri-
toire de colonisation des Ukrainiens et le nombre de ces
derniers vont grandissant de plus en plus, de sorte que
lo moment où l'élément ukrainien aura conquis toute la
presqu'île de la Crimée pour son territoire national, ne
paraît plus très éloigné. En outre, on peut avoir des dou-
tes assez sérieux relatifs à rautenticité de la population
russe indiquée par la statistique, car la carte géographique
de Rîttich de 1878 ne mentionne pour ainsi dire pas
d'Ukrainiens en Tauride et désigne même les régions con-
tinentales de ce pays comme étant russes. 20 ans plus
tard on publie les chiffres de la statistique officielle que
nous venons de citer, on peut donc, en toute conscience
considérer le gouvernement de Tauride, où l'on parle
tout entier, comme iin territoire ukrainien en forte pro-
portion de langues étrangères. Les Allemands se placent en
tête parmi les colons étrangers de cette région. Ils repré-
sentent le 24 % dans l'arrondissement de Perekop, le
12 % dans celui d'Eupatoria, le 8 % dans celui de Ber-
diansk et dans celui de Melitopil. Dans l'arrondissement
de Berdiansk, il y a 10 % de Bulgares»
A la suite de ces territoires frontières, viennent les
35
quatre territoires continentaux situés sur la rive gauche
du Dnipr.
Dans le gouvernement de Katerynoslav (63,000 km*
3,060,000 habitants) les Ukrainiens représentent avec
2,110,000 habitants les 69% de la population totale, à
côté de 17 % de Russes, 5 % de Juifs^ 4 % d'Allemands,
2% de Grecs et 1% de Tatares, de Blancs-Ruthènes et de
Polonais chacun. Quelques-uns de ces arrondissements
accusent des pourcentages d'Ukrainiens très élevés, par
exemple Novomoskovsk 94 % , Verknodniprovsk 91 % ,
Olexandrivsk 86 %, Pavlohrad 83 %. Dans les grandes
villes, le nombre des éléments étrangers est très fort. Il
s'en suit que, par exemple, l'arrondissement de Katery-
noslay qui compte 74 % d'Ukrainiens, n'en accuse plus
que 56%, quand on y fait rentrer. Il reste alors la ville,
21% de Russes, 13% de Juifs, 6% d'Allemands, 2% de Po-
lonais. Les plus petits pourcentages d'Ukrainiens se ren-
Hcontrent dans les arrondissements sud-est du territoire,
où il existe des colonies populeuses d'éléments étrangers;
c'est ainsi que l'arrondissement de Bakhmout, par exem-
ple, a 58 % d'Ukrainiens .à côté de 32 % de Russes ; celui
de Slavîanosserbsk 55 % d'Ukrainiens à côté de 42 % de
Russes ; l'arrondissement de Marioupil 51 % d'Ukrai-
niens à côté de 20 % de Grecs. Dans la ville de Katery-
noslav, les Ukrainiens représentent à peine le septième
de la population, par contre, ils dépassent de beaucoup
<îelle des Russes à Olexandrivsk, Verkhnedniprovsk, No-
vomoskovsk et Bakhmout et sont en nombre égal à
ceux-ci à Slaviansk et Pavlohrad.
Dans le gouvernement de Kharkiv (54,000 km*,
^,250,000 habitants), les Ukrainiens représentent le 70 %
de la population totale {2,275,000) formant un îlot de
langues au milieu du territoire ukrainien. Les pourcenta-
36
ges relatifs aux Ukrainiens varient considérablement d'un
arrondissement à l'autre, par suite d'une colonisation
russe (28 %) assez important, !Zmiïv 66 %, Vov-
tchansk 75 %, Starobilsk 84 %, Koupiansk 87%). Par con-
tre, nous constatons (pour la première fois) un fait cu-
rieux, à savoir que dans les villes d'arrondissements les
Ukrainiens sont supérieurs en nombre aux Russes. Ce
n'est qu'au chef-lieu, Kharkiv, qu'Us sont en minorité et
ne représentent guère que le quart de la population.
Le gouvernement de Poltava (50,000 km^ 3,580,000
habitants) peut être considéré comme le cœur de l'U-
kraine. Ici les Ukrainiens représentent les 95 % de la po-
pulation (3,410,000) à côté de 4 % de Juifs et de 1 ^ de
Russes. Les pourcentages varient d'un arrondissement à
l'autre entre 88 % (Konstantynohrad) et 99 % (Zinkiv).
Les Russes et les Juifs habitent surtout les villes où ils
cèdent progressivement le pas aux Ukrainiens, à l'excep-
tion de la ville de Kremintchouk où les Juifs sont en ma-
jorité.
Dans le gouvernement de Tchemyhiv (52,000 km*,
2,980,000 habitants) les Ukrainiens représentent le 86 %
de la population (2,450,000) à côté de 5 % de Blancs-*Ru-
thènes, 5 % de Juifs et 4 % de Russes. A l'exception des
arrondissements septentrionaux : Souraje (Ukrainiens
19 %, Blancs-Ruthènes 67 %, Russes 11 %), Novozybkîv
(Ukrainiens 66 %, Russes 30 %, Blancs-Ruthènes 2 %) et
Starodoub (Ukrainiens 75 %, Russes 22 %), tous les au-
tres arrondissements accusent de 88 % (Horodnia), à
99 % (Krolevetz) d'Ukrainiens. Toutes les villes d'arron-
dissement, à l'exception de Novozybkiv, Starodoub, Sou-
raje et IVDilyn, ont une majorité ukrainienne absolue; dans
la capitale Tchemyhiv, cette majorité n'est que relative.
Ainsi, le territorial national central à l'intérieur
37
de la Russie comporte environ 28 V2 millions
d'habitants. Ne sont pas compris dans le calcul,
les Ukrainiens des gouvernements d'Astrakhan (190,000),
Saratov (220,000); Samara (150,000), Orenbourg (50,000),
ni les Ukrainiens de tous les territoires asiatiques
russes dont le nombre de 500,000 ne paraît pas être exa-
géré. Nous pouvons, par conséqueait, estimer la popula-
tion totale des Ukrainiens dans tout Tempire universel
russe à 29 V2 millions.
Ce chiffre a été déterminé après triage et critique du
matériel statistique de différentes unités administratives
russes. Il correspond de façon frappante au chiffre qu'on
peut déterminer d'ime façon tout à fait différente
et générale. En 1897, le nombre des Ukrainîelis dans
l'empire russe ascendait à 22,400,000 soit 17,4% de la
population totale de 129 millions. Si nous appliquons le
même taux à l'estimation de 1910, nous obtenons (en
nous basant sur une population totale de 166 millions),
28,900,000 Ukrainiens. En y ajoutant les Pyntchouks
(390,000) qui dans la statistique officielle avaient
été, par erreur, comptés avec les Blancs-Ruthènes, nous
obtenons pour les Ukrainiens de Russie (1910) le nombre
de 29,300,000.
En faisant le total des Ukrainiens de l'Univers
entier, nous obtenons pour 1910 un chiffre de 34,500,000,
dont 32,700,000 dans le territoire ukrainien central.
Ce chiffre est un minimum, car en l'établissant on n'a
pas tenu compte des erreurs tendancieuses de la statis-
tique officielle. Néanmoins et malgré tout, ce chiffre nous
indique clairement que les Ukrainiens occupent, le 6me
rang parmi les nations d'Europe. Ils arrivent après les
Russes, les Anglais, les Allemands, les. Français et les
38
Italiens. Panni les nations slaves, ils occupent le 2ème
rang.
Nous essaierons de démontrer dans les chapitres sui-
vants, comment cette grande force du nombre de la na-
tion ukrainienne peut être mise en rapport avec sa fai-
blesse politique et économique simultanée. Et mainte-
nant examinons rapidement la densité de la population
de l'Ukraine.
Le territoire national central de la nation ukrainienne,
d'une superficie totale de 850,000 km* est habité (1910)
en chiffres ronds par 45 millions d'âmes. D'après les in-
dications officielles les 73 % en seraient Ukrainiens. La
densité générale de la population est par conséquent plus
de 53 habitants par km*. L'Ukraine forme ainsi la transi-
tion entre les pays à population très dense de l'Europe
occidentale et ceux de l'Orient-nord où la population
est très clairsemée. Cette transition peut aussi être cons-
tatée à l'intérieur même du pays. Les territoires frontières
de l'occident sont ceux dont la population est la plus
dense. La Galicie a une densité de 102, le gouvernement
de Lublin de 90, le gouvernement de Kiev de 90, celui de
Podolîe de 89, celui de la Boukovine de 77, celui de Pol-
tava de 72. Nous avons ainsi une large zone de popu-
lation dense, s'étendant le long du 50me degré de lat.
depuis les Carpathes jusqu'au delà du Dnipr. Au nord
la première zone s'étend moins dense: Siedletz 69, Grodno
51, Minsk 31, Volhynie 54, Tchemyhiv 57, Koursk 65,
Voronije 51. Au sud de la zone la plus dense, on en
trouve une deuxième qu'il est moins : c'est la Bessarabie
53, Kherson 49, Tauride 31, Katerinoslav 48. Les plus
faibles en densité sont les territoires frontières orientaux
Kouban 28, Don et Stavropil 21 chacun, Tchomomoria
et Terek 17 chacun.
39
A rîntérîeur de ces grands territoires, la densité va-
rie également dans de fortes proportions parfois deux
districts ou arrondissements à densité très différente sont
situés très près l'un de l'autre. La plupart du temps toute-
fois ces différences ne sont qu'apparentes et proviennent
du fait qu'on a tenu compte de la population des villes.
C'est ainsi que la densité considérable des districts de
Stanislaviv (184), Tarnopil (161), Peremychl (160, Ko-
lomya (156) doit être attribuée à la présence des villes
très populeuses du même nom« Voilà aussi pourquoi le
district de Sniatyn (147) parait avoir une population très
dense, par le fait du peu d'importance de la ville de dis-
trict. La densité moyenne de la Galicie orientale ukrai-
nienne n'est que de 98 ; dans les districts montagneux de
Dolyna et de Kossiv elle atteint à peine 45. Nous rencon-
trons les mêmes phénomènes dans l'Ukraine russe. L'ar-
rondissement de Kharkiv a une densité de 164 ha-
bitants par verste carrée, l'arrondissement de Kiev
une densité de 152. Si toutefois nous ne tenons compte que
de la population des campagnes, ces chiffres descendent
respectivement à 81 et 75. C'est la raison pour laquelle
Tarrondissement de Kaniv avec ses 117 habitants par
verste carrée, apparaît comme étant l'arrondissement le
plus habité de toute l'Ukraine russe. Il est à remarquer
que nous n'avons pas compté les habitants de la ville.
Toute une série d'arrondissements, celui de Podolie, de
Kiev, de Poltava, de Kharkiv, de la Volhynîe méridionale
(sans les villes) atteignent une densité de 75—100 par
verste carrée, d'autres arrondissements du même terri-
toire varient entre 50 et 75. Dans les forêts marécageu-
ses de l'Ukraine septentrionale, la densité fléchit très ra-
pidement L'arrondissement de Ovroutch dans la Vol-
hynie septentrionale n'atteint que la limite de 29, et les
40
arrondissements de Pinsk et Mozyr, respectivement 26
et 17. De même les territoires des steppes de lUkraine
méridionale» sont» par endroits, très peu peuplés. La den-
sité de la plupart des arrondissements de lUkraine mé-
ridionale oscille entre 30 et 50.
Nous voyons par ces chiffres qu'au point de vue
de la densité de la population» l'Ukraine est un véritable
pays oriental d'Europe. En comparant sa densité avec
celle de l'ancien empire russe» ou seulement avec celle
de la Russie d'Europe» nous devons reconnaître qu'après
la Pologne, l'Ukraine représente la partie la plus popu-
leuse du gigantesque empire russe. Même les territoires
frontières du sud-est de l'Ukraine les moins denses ont
une densité supérieure à la moyenne de la Russie {25 par
km*) A peu de chose près, 4e quart de l'énorme réser-
voir humain de l'ancien empire de Russie se trouve con-
centré sur le territoire ukrainien.
La statistique officielle» surtout dans les villes à été
«faite» d'une façon très désavantageuse pour l'élément
ukrainien» mais néanmoins elle montre à l'évidence que
le peuple ukrainien persistant à demeurer dans son état
agrarien a abandonné aux étrangers les centres de la vie
culturelle et scientifique que sont les villes. Ces derniers
temps seulement, ces conditions tendent à s'améliorer.
Les villes de langue étrangère commencent à s'ukraini-
ser. Les pourcentages ukrainiens toujours croissants des
villes de Galicie et de l'Ukraine nous autorisent à nour-
rir l'espoir que l'élément ukrainien, dans son extension
progressive et son forte immigration des régions environ-
nantes parviendra peu à peu à absorber les éléments de
langues étrangères qui dominent actuellement dans les
villes.
Caractéristiques anthropologiques
des Ukrainiens.
Uanthropalogie est une science relativement jeune.
Un siècle à peine nous sépare de ses origines. Alors que
les matériaux rassemblés par la science anthropologique
peuvent paraître nombreux et considérables à quel-
ques-uns, ils sont cependant en nombre limité
et, ce qui est plus important, ils sont irrégulièrement ré-
partis. Certaines races et certains peuples ne sont connus
que par un nombre très limité de mensurations, tandis
que d'autres ont déjà fourni les données d'une quantité
d'expériences à la science anthropologique. Il en resuite
que cette science n'est pas encore en possession
de connaissances exactes et de précisions incontestables
au sujet d'un certain nombre de races différentes. Même
en Europe, où les recherches anthropologiques se sont
étendues au plus grand nombre d'individus possible, la
répartition des différentes caractéristiques anthropolo-
giques des races a été jusqu'à ces derniers temps parti-
culièrement difficile à expliquer et à saisir. Ce n'est qu'à
la suite des importants travaux de Deniker, de Hamy et
d'autres qu'il fut possible de classer la population euro-
péenne en un certain nombre de races anthropologiques.
Il n'existe nulle part un peuple pur-sang dont tous
les individus accusent des caractères identiques. On
chercherait en vain, même dans les coins les plus recu-
lés du globe, un tribu, si petite fût-elle, pouvant pré-
tendre être pur-sang. Les peuples, les plus civilisés de la
terre sont dans leur généralité des peuples à sang plus ou
moins mêlé ; ils ne possèdent pas le type anthropolo-
gique conforme à l'unité. C'est surtout le cas des nations
42
cultivées de l'Europe centrale et occidentale : des Fran-
çais, des Anglais» des Elspagnols» des Italiens, des Alle-
mands. Des croisements continuels, prouvés par l'his-
toire, ont effacé chez ces peuples cultivés les caractéris-
tiques anthropologiques de l'origine. Il n'y a, par con-
séquent, pas lieu de s'étonner si, en présence de ces
exemples visibles, l'anthropogéographie ait pour ainsi
dire renoncé à trouver des caractéristiques anthropolo-
giques à chaque nation.
Toutefois les problèmes anthropogéographiques de
l'Europe orientale doivent être envisagés de tout autre
manière. Les scrupules de la science anthropologique ne
peuvent subsister. Il faut une échelle différente pour éva-
luer les conditions physicogéographiques de l'Europe
centrale et occidentale et ceDes des peuples de l'Orient.
Là-bas c'est la diversité qui pousse, ici c'est l'uni-
formité. La diversité anthropologique des pays oc-
cidentaux devra céder le pas à l'uniformité orien-
tale. Quoique pays de plaine sans grands obsta-
cles naturels, l'Ukraine a de tout temps été hostile
à des mélanges de races et n'a jamais aucune maiûère
favorisé le développement de variétés corporelles. Des
croisements étrangers ne se produisent pour ainsi dire
pas. Car les tribus étrangères qui, depuis les temps les
plus reculés de l'histoire ont traversé le territoire de
l'Ukraine ou même celles qui l'ont dominé étaient avant
tout beaucoup trop faibles en nombre pour pouvoir exer-
cer une influence sensible sur le type anthropologique
des Ukrainiennes. Au surplus, ces tribus étrangères, gé-
néralement nomades, pénétraient dans le pays en enne-
mis enragés, de sorte que des relations pacifiques volon-
taires ne se nouaient guère avec elles. La nation
ukrainienne offre donc pour cette raison dans le
43
domaine anthropologique une unité plus complète que
celle de l'Europe occidentale et centrale où, au cours
des siècles, une quantité innombrable de peuples de type
anthropolo^ques différents se sont rencontrés et mélan-
gés. Si donc les données anthropologiques sont de va-
leur douteuse en occident, il en va tout autrement chez
les Ukrainiens ainsi que dans plusieurs autres nations de
l'Europe orientale. En Orient les qualités anthropologi-
ques acquièrent une importance considérable ; elle sont
la caractéristique d'une nation. Il y a plus d'un demi-
siècle déjà, que l'anthropologie s'intéresse à l'Ukraine,
mais les recherches faites furent entreprises sans aucune
méthode. Arbitrairement on choisit des contrées diverses
de l'immense territoire national. Les résultats en furent
contestables. Au XXe siècle seulement on réunit les ma-
tériaux nécessaires à la détermination du type anthropo-
logique ukrainien. Les hommes éminents qui firent des
recherches dans ce domaine sont : Kopemitzki, Prot-
zenko, Welker, Popov, Hyltchenko, Krasnov, Petrov,
Erckert, Emme, Talko-Hr3mcevitch, Diebold, Bilodid,
Anoutchin, Ivanovskî, Vovk et Rakovsky.
Leurs résultats aboutirent à la constatation que les
Ukrainiens sont, comme toutes les autres nations d'Eu-
rope, une race à sang mêlé. Mais la formation de cette
race mélangée s'est produite à une époque fort reculée et
les mélanges subséquents sont de trop peu d'importance
pour avoir pui altérer sensiblement le type de la race
ukrainienne. Ce type a conservé son caractère le plus pur
dans une laiige zone embrassant les territoires ukrainiens
des Garpathes, de la Pokoutie, de la Podolie, du plateau
du Dnipr et de la plaine du Dnipr, du plateau du Donetz
et de pays de Kouban dans le Caucase. A la frontière
ethnographique, les différences anthropologiques sont
44
encore très marquées entre les Ukrainiens et leurs voi-
sins : les Pol(^ais, les Blancs^Ruthènes et les Russes, mais
le type ukrainien y est toutefois moins nettement défini
qu'au centre de la zone principale.
La taille moyenne des Ukrainiens est de 1670 mm. Ils
appartiennent par conséquent aux peuples européens
dont la stature est la plus élevée, et dépassent même de
beaucoup leurs voisins. La taille moyenne des Blancs-Ru-
thènes mesure 1651 mm., celle des Polonais 1654, celle
des Russes 1657. Sur 100 individus ukrainiens, 53 dépas-
sent la moyenne et 47 sont plus petits. Chez les Polonais
et les Russes, cette proportion est respectivement de 51
et 49 %•
Dans les zones principales où règne le type pur de la
race ukrainienne cette moyenne de la taille se maintient.
Ce sont les Ukrainiens de Kouban, dans le Caucase qui
ont la priorité (1701 mm.). Les Ukrainiens koubanais de
cette région sont pour la plupart descendants des Co-
saques de Zaporogue, considérés pendant des siècles
comme la fleur de la force physique du peuple ukrai-
nien. La taille des Houtzoules, celle des Podoliens, des
Volhyniens et des riverains du Driîpr n'est guère moin-
dre, elle atteint 1693 mm. Mais dans la Galicie moyenne,
en Podlachie, dans le Polissie, dans le territoire du Don,
c'est-à-dire dans le voisinage immédiat des Polonais, des
Blancs^Ruthènes et des Russes, la hauteur de la taille di-
minue rapidement. Néanmoins, même dans ces régions,
les Ukrainiens se font remarquer par leur haute stature qui
domine de manière frappante celle de leurs voisins, no-
tamment celle des Russes mêlés d'éléments finnois-mon-
gols de petite taille. Annoutchin appuie sur un fait : par-
tout où le territoire ukrainien s'avance (ne fut-ce que
très légèrement) dans un gouvernement russe, la
45
moyenne de la taille constatée chez les recrues se relève
immédiatement Beaucoup d'Ukrainiens sont incorporés
dans les régiments de la garde, grâce à leur taille élevée.
L'Ukrainien n'est pas seulement de taille élevée ; il
est proportionnellement carré d'épaules et fort de tho-
rax. Des matériaux rassemblés par Ivanovski, il ressort
qu'à ce point de vue les Ukrainiens surpassent tous les
peuples voisins. Le pourtour moyen du thorax chez les
Ukrainiens donne le 55,04 % de la taille, alors qu'il n'est
que de 54,11 % chez les Polonais, de 53,84 % chez les
BlancsiRuthènes et de 52,18 % chez les Russes.
Déjà réputés forts et grands, les Ukrainiens gar-
dent leur supériorité physique sur les autres peuples.
La longueur de leurs bras proportionnée à leur taille est
de 45,7%, tandis que les Blancs-Ruthènes n'atteignent que
le 45,1 %. Mais, les Polonais les Calent et les Russes
arrivent à 46 %. Chez les Ukrainiens la longueur des
jambes atteint le maximum (53,6 %) ; elle est plus fai-
ble chez les Polonais (52,1 %), chez les Blancs-Ruthènes
(51,7 %) et chez les Russes (50,5 %). Ce fait semble con-
firmer l'influence du mélange du sang finnois-mongol, la
longueur des jambes des Mordvinois étant dans le rap-
port de 49,1 % et celle des Tatares de l'Altaï de 48,6 %.
L'anthropologie attache une grande importance à la
forme du crâne. Les Ukrainiens, comme tous les Slaves
du reste, appartiennent à la catégorie des brachycépha-
les (têtes raccourcies). L'index moyen chez les Ukrai-
niens est de 83,2. Parmi les peuples voisins il est de 82,1
chez les Polonais, de 82,3 chez les Russes. La brachycé-
phalîe la plus prononcée se rencontre chez les Blancs-
Ruthènes (85,1). La hauteur du crâne est la plus forte
chez les Ukrainiens (70,3), un peu plus faible chez les
Russes (70,1), la moins forte chez les Blancs-Ruthènes.
1
46
On remarque ici que la répartitioa ethnographique
territoriale correspond à celle que nous avons déjà cons-
tatée pour la taille. La bracfaycéphalie la plus pro-
noncée se rencontre chez les Houtzoules; elle va
diminuant lorsqu'on se dirige vers le nord-est et
Torient si bien que l'index du crâne le plus réduit
se trouve dans les territoires du Don et du Kouban. En
outre, la brachycéphalie des Ukrainiens diminue régu-
lièrement à la limite des territoires polonais et russes en-
suite du voisinage multiséculaire de ces nations. Chez les
Russes, la brachycéphalie est moindre, ensuite de Tin-
fluence finnoise, chez les Polonais ensuite d'anciens croi-
sements de races avec les Finnois.
Comme pour la forme du crâne, les Ukrainiens se
distinguent encore des peuples voisins par la forme du
nez. Le nez, chez ce peuple est généralement droit et
mince. L'index nasal de l'Ukrainien est de 67,7, c'est-à-
dire un peu plus fort que celui des Polonais (66,2). Vien-
nent ensuite les Russes (68,5) et les Blancs-Ruthènes
(69,2).
La largeur faciale des Ukrainiens est en moyenne de
180, celle des Polonais 181, celle des Russes 182, des
Blancs-Ruthènes 186. L'index facial est de 78,1 chez les
Ukrainiens, de 76,2 chez les Blancs-Ruthènes, de 76,3 chez
les Polonais, de 76,7 chez les Russes. Ici encore nous
constatons une grande différence entre les Ukrainiens et
leurs voisins ainsi que la ressemblance de ces derniers
entre eux.
La couleur des cheveux et des yeux est loin d'être un
indice anthropologique aussi probant que les précédents;
c'est tout de même un caractère qui a son importance.
Au milieu de leurs voisins les Ukrainiens restent tou-
jours séparés et leur personnalité est bien marquée. En
47
ce qui concerne les cheveux et les yeux, les tons foncés
prédominent chez les Ukrainiens, de sorte que sur 100
individus, 29,5 % seulement ont les yeux et les cheveux
clairs, 35 % les ont de couleur moyenne et 85 % de cou-
leur foncée. Chez les Russes, ces pourcentages sont res-
pectivement de 37 %, 41 % et 22%, et chez les Polonais
respectivement de 35 %, 46 % et 19 %. Le type à couleur
claire est donc plus répandu chez les peuples voisins que
chez les Ukrainiens eux-nmémes.
Pour la répartition de la couleur des yeux et des che-
veux on constate de nouveau la même loi territoriale que
pour la répartition de la taille et de la forme du crâne.
Dans la zone où règne principalement le type de la race
ukrainienne et particulièrement dans le sud-ouest, la cou-
leur des cheveux et des yeux est représentée de la façon
la plus caractéristique. Près des frontières de la Blanche-
Ruihénie, de la Pologne et de la Russie, le type ukrainien
perd de plus en plus de son originalité.
Malgré sa brièveté et son caractère général, cette courte
esquisse anthropologique des Ukrainiens, permet néan-
moins de constater que les Ukrainiens présentent fort peu
d'analogie anthropologique avec les Polonais, les Blancs-
Ruthènes et les Russes. Par contre, ces peuples voisins ont
une grande analogie entre eux et sont très rapprochés
l'un de l'autre, anthropologiquement parlant, tandis que
l'Ukrainien est très différent de tous ses voisins et occupe
ainsi une situation tout à fait indépendante,
La négation de l'avis exprimé parfois que les Ukrai-
niens sont des Russes polonisés ou des Polonais russifiés
s'affirme immédiatement en présence des faits que nous
venons de relever. Les sciences naturelles avec leurs ré-
sultats précis et positifs viennent s'opposer ici aux «théo-
48
ries unitaires» polonaises et russes basées sur des phra-
ses historiques et philologiques plus ou moins creuses.
Mais ce n'est pas tout ; quelques historiens polonais
ont conçu récemment une nouvelle théorie sur l'origine
des Ukrainiens et l'ont répandue dans le monde. D'après
eux, les Ukrainiens ne seraient autre chose que le pro-
duit des croisements de Slaves avec des tribus nomades
mongoles-turques qui pendant des siècles ont traversé et
dominé les steppes ukrainiennes. Les Ukrainiens seraient
un peuple des steppes, demi-nomade, incapable d'acqué-
rir aucune culture et qui, par conséquent, présenteraient
les plus graves dangers pour la civilisation européenne.
L'anthropologie sape cette théorie à sa base :
les peuples nomades mongols-turcs se distinguaient
presque tous par leur petite taille, leurs jambes courtes
et leurs longs bras ainsi que par une tête ronde. Ces
mêmes caractères devraient par conséquent apparaître
nettement chez les Ukrainiens. Mais il n'en est rien puis-
que nous avons vu que, parmi tous les peuples qui les
environnent, les Ukrainiens sont ceux chez lesquels on
constate la taille la plus élevée, les jambes les plus lon-
gues et des bras moyens. Et quant à la brachycéphalie
des Ukrainiens, c'est la moins prononcée de l'Orient, là
où les croisement auraient eu le plus de facilité à s'opé-
rer.
Le type anthropologique des Ukrainiens accuse donc
une indépendance absolue vis-à-vis des types polonais,
blanc-ruthène ou russe et ne trahit pas de traces visibles
d'un mélange mongol. Vers 1880 déjà la dissemblance
entre le type ukrainien et le type d'autres Slaves orien-
taux a attiré l'attention de l'illustre géographe Elisée Re-
clus. Il reconnut la parenté existant entre les Ukrainiens
49
et les Slaves méridionaux. Après lui, vers la fin du XIXe
siècle, Hamy divisait tous les Slaves en deux groupes :
le premier, de grande taille, brachycéphale et à
cheveux foncés, et le second de taille inférieure,
moins brachycéphale et à cheveux clairs. Dans le pre-
mier groupe, il rangeait les Serbes, les Croates, les Slo-
vènes, les Tchèques et les Ukrainiens, dans le second, les
Polonais, lesPolabes, les BlancsHRuthènes et les Russes.
Une division analogue a été adoptée par Deniker égale-
ment. A son avis, les Ukrainiens appartiendraient à la soi-
disant e race adriatique (dînarique), tandis que les Polo-
nais et les Russes doivent être attribués aux races étroi-
tement liées Tune à l'autre de la Vistule et de l'Orient.
Récemment, plusieurs savants ont envisagé la race adria-
tique comme étant la race spécifiquement slave. Elle n'est
toutefois demeurée relativement pure que chez les Sla-
ves méridionaux et les Ukrainiens, tandis que les Slaves
septentrionaux accusent des mélanges très prononcés.
L'anthropologie nous fait reconnaître dans l'Ukrai-
nien une race d'honmies bien constituée et d'une grande
vigueur physique. Une autre particularité de l'Ukrainien
est sa prodigieuse fécondité. Là où le peuple ukrainien
n'a pas encore dégénéré sous fa pression sociale et les
atteintes du paupérisme envahissant, la natalité atteint
des chiffres surprenants. Il en résulte un accroissement
de population assez rapide malgré la grande mortalité
infantile occasionnée par les conditions hygiéniques dé-
favorables. Les chiffres de la natalité et de l'accroisement
de population {1900—1904) dans les territoires entiers de
l'Ukraine en Russie d'Europe s'établissent comme suit: —
moyenne annuelle— : Volhynie 4,5% et 2%, Podolie 4,3%
et 1,3%, Kiev 4% et 1,4%, Kherson 4,5% et 2%, Tauride
4,2 % et 1,9 %, Katerinoslav 5,6 % et 2,8 %, Tchernyhiv
4
50
4,6 % et 2 %, Poltava 4,3 % et 1,9%, Khiarkiv 4,9% et 2%.
Dans les premières années du XXe siècle, la Galicie a
enregistré un accroissement de papulation annuel
de 1,6 à 1,8 %. Ces chiffres qui sont beaucoup plus éle-
vés que les chiffres correspondants dans le territoire na-
tional polonais ou russe, constituent l'un des rares faits
réjouissants dont l'existence nous fait entrevoir l'avenir
avec confiance. L'accroissement supérieur chez les
Ukrainiens ne devrait pas être recherché dans la su-
périorité de la culture des états voisins. Au point de
vue de la culture, la population rurale polonaise et russe
n'est certes pas supérieure à celle de l'Ukraine, bien au
contraire. L'accroissement supérieur des Ukrainiens pro-
vient uniquement de la supériorité incontestable des qua-
lités de la race^
La langue ukrainienne.
On a souvent pu se demander ce qui prouve l'exis-
tence d'une nation. Est-ce son passé historique? Est-ce
sa langue? L'un et l'autre certainement, mais plusieurs
peuples forment une unité ethnographique sans pour
cela posséder en propre une langue.
La langue n'est pas nécessairement la caractéristique
d'une nation. L'exemple des Suisses, des Américains
du nord, des peuples de descendance espagnole ou por-
tugaise dans l'Amérique du sud le prouve. Si les Ukrai-
niens voulaient être une nation indépendante, le seul fait
d'avoir cette volonté leur conférerait ce titre, même si
leur langue était identique à la langue russe, blanche-
ruthène ou polonaise.
Pourtant, les Ukrainiens ont une langue indépen-
dante. On a, il est vrai, fréquemment répandu en Eu-
rope la croyance que la langue ukrainienne est un dia-
lecte de paysans polonais. La Russie officielle laisse sub-
sister le malentendu qu'il n'existe qu'un dialecte «petit-
russien» de la langue russe. Dans la science et la politi-
que sociale européenne on avait accueilli ces deux théo-
ries unitaires dont il a été question plus haut et la théo-
rie russe devint même prédominante dans la science al-
lemande.
La philologie slave en juge différemment. A l'excep-
tion de quelques philologues pan-russes (Florinski etc),
qui, du reste, ne comptent pas parmi les capacités phi^-
lologiques, toute la science philologique est d'accord pour
reconnaître que la langue ukrainienne n'est pas plus ap-
parentée au russe et au polonais que ne l'est, par exem-
ple, le serbe au bulgare ou le polonais au tchèque. Les
52
recherches de Miklosich, de Malinovski, de Chakhmâ-
tov, Booch» Baudouin de Courtenay, de Fortounatov, de
Eorch» Krimsky, de Stotzky et d'autres ont indubitable-
ment démontré que la langue ukrainienne n'est en au-
cune façon un dialecte de la langue russe, mais consti-
tue au contraire une langue absolument indépendante.
Dans son rapport célèbre intitulé : «De l'abolition des
restrictions concernant les imprimés petit&-russiens»
(1905), l'Académie des sciencesi de Pétrograd abonde
dans ce sens. L'Académie a catégoriquement relevé» que
les langues russe et ukrainienne sont deux langues par-
faitement distinctes et d'égale valeur.
La langue russe des intellectuels ne s'est pas déve-
loppée sur la base générale slave orientale, mais exclu-
sivement sur la base russe (moscovite). Elle ne peut pas
être imposée aux Ukrainiens puisqu'ils disposent d'une
langue absolument établie qui leur appartient en propre.
Il est fort probable qu'à une époque préhistorique
fort reculée, les ancêtres des Ukrainiens, des Blancs-Ru-
thènes et des Russes actuels ont parlé la même langue.
Mais déjà au début des temps historiques de l'Europe
orientale, nous trouvons ces tribus slaves divisées en
trois groupes différents au point de vue linguistique. Au
Xle siècle, on constate une différence parfaitement dé-
finie entre la langue parlée aux environs de Kiev ou de
Halitch et celle parlée à Vladimir sur la Kliasma ou à
Souzdal. La réunion politique de toutes les tribus slaves-
orientales dans l'Etat de Kiev n'a pas eu pour effet de
supprimer ces divergences entre le nord et le sud et les
monuments littéraires de cette époque le prouvent de
façon indéniable. La décadence de l'Etat de Kiev, la for-
mation du centre politique moscovite, la chute de Kiev,
tout cela contribua encore à accentuer les oppositions lin-
58
guistiques entre les ancêtres des Ukrainiens et des Rus-
ses. La plaie des Tatares enfin sépara définitivement le
groupe moscovite de celui de l'Ukraine et les força ainsi
tous deux à vivre une vie historique séparée. L'Ukraine
passa sous la domination lituanienne» puis sous
celle de la Pologne, tandis que la Moscoviè se développa
petit à petit pour devenir l'empire russe. Les différen-
ces de langue déjà si sensibles au XlVe siècle s'accen-
tuèrent tellement par le développement indépendant des
deux langues, qu'au XVIIIe siède, lorsque la, Russie prit
la plus grande partie de l'Ukraine sous sa domination,
les deux langues se trouvèrent presque étrangères l'une
à l'autre, n'ayant de commun que leur souche ancienne.
D'après les recherches de Stotzky et Gartner, la lan-,
gue ukrainienne n'est pas plus apparentée au russe au
point de vue philologique qu'au polonais ou au tchè-
que. De toutes les langues slaves, c'est le serbo-croate
qui se rapprocherait le plus de l'ukrainien. Il s'en suit
évidemment que les Ukrainiens doivent avoir eu, pré-
cédemment, une communauté plus grande avec les Ser-
bo-croates qu'avec les Russes.
Nous avons ici un exemple très frappant de la pâ-^
rente qui subsiste entre l'anthropologie et la linguisti-
que. Nous établissons ainsi la preuve subséquente que
les caractéristiques anthropologiques des peuples orien-
taux ont une toute autre signification qu'en Europe cen-*
traie ou occidentale. Cette concordance de deux scien-
ces complètement différentes nous fait reconnaître dans
l'Ukrainien une unité indépendante dans la grande fa-
miUe des peuples slaves. Si les faits authentiques ont pu
être soustraits aux yeux de 1^ science européenne, la
faute en est à plusieurs causes tout d'abord à la faible
propagation de la connaissance de l'Ukrainien parmi les
54
Slaves, puis à la connaissance de l'histoire de l'Europe
orientale comprise d'après le barème russe seulement,
à la langue liturgique commune qui fut longtemps, en
même temps la base de la langue intellectuelle, à la mal-
heureuse confusion des dénominations de «Rousse»,
«rousski», qui en qualité d'anciennes dénominations
d'état de l'état de Kiev furent usurpées par l'empire mos-
covite pour être attribuées à toutes les nations slaves
orientales. De cette façon tout a été fait pour les besoins
de la cause de la théorie officielle russe de l'unité.
Dans l'immense Ukraine, chaque Ukrainien, même
le paysan iHettré, sait parfaitement que l'ukrainien est
indépendant et diffère complètement du russe ou du po-
lonais. Il ne comprend ni le Russe ni le Polonais qui lui
parlent et ceux-ci, à leur tour, ne le comprennent pas le
moins du monde. Un Ukrainien de basse classe com-
prendra, à la rigueur, encore mieux le polonais que le
russe ; cela tient au fait de la vie commune de ces deux
peuples, durant des siècles, dans l'état polono-lituanien.
Ces contingences provoquèrent des influences réci-
proques nombreuses, surtout au point de vue du ré-
pertoire des expressions de la langue. Mais le russe, avec
son vocabulaire et son caractère phonétique complète-
ment étrangers, ses substitutions de mots, ses déclinai-
sons, ses conjugaisons différentes est une langue
très difficile. A combien de vexations l'Ukrainien
campagnard n'est-il pas exposé à chaque pas ?
La langue russe domine exclusivement dans les
administrations officielles, au tribunal, à l'école, à
l'église 1 L'Ukrainien cultivé, qui fut élevé dans les éco-
les russes, a dû apprendre la langue à grand'peine, et
pourtant il ne la possède pas entièrement, si bien que
le Russe reconnaît immédiatement en lui le «Khakhol».
55
Pour un Ukrainien cultivé qui a été élevé en dehors de
Russie, le russe est sinon plus difficile du moins tout
aussi ardu à apprendre que le polonais, le tchèque ou
le serbe. Des faits d'une simplicité aussi évidente par-
lent d'eux-mêmes* Ils nous édifient peut-être davantage
au point de vue de l'indépendance de la langue ukrai-
nienne que de longues dissertations philologiques.
Comme toutes les langues les plus vivantes, l'ukrai-
nien n'a pas d'unité. Par suite de l'immense étendue
du territoire et de la population nombreuse qui y habite,
ce pays a de toute temps donné prise à la formation de
dialectes et d'idiomes. L'ukrainien compte quatre dia-
lectes : le dialecte méridional, le dialect nord-ukrainien,
le dialecte galicien (ruthénien rouge) et celui des monts
des Carpathes. Le dialecte méridional est parlé dans tout
le sud du territoire de Kiev, de Koursk, de Voronije,
dans tous les territoires de Poltava, de Kharkiv, de
Kherson, de Katerinoslav, de Tauride, du Don et de Kpu-
ban. Il comporté trois idiomes, l'idiome septentrional
qui forme la base de la langue ukrainienne lettrée d'au-
jourd'hui, l'idiome moyen et l'idiome méridional. Le
dialecte du nord est parlé dans le pays de Tcher-
nyhov, la partie septentrionale du territoire du Kiev, la
Volhynie septentrionale, le Polissie et la partie septentrio-
nale du Pidlassie. Ses idiomes sont : celui de Tchernyhov,
l'ukrainien septentrionale proprement dit, celui de Polis-
sie et celui de la Ruthénie noire. Le dialecte de Galicie ou
ruthénien rouge embrasse la Galicie (sauf la montagne),
le territoire de Kholm, la Volhynie et la Podolie occiden-
tale. Il comprend deux idiomes : l'idiome podolo-volhy-
nien et l'idiome galicien (Dnistr). Le dialecte des monts
des Carpathes comprend tout le territoire ukrainien des
1
56
Carpathes et se divise en quatre idiomes : rhoutzaulique,
le boiki, le lemki et Tidiome frontière slovako-nithénien»
Comme tous les dialectes et idiomes slaves ceux
d'Ukraine diffèrent peu les uns des autres.
n n'est pas admissible de comparer les dialectes et
idiomes ukrainiens avec ceux de l'Allemagne, par exem-
ple. Le Cosaque du Kouiban ou le Boîko, un habitant
du Polissie ou de Bessarabie, se oomprenneiït sans dif-
ficulté. Seulsi parmi ces idiomes celui de Lemki, ainsi
que l'idiome frontière slovako-ruthénien, offrent des dis-
semblances appréciables. A cette exception près, il rè-
gne une unité de langues remarquable sur toute l'éten-
due du vaste territoire ukrainien. Un récit populaire du
pays de Kouban, dans le Caucase, qui serait donné en
audition, au moyen du phonographe, dans une salle de
lecture de campagne des environ® de Peremychl, ren-
contrerait la même compréhension de la part des audi-
teurs que s'il provenait d'un village voisin et non pas
de quelques milliers! de kilomètres de distance. Nous
rencontrons les mêmes chants populaires, les mêmes
proverbes, les mêmes contes de fées au Pidlassie que
dans le Manytch, près de Tchernyhiv et d'Odessa, que
sur le Don ou sur le Dnistr.
La langue ukrainienne se distingue par des avantages
qui lui assurent une place en vue parmi les autres lan-
gues slaves. La richesse en voyelles, le son plein, la
grande douceur et la souplesse, les fréquentes terminai-
sons en i, l'absence de consonnes multiples dans une
même syllabe, font de l'ukrainien la langue slave la plus
harmonieuse qu'il soit. Après l'italien, c'est l'ukrainien
qui s'applique le mieux au chant. Ce qui en impose le
plus, c'est sa grande richesse.
57
Cette richesse de la langue est d'autant plus étrange,
qu'elle ne résulte pas de son développement progressif,
au travers des siècles, dans la littérature et dans la
science. La niasse du peuple des campagnes a recueilli
et cultivé les trésors de la laitue ukrainienne.
Si, d'après Ratzel, le vocabulaire populaire d'un pay-
san anglais ne compte pas plus de trois cents mots, le
paysan ukrainien en dispose d'au moins trois mille. En
outre, la langue est d'une pureté frappante. Peu de
mots d'emprunts ont été introduits dans la langue ukrai-
nienne, malgré de nombreux siècles d'existence com-
mune avec les peuples voisins ; et ces most se perdent
complètement dans le trésor pur de la langue ukrai-
nienne. Les géographes et les naturalistes ont un intérêt
tout particulier pour la merveilleuse richesse de la lan-
gue ukrainienne. Les termes techniques relatifs à la géo-
métrie, à la physique et à l'histoire naturelle abondent
et font l'admiration des savants. La codification de la
terminologie scientifique et géologique en Ukraine fut
par ce fait considérablement facilitée. La jeune science
ukrainienne dispose ainsi d'une terminolo^e qui dé-
passe de beaucoup celle de la Russie.
La littérature nationale et la science ukrainienne
prouvent à quel point l'Ukraine est un pays en puis-
sance de devenir un foyer de civilisation, capable d'ex-
primer les sentiments les plus élevés et d'accroître par
son intelligence les trésors de l'humanité.
La littérature nationale ukrainienne n'est pas com^
parable à celle d'un dialecte provençal ou d'un patois
allemand. Ils ne sont que le reflet de la vie d'un petit
nombre. E31e est à tous les points de vue l'image d'une
grande nation, c'est une littérature qui possède un passé
de près de mille ans et qui, malgré les obstacles de sa
58
route, continue à se développer sans cesse. Sa poésie
populaire orale, unique dans son genre, digne objet d'en-
vie de plus d'un pays cultivé, lui fournit la base qui lui
est nécessaire.
Parmi les littératures slaves, celle de l'Ukraine oc-
cupe une place très en vue. Seules les littératures russe
et polonaise la surpassent en importance.
Les débuts de la littéraire ukrainienne remontent à
l'apogée de l'ancien empire de Kiev. Il y a donc près de
dix siècles. C'est à cette époque que prirent naissance la
prétendue chronique galicio-volhynienne, le grand poème
épique d'Ihor et d'autres monuments des anciennes let-
tres ukrainiennes (ouvrages des Hilarion, Serapion, Cy-
rille de Touriv, etc.). Leur langue est édifiée sur l'an-
cienne langue litur^que des Slaves, mais au Xle siècle
déjà, elle est mêlée d'un fort appoint d'éléments de lan-
gue ukrainienne pure. Elle présente de grandes diver-
gences de langue avec les monuments littéraires érigés
à la même époque dans les territoires russes du nord.
Ce magnifique développement, source des plus bel-
les espérances, fut complètement arrêté par le péril ta-
tare qui dura près de cinq cents ans. Durant ces longs
siècles d'état de guerre presque permanent, de mise sous
le joug de l'écrasante domination étrangère, l'état perdit
son organisation indépendante et les lettres ne purent
que végéter péniblement Des monuments juridiques,
théologiques, philosophiques, polémîco-littéraires, des
fragments de drames, mélange d'ukrainien et de langue
litur^que slave, forment un charabia macaronique,
preuve évidente de l'impossibilité pour les Ukrainiens
d'alors de s'occuper de belles lettres. L'occasion et les
loisirs leur manquaient
59
A cette décadance de la littérature écrite coïncide un
essor nouveau de la poésie populaire de tradition orale.
Les anciens chants relatifs à la vie domestique et aux
mœurs, les anciens contes d'avant l'ère chrétienne ne
furent pas oubliés. Ainsi la vie guerrière de la nation
a créé une foule de poésies épiques populaires (Doumy)
qui ont été déclamées par des rhapsodes ambulants
(Kobzar, Bandouryst). Le lyrisme populaire eut un essor
encore plus considérable. Vers la fin du XVIIIe siècle,
alors que la ruine politique et nationale du peuple ukrai-
nien apparut comme certaine, la poésie populaire atteig-
nit un tel développement qu'elle reveilla les couches cul-
tivées de la nation en donnant une impulsion nouvelle
à la vie littéraire.
C'est p^r l'introduction intégrale de la langue popu-
laire dans la littérature ukrainienne (par Kotliarevski en
1798), c'est par l'influence considérable exercée par la
poésie populaire que furent posées les bases de l'essor
inattendu qu'a pris la littérature ukrainienne. Au cours
du XIXe siècle, la littérature ukrainienne peut se glori-
fier d'avoir enfanté plusieurs grands poètes et prosateurs
qui eussent fait honneur aux plus grandes littératures
du monde. Ce furent Chevtchenko, Vovtchok, Koulich,
Fedkovitch, Franko, Mimy, Kotzubynsky, Vinnytchen-
ko, dont un grand nombre de littérateurs de moin-
dre envergure suivent les traces. Les œuvres de la litté-
rature ukrainienne des XIXe et XXe siècles sont très va-
riées ; elles touchent à tous les domaines et leur dévelop-
pement général ne fait que s'étendre et se propager.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle on remarque
un mouvement scientifique très intense qui aboutit
à la création de deux sociétés scientifiques au caractère
académique (à Lemberg et à Kiev). La langue ukrai-
60
nienne possède des publications, des livres, des mémoi-
res écrits relatifs à toutes les sciences et à leurs subdivi-
sions au même titre que le russe et le polonais. A l'instar
de toute autre langue civilisée, l'ukrainien a prouvé sa
capacité à présenter les problèmes scientifiques les plus
complexes.
La diversité et la richesse de la littérature ukrainienne
lui assurent une place prépondérante parmi les littéra-
tures slaves. L'ukrainien n'est pas un dialecte, mais une
langue ; la science ukrainienne est là pour le confirmer.
Comparativement, pourrait-on concevoir que des pro-
blèmes de mathématique supérieure, de biologie ou de
géomorpholo^e puissent être traités avec succès dans un
patois allemand ou provençal?
La base populaire sur laquelle s'étaye la langue lit-
téraire ukrainienne est le moyen qui permettra de di-
riger le peuple ukrainien si merveilleusement doué dans
les voies de la lumière et du progrès. C'est ce qu'avait
bien vite • reconnu le gouvernement russe, aussi par
crainte de séparation nationale, fit-il tous ses efforts
pour enrayer à chaque pas le développement de la litté-
rature ukrainienne. Le fameux décret du Tzar, de 1876,
interdisant d'imprimer quoi que ce fût en langue ukrai-
nienne en fut la conséquence.
Seule une littérature vraiment viable était capable de
survivre à un pareil refrênement et c'est ce que réussit
à faire la littérature ukrainienne !
Du développement de l*idée nationale politique
en Ukraine.
Ce fut après la «bataille de Poltava (1709), suivie de
rextermination de la noblesse ukrainienne et tout par-
ticulièrement après l'abolition de Tautonomie du pays
(1781) que la vie politique de l'Ukraine subit une crise
prolongée. Les premiers signes du rétablissement ne fu-
rent perceptibles que sous le règne d'Alexandre I. Le
mouvement national-ukrainien fut comparable à l'action
irrédentiste révolutionnaire de l'Europe, spécialement à
celle de l'Italie. Il se manifesta par la fraternisation se-
crète et la franc-maçonnerie. Il y avait à cette époque
partout des loges maçonniques en Ukraine (à Poltava,
Kiev, Jytomir, Tchemihiv, Kremenetz entr'autres). Leur
but était la restauration de l'ancienne indépendance. A
ce mouvement s'était joint tout ce qui, dans l'ordre in-
tellectuel, était l'élite de l'Ukraine, ce furent le célèbre
poète J. Kotlarevski, le propriétaire rural S. Kotchou-
bey, le maréchal de noblesse de Pereiaslav Loukache-
vitoh. De même, le plus grand poète ukrainien Taras
Chevtchenko se mit à la tête d'une société secrète (la
fraternité de St-Cyrill et Methodius). Les œuvres de ce
poète contiennent des paroles enflammées toutes péné-
trées de haine brûlante contre la Russie et faisant l'apo-
logie des luttes pour la liberté et le passé glorieux dé son
peuple. Elles devinrent le programme politique de nom-
breuses générations.
Lorsque la révolution de décembre 1825 à St-Péters-
bourg échoua et que les diverses insurrections organisées
62
par les sociétés ukrainiennes dans les gouvernements de
Kiev et de Volhynie eurent été réprimées, Chevtchenko
ainsi que ses amis, le célèbre historiographe prof. M. Kos-
tomariv et P. Kouliche parvinrent à relever dans les an-
nées 40 du siècle dernier le drapeau chancelant de l'in-
dépendance ukrainienne. Au moyen de la fraternité citée
plus haut, ce mouvement, sous l'influence de la révolu-
tion de juillet se développa incessamment, mais il fut
entravé à la suite de la découverte de la société dont les
membres furent déportés en Sibérie.
L'ère des refermes, inaugurée bientôt après, par Ale-
xandre II a ouvert portes ^t fenêtres au mouvement na-
tional-ukrainien. Toute une pléiade d'écrivains de mérite
monte en scène tels : Marko Vovtchok, Hanna Barvinok,
J. Levitzki, de savants, tels : le prof. Antonovitch, Ko-
nisski, lefimenko, Tchoubinski, Mikhaltchouk, prof.
Vovk, Drahomaniv, etc., qui devinrent les champions de
la renaissance nationale et politique de leur peuple. Au
moyen de la littérature et de la science populaire du
théâtre et de la propagande (mouvement connu sous le
nom de «Hromada»), ces intellectuels organisèrent la
lutte politique. Lorsque le gouvernement russe chercha
à étouffer ce mouvement au moyen de mesures dracon-
niens (voir la célèbre lex-Josephoviana 1876, interdisant
l'impression de la langue ukrainienne sauf les belles-
lettres) la Galicie devint centre du mouvement.
Le professeur Drahomctniv, le grand idéologue de
l'époque, très monté contre les Polonais et les Allemands,
ne voyait le salut de son pays que dans son autonomie
au milieu d'une Russie libre. La littérature politique lé-
gale : celle des belles-lettres et la littérature illégale pri-
rent alors (1876—1900) un cachet nationaliste très pro-
noncé. En dehors de Drahomaniv, les grands poètes de
63
l'époque sont : Hrintchenko, Lessia Ukrainka, Samilenko;
ks politiciens de la même époque : Konisski, Franko et
Pavlik.
Vers la fin du XIXe et au commencement du XXe siè-
cle le mouvement mis en scène par Drahomaniv se con-
firma et s'étaya sur les partis. En 1900 se fonde le Parti
révolutionnaire ukrainien (R. U. P.) qui intervint d'abord
pour l'indépendance de l'Ukraine et plus tard pour son
autonomie. Ce parti, dirigé par les intellectuels, s'appuyait
sur le corps des paysans sans terres. Son but était de
mettre en mouvement les masses profondes du peuple
ukrainien en vue de sa libération nationale, politique et
sociale. Le grand mérite de ce parti fut entr'autres
d'avoir provoqué le soulèvement des paysans d'Ukraine
(particulièrement ceux des gouvernements de Kharkiv
et de Poltava). C'était en 1901—1902 il prit des propor-
tions inattendues et eut pour conséquence de tenir en
haleine l'appareil administratif de tout l'empire (sous
Plehve) durant plusieurs mois. A cette époque le mou-
vement ouvrier gagnait du terrain dans les villes. Il- dé-
termina le parti & faire de plus en plus de concessions
aux idées socialistes. En 1905 le R. U. P. se sépara en
deux d'un côté le parti démocrate social ukrainien qui
Joua un rôle important durant la révolution et de l'au-
tre le N. U. P., Parti national ukrainien. Le premier
adopta les doctrines de la démocratie sociale européenne
(il exigeait l'autonomie de l'Ukraine), le second resta
fidèle au principe de l'indépendance.
L'ère constitutionnelle en Russie (après la révolution
de 1905) donna aux éléments modérés de l'Ukraine l'oc-
casion de s'organiser. Le parti démocratique ukrainien
et le parti radical ukrainien (qui plus tard fusionnèrent)
réunirent les cercles bourgeois nationaux-ukrainiens, qui
64
voyaient le salut de leur patrie non dans la révolution
russe, mais plutôt dans une lutte politique légale avec
les libéraux russes.
Le professeur Hrouchevski peut revendiquer la pa-
ternité de cette idée politique qu'il sut mener à bien. Elle
n'alla toutefois que jusqu'à la revendication de l'auto-
nomie. A l'activité politique du parti radical-démocrati-
que se joignit bientôt celle des bellesr-lettres, des beaux-
arts et des sciences; on eût bientôt à enregistrer des pro-
grès considérables. Au cours des premières années, dès
la révolution, on planta péniblement les jalons princi-
paux du chemin à parcourir. Ce fut: l'organisation du
mouvement en faveur de la nationalisation des écoles,
la fondation de la presse quotidienne ukrainienne ainsi
que de succursales de partis dans toutes les villes im-
portantes de l'Ukraine, enfin la fondation de tout un ré-
seau de sociétés pour l'instruction populaire, de sociétés
coopératives, d'agitation électorale, d'activité parlemen-
taire (dans les deux premières Douma il y avait des
clubs ukrainiens comptant plus de 40 membres). La tri-
bune de la Douma a aussi été le premier podium légal,
sur lequel le peuple ukrainien de Russie a proclamé de-
vant le monde entier ses droits imprescriptibles à la
libre disposition.
A la suite du coup d'état du 16 juin 1907 la représen-
tation ukrainienne fut chassée de la Douma. L'Ukraine
entra dans de nouvelles voies en suite d'une campagne
qui fut alors menée contre le mouvement national
ukrainien. Bien des dispositions maladroits dirigées con-
tre l'Ukraine, l'enthousiasme provoqué par le pansla-
visme, la propagande éhontée en Galicie, l'approche de
l'inévitable guerre en relation avec l'impossibilité sous
45
toutes les formes d'engager une lutte légale contre leurs
adversaires, conduisirent le peuple :
1) à la résurrection de lïdée, de leur indépendance en
l'exploitant le conflit européen dans ce but ;
2) à un rapprochement entre les politiciens russo-
ukrainiens et galiciens.
L'assemiblée panukrainienne des étudiants de Lem-
bei^, en juillet 1913, adopta un programme prévoyant la
séparation complète d'avec la Russie et une lutte active
contre celle-d dans le cas du déclenchement d'une guerre
européenne.
Ce programme ne prit forme que les premières an-
nées de guerre et encore ne fut-ce qu'en Galicie; il en
fut de même en Ukraine russe, mais seulement après
l'effondrement des armées du tzar,
Les démocrates-sociaux (Vinnitchenko, Porche), les
fédéralistes-sociaux (Bfremov, Nikovski) comme du
reste aussi les révolutionnaires-sociaux (nouveau parti
issu du radicalisme social) tombèrent d'accord sur la
base du programme de l'autonomie en adoptant la Rada
Centrale comme organe supérieur. L'obstination des
libéraux russes (Milioukov-iKerenski) ainsi que celle du
gouvernement socialiste (Lenin-Trotzki) amenèrent le
mouvement ukrainien à l'indépendance, qui fut procla-
mée le 9 novembre avec l'appui de tous les partis.
Dès ce moment, la dif f érentiation des partii» de l'Ukraine
s'orienta plutôt vers l'idéal social que vers l'idéal national
propre à tous les partis. Au moyen de la socialisation de la
terre et des industries principales les socialistes à tous
crins cherchèrent à s'appuyer sur la démocratie ukrai-
nienne en ne concédant aux autres nationalités qu'une
très faible part d'initiative pour l'édification du nouvel
état. Les groupes bourgeois (en tête le parti agrarien-dé-
f
66
mocratique, qui s'appuie sur les paysans modérés) firent
tous leurs efforts pour unir la nation ukrainienne (c'est-
à-<lire les paysans de droite» les nationaux-ukrainiens, les
propriétaires fonciers, ainsi que les financiers russes po-
lonais et juifs. Us auraient aimé les réunir sous la ban-
nière de rindépendance, tout en se réservant expressé-
ment par le moyen de concessions sur le terrain sodaL
Les fédéralistes-sociaux (issus de Tancien parti radical-
démocratique) occupaient une situation intermédiaire.
La propriété foncière polono-russe-ukraînienne formait
TAssociation des propriétaires fonciers. Celle-ci s'orien-
tait encore plus à droite. EiUe réussit, à l'aide du capital
organisé dans le «Protofis», à arracher le pouvoir à la
Rada Centrale socialiste. Ce fut à cause de l'aver-
sion des paysans pour la socialisation, et de la
présence des Allemands dans le pays, que \a^ situation
intérieure et extérieure étaient très spécisde. Elle abou-
tit au coup d'état du hetman, du 29 avril 1918. Ce sys-
tème, soutenu tout d'abord par les groupes de la bour-
geoisie ukrainienne, ne fut pas de longue durée. En co-
quetterie avec la Russie il s'orienta de plus en plus à
droite et il exaspéra les niasses des paysans par sa po-
litique agraire insensée, rappelant les temps les plus
sombres de l'ancien régime tzariste. Après la débâcle
allemande sur les fronts d'occident, ceux-ci réussirent
aussi, à provoquer la chute du hetman après un soulève-
ment. Ce soulèvement était dirigé par les . socialistes or-
ganisés de «l'Union Nationale». Leur gouvernement de-
vint le Directoire. A l'ère du hetman succéda celle du
Directoire. Cette ère débuta par l'application de la poli-
tique socialistes-extrémiste dans les questions agraires
et par des essais de rapprochement bolchévistes. Lors-
que ces essais échouèrent et que la guerre avec la Rus-
67
sîe commença, les partis modérés reprirent le dessus
Petlura, leur dictateur et leur homme de confiance
marchait à leur tète. L'orientation de la poUtique exté-
rieure resta la même, et maintint l'indépendance de
l'Ukraine avec l'aide de l'Entente.
Les traditions et les
tendances historio- politiques des Ukrainiens.
Les caractères anthropologiques et linguistiques com-
muns ne suiffisent pas pour nationaliser une a^omé-
ration de gens. Une nation indépendante, doit avoir des
traditions historiques communes, des martyrs et des hé-
ros communs, des peines et des plaisirs communs. Ces
tradition>s forment la base sur laquelle s'édifient les ef-
forts communs tendant vers un idéal. C'est ce plébiscite
permanent qui, d'après E, Renan, fait d'un peuple une
nation.
Or ce sont précisément les traditions historio-politî-
ques qui sont très fortes chez les Ukrainiens. L'histoire
de sa patrie est une histoire de catastrophes terribles.
L'épouvantable domination des Tatares et une oppres-
sion constante de plusieurs siècles, tout cela vïbre jus-
qu'à aujourd'hui même dans la conscience de l'Ukrai-
nien illettré. Malgré la rareté des pages lumineuses que
compte l'histoire de l'Ukraine, il n'y a pas de peuple qui
aime aussi passionnément son passé que l'Ukrainien ;
aucun peuple au monde ne fête ses héros nationaux avec
autant de piété que le peuple ukrainien. Et en citant ces
faits, je ne songe pas aux Ukrainiens cultivés, qui con-
naissent leur histoire nationale, mais plutôt aux paysans
illettrés qui, dans leurs chansons, invoquent la mé-
moire des expéditions navales contre Constantinople dix
fois séculaires, des anciens princes de la dynastie de
Kiev, des hetmans et des grands capitaines du temps des
Cosaques.
La tradition historio-politique si vivante, même dans
les classes inférieures du peuple, confère à la nation
69
ukrainienne, les traits d'indépendance lès plus im{>t>r-
tants. Seule rignorance de l'histoire de l'Europe orientale
en Europe centrale et occidentale, ainsi que le barème
de l'histoire crusse» dominant fous les traités d'histoire
et que les savants russes ont su perpétuel" jusqu'à au-
jourd'hui, ont pu parvenir à voiler le véritable état de cho-
ses. Nous allons essayer d'établir les lignes directrices
des traditions historiques ukrainiennes en nous servant
des travaux de Kostomariv, Antonovytch, Drahomaniv,
Hrouchevski et d'autres,
La vie historique de la nation ukrainienne était de
toute autre nature que celle des Polonais ou des Russes.
C'est aussi la raison pour laquelle les traditions histori-
ques de ces trois peuples et par conséquent leurs ten-
dances politiques d'aujourd'hui diffèrent complètement
les unes des autres.
Lors même que les historiens de l'Europe orientale
ne se sont pas mis d'accord jusqu'à ce jour, sur la ques-
tion de savoir si l'ancien état tusse à été fondé par les
Varègues (Scandinaves) de ïa Russie Septentrionale ac-
tuelle où par les tribus slaves-orientales de Kiev, il n'est
pas douteux que cette dernière hypothèse soit ïa plus
vraisemfblable. L'anthropogéographie ne connaît pas
d'exemple où une bande de pirates, forte de quelques
mille hommes tout au plus, soit parvenue à fohder un
empire de l'étendue d'un demi continent dans l'espacé de
quelques dix ans. Les Normands ont, il est vrai, fondé un
état en Normandie, à Naples et en Sicile, ils ont égale-
ment pu faire la conquête de l'Angleterre et s'y établir,
mais cela provient de ce que partout ils ont pu exploi-
ter à leurs desseins des organisations poUtiqùesi déjà
existantes. Là où l'organisation politique était encttré à
ses débuts, par exemple dans leur propre pays; lès Nor-
l
I
/
70
mands n'oiit pas fait preuve de grandes capacités pour
ériger deâ étala.
L'ancien empire de Kiev dés^é comme vieux-russe
dans tous les livres d'histoire, était une fondation d'état
du groupe méri<Uonal, des tribus slaves orientales, en
particulier de la tribu des Polanes aux alentours de Kiev;
Les chefs de tribus, qui s'étaient enrichis dans leurs re-
lations d'affaires avec Byzance fondèrent l'état de Kiev.
II. existait déjà au commencement du IXe siècle. Avec la
coopération des bandes mercenaires Scandinaves (Varè-
gues) qui depuis le milieu du IXe siècle étaient à la solde
du prince de Kiev, l'état de Kiev se mit à prendre une
grande expansion au Xe siècle. Les tribus slaves-orienta-
les du nord, c'est-^-dire, les ancêtres des Russes d'au-
jourd'hui, furent subjuguées, les peuples nomades de la
steppe furent refoulés, on entama des relations d'affai-
res et intelleotuelles suivies avec l'empire byzantin. En
l'an 988 le Grand-duc Volodymyr de Kiev adopta en
même temps que son peuple, le christianisme grec avec
le rite slave. Ensuite, pendant le règne de son succès^
seur, Yaroslav le Sage, l'ancienne Ukraine jouit d'une
brillante époque au point de vue de son essor matériel
et intellectuel.
L'ancien état de Kiev, sa culture auissi, sont l'œuvre
des anciens Ukrainiens. Ceci est prouvé tout d'abord par
le fait que les anciens monuments littéraires de Kiev ac-
cusent très nettement les particularités de la langue.
Une autre preuve plus éclatante encore est fournie par
la constitution de l'empire de Kiev, qui résulte de l'amal-
gamation de l'autorité princière nouvellement établie
avec la constitution régionale républicaine primitive des
Ukrainiens.
L'ancienne constitution régionale a été pour la tradi-
71
tien historio-politique des Ukrainiens d'une importance
tout aussi fondamentale que celle de l'empire de Kiev»
Toute l'autorité souveraine reposait à l'origine, entre
les mains de l'assemblée générale de tous les hommes
indépendante dont les décisions étaient exécutées par des
fonctionnaires élus auxquels appartenaient aussi les chefs
guerriers (probablement les princes de plus tard). Dans
le vieil empire de Kiev il a de tout temps existé une con-
tradiction entre la puissance des princes basée sur l'au-
torité militaire, et l'autorité de l'assemblée régionale
sanctionnée par la tradition. Le prince, les gens de sa
suite et la noblesse, des Boïars qui se recrutait petit à
petit parmi les gens de la suite n'ont jamais été sympa-
thiques au peuple. L'empire de Kiev nacquit de l'union
du comanerce avec la guerre, union qui, à cette époque,
était nécessaire. L'organisation politique, calquée sur
l'étranger, introduite par les princes de lai dynastie de
Kiev, était à l'intérieur complètement étrangère à l'oi^a-
nisation sociale et politique, telle qu'elle existait à l'ori-
gine chez le peuple ukrainien, de sorte que l'amalgama-
tion de ces deux éléments fut très difficile, sinon impos-
sible.
Lors même que les assemblées régionales (Yitche —
comme on désigne encore aujourd'hui toutes les assem-
blées politiques des Ukrainiens) r^agnèrent peu à peu
une partie de leur ancienne autorité et que simultané-
ment des infiltrations provenant de la constitution régio-
nale primitive pénétrèrent dans là nouvelle organisation
politique, il n'en demeure pas moins exact que l'état prin-
cier resta toujours un élément étranger pour le peuple.
Il ne faut pas s'étonner, dès lors, si l'état de Kiev n'a
jamais acquis la force qui eût été en rapport avec l'éten-
due de son territoire et l'importance de sa population.
72
Le peuple appuyait avec asténtation tout ce qui était en
était d'aïKaîblir l'autorité de Tétat Durant l'-existence de
rancien empire de Kdev ses Grand-ducs furent constam-
ment obligés de lutter pour la puissance souveraine tant
avec les nobles boiares qu'avec le peuple. Cette restric-
tion de l'autorité princière fut bientôt désastreuse pour
l'empire. L'introductioai du doyennat pour la succes-
sion du trône eût pour conséquence la formation d'une
quantité de principautés partielles placées en quelque
sorte sous une domination nominale du grand-duc de
Kiev. Les Boîars et le peuple favorisèrent avec insis-
tance la formation et le maintien de ces principautés par-
tielles dans le sud.
Il est toutefois très probable qui si seul l'ancien état
de Kiev avait continué de subsister, le peuple ukrainien
aurait pu, lentement, s'accoutumer à une! constitution
d'état basée sur des classes et des privilèges. H est pos-
sible également que le peuple ukrainien eût pu au moyen
âge déjà réaliser la moiiàrchie constitutiotmelle. Toute*
fois il en fût autrement. ^
Affaibli par des partages, l'empire trouva un ennemi
puissant dans le jeune état mosicovite constitué avec les
principautés partidles septentrionales. Kiev fut égale-
ment considérablement affaibli par de sanglantes guer^
res avec l'état moscovite^ si bien- que le centre de. la vie
politique de l'Ukraine dût être transféré, au commen-
cement du XlIIe siècle, à Halytch sur le Dnistr. Mais le
coup qui anéantit l'état de Eaev devait suiigir d'un autre
côté.
La situation géographique du vieil état de Kiev dans
le midi de l'Europe orientale, l'exposait aux invasdons
constantes des hordes nomadesr traversant les steppes dé
l'Ukraine méridionale^ Kiev sut, : dans des guerres inter^
78
minables, les tenir en respect Mais lorsque les armées
de l'empereur mongole Tchingiskhan apparurent dans
les steppes pontihes, les forces de Kiev et de Halitch ne
se trouvèrent pas à la hauteur des circonstances. Leur
armée fut battue dans la bataille sur la Kalka, 1224, et
en 1240 la ville de Kaev fut rasée. La principauté (plus
tard royaume) de Halitch se maintint encore durant un
siècle environ, mais en fin de compte ne put résister ni
aujc Tatares, d'une part, ni aux Polonais et Lituaniens,
d'autre. En 1340 Halitch revint en partage à la Po-
logne et la première organisation politique du peuple
ukrainien fut ainsi anéantie. L'Ukraine entière, sauf les
régions forestières du nord-K)uest, était complètement
ravagée.
L'état polôno-lituanien traita l'Ukraine en pays* con-
quis. Les nobles Ukrainiens, de confession différente au
milieu d'un pays catholique, atteints dans leurs droits,
abandonnèrent leur croyance ainsi que leur nationalité,
pour devenir participants de la «liberté dorée» de
la Pologne. La boui^eoisie, comme d'ailleurs en Po-
logne, fut opprimée, le paysan réduit au servage. La
belle œuvre de l'Union éclésiastique de Rome (Florence
1439, Berestie 1596) fut mal interprêtée et ne donna que
de^ résultats mesquins. Chaque Ukrainien ressentit vive-
ment la pression exercée par le gouvernement polonais
et le mécontentement se traduisit par des soulèvements
répétés. Elntre temps l'état palono-lituaiiien était beau-
coup trop faible pour, défendre l'Ukraine contre les in-
cursions tatares. Venant de la Crimée, ces hordes mon-
tées faisaient chaque année des incursions en Ukraine
jusqu'en Galicie et en Volh3mie, dévastant le pays et le
dépeuplant par des chasses aux esclaves systématique^
ment organisées, qui, durant des siècles, servirent à ail-
74
menter en esclaves ukrainiens les marchés d'esclaves de
l'Orient
Il ne restait plus, à la pauvre nation si durement
éprouvée, qu'à recourir à ses propres moyens de défense.
Cette oeuvre lui réussit en quelque sorte et aboutit même
à une nouvelle foivnation d'état, mais elle épuisa les for-
ces de la nation et prit une fin trapue.
L'état de guerre permanent à la frontière tatare obli-
geait la population ukrainienne de ces régions à être
constanmient sur ses gardes. Cette population frontière
sous les armes menait une vie dangereuse, mais la ré-
gion déserte, riche en trésors naturels, qu'elle avait de-
vant •elle lui était accessible et les autorités polonaises
ne se hasardaient pas à pénétrer dans ces régions-là.
Ses agriculteurs, ses chasseurs, ses pêcheurs armés me-
naient une vie libre et se nommaient cosaques, c'est-à-
dif e guerriers libres.
Au XVIme siècle, il se forma parmi ces cosaques
ukrainiens une organisation d'état militaire ayant son
centre dans une position fortifie Sitch Zaporoh en aval
des rapides du Dnrpr. L'état guerrier de Zaporoh com-
paré par les un'S à un ordre religieux et militaire (à cause
du célibat obligatoire et des luttes contre les infidèles)
par les autres à une république communiste, nous mon-
tre clairement quelle a toujours été la tendance de Tidée
politique ukrainienne. L'organisation de Zaporoh consa-
crait en première ligne l'égalité illimitée de tous les ci-
toyens dans tous les droits politiques et sociaux. La
toute^puissance reposait entre les mains de l'Assemblée
générale de tous les Cosaques Zaporohs. Les fonction-
naires élus, qui étaient en même temps officiers de l'ar-
mée, exécutaient ses décisions. La liberté individuelle
était très grande, mais devait se subordonner à la vo-
75
l6nté de la coipmunauté et lorsque, en temps de guerre,
le pouvoir dictatorial absolu était conféré au fonction-
naire le plus élevé, le hetman, celui-ci acquérait une puis-
sance souveraine à laquelle Tautorité des dominateurs les
plus absolus de l'époque ne saurait être comparée.
La constitution en état aristocratique de la Pologne
ne pouvait pas offrir de place à une forme de gouverne-
ment démocratique aussi illégale que celle des Cosaques
Zaporoh. Le peuple ukrainien, par contre, voyait dans
les Cosaques ses défenseurs naturels contre la terrible
plaie tatare et en même temps son seul appui contre
l'oppression polonaise. Une agitation menaçante r^nait
dans rUkraine entière et les représailles polonaises, qui
devaient tout naturellement se produire, provoquèrent
vers la fin du XVIe et au commencement du XVIIe
siècle des soulèvements de la part des cosaques, aux-
quels la population rurale opprimée se joignit. Mais la
Pologne trop pauvre en troupes permanentes et ne pos-
sédant pas la force suffisante pour anéantir l'organisa-
tion des cosaques devait constamment avoir recours à
l'aide des armées de cosaques dans les guerres contre
les Turcs, les Russes et les Suédois.
Enfin en 1648, les cosaques ukrainiens, auxquels
s'était joint tout le peuple ukrainien, depuis le Dnipr
jusqu'au Sian, déployèrent sous le commandement de
Bobdan Khmelnitzky le drapeau de la guerre d'indépen-
dance. Les armées polonaises furent anéanties et la na-
tion ukrainienne reconquit son indépendance après 300
ans de servitude.
Khmelnitzky transmit après sa victoire sur la Po-
logne l'organisation des Cosaques à tout le territoire de
l'Ukraine.
76
Pressé de toute part, le nouvel état avait besoiti- de
repos^'pour s!organisèr. H fallut beaucoup de temps pour
opérer cette organisation sur un aussi vaste territoire,
pour entreprendre la lutte victorieuse contre Tordre poli-
tique social polonais qui avait dominé si longtemps et
qui était si différent de celui de l'Ukraine. Il fallut beau-
coup de temps pour élaborer des nouvelles formes cons-
titutionnelles devenues nécessaires par le transfert deFor-
ganisation de Cosaques Zaporoh sur des territoires plus
vastes. Khmelnitzky négociait de tous côtés, avec la Polo-
gne, la Transylvanie, la Suède, la Turquie et enfin, menacé
de toute part, il conclut en 1654 le traité de Pereiaslav
avec la Russie correligionnaire. Aux termes de ce traité,
l'Ukraine conservait une autonomie complète ainsi que
sa constitution cosaque sous la souveraineté du tzar. Le
hetman, élu librement par l'assemblée générale, avait
même le droit de mener une politique extérieure indé-
pendante.
Mais la Russie n'avait pas l'intention de respecter le
traité qui faisait de la puissance militaire de l'Ukraine
son alliée. Tout comme la Pologne aristocratique, la Rus-
sie despotique avait en abomination l'idée d'un état dé-
mocratique ukrainien.
Or, lorsque la République cosaque tomba sous la do-
mination de Moscou, le gouvernement russe dût recou-
rir à tous les moyens pour ané^mtir cette dangereuse or-
ganisation. Profitant de la mort de Khmelnitzky (1657) et
de l'incapacité de ses successeurs immédiats, la politique
russe commença son travail d'agitation en Ukraine. Elle
excita les chefs des cosaques contre le hetman, les sim-
ples soldats contré leurs supérieurs, le commun du peu-
ple contre les riches et les puissants en général, opéra
ainsi avec succès au moyen de grosses sommes d'argent
77
I
et en conférant des territoires, et de la sorte pécha en
eau trouble. A chaque élection d'un nouvel hetman, Tau
tonomie de l'Ukraine était rognée et à la paix d'Androus^
sov (avec la Pologne en 1667) le pays fut divisé en deux
parties. Dans la portion de la rive droite du Dnipr, celle
qui fut attribuée à la Pologne, un pays complètement dé-
vasté et dépeuplé, la vie politique ukrainienne et l'orga-
nisation des cosaques dégénérèrent rapidement. Dans la
portion de la rive gauche du Dnipr, le génial hetman
Mazepa tenta de secouer le joug russe à l'époque de la
grande guerre du nord. Il conclut une alliance avec le roi
de Suède Charles XII. Mais la bataille de Poltava, 1709,
anéantit ses espérances. Mazepa dût fuir avec Char-
les XIL en Turquie, le soulèvement ukrainien fut ré-
primé au milieu d'atrocités sans nom et l'autonomie ga-
rantie des Ukrainiens fut supprimée. H est vrai qu'après
la mort de Pierre le Grand, la dignité de hetman fut ré-
tablie, mais elle ne représentait plus qu'une existence
fictive. Ce simulacre d'autonomie prit fin en 1764 et en
1775 le dernier rempart de l'Ukraine — la Sitoh Zapo-
roh — fut prise par trahision par les Russes et détruite.
Le peuple des campagnes fut attaché à la glèbe.
De cette façon la Russie réussit à détruire complèr
tement le nouvel état ukrainien dans l'espace de moins
d'un siècle et demi. Les intrigues constantes menées si-
multanément en Pologne par la politique russe, préparè-
rent également la fin de cet état Dans les partages de la
Pologne 1772—1795, tout le territoire occupé parle peuple
ukrainien, à l'exception de la Galicie orientale et de la
Boukovine qui furent attribuées à l'Autriche, tombèrent
sous la domination russe.
Toutefois, la Russie ne s'en tint pas à la domination
politique seulement. Dès le XVIIe siècle elle remarqua
78
qu*au point de vue de la langue, des mœurs et des idées
les Ukrainiens différaient complètement d'eux. Cesi la
raison pour laquelle le gouvernement russe s'attaque
avec une constance toute particulière à ces différences.
I>é}à en 1680, la littérature religieuse en langue ukrai-
nienne fut entièremen/t interdite. En 1720 fut promul-
guée l'interdiction d'imprimer des livres en ukrainien.
Les écoles ukrainiennes furent fermées. Vers le milieu
du XVIIIe siècle il y avait dans le pays de Tchernyhiv
866 écoles, fondées à l'époque de l'autonomie ukrai-
nienne ; 60 ans plus tard plus aucune n'existait ! C'est
à cela et à l'introduction dans les écoles de l'incompré-
hensible langue russe, qu'il faut attribuer le terrible anal-
phabétisme que l'on constate en Ukraine.
L'église orthodoxe ukrainienne qui, en dépendance
très relâchée du Patriarche de Constantinople, jouissait
d'une autonomie complète, fut mise sous la juridiction
du Patriarche de Moscou d'abord, puis sous celle du
Saint-Synode et conàplètement russifiée.
Le rite oriental qui avait beaucoup d'adhérents dans
l'Ukraine occidentale fut complètement opprimé par le
gouvernement russe et ses adeptes forcés par de terribles
persécutions de «revenir» à la confession orthodoxe. Le
peuple ukrainien fut ainsi dépouillé de ce qui fut son
^lise nationale, ravalée maintenant au rôle d'un instru-
ment de russification.
Les guerres libératrices sanglantes que la nation
ukrainienne dut soutenir contre ia Pologne et la Russie
ne lui amenèrent pas^ la réalisation de son idéal politi-
que de liberté, d'^gsdité et de la forme de gouvernement
constitutionnelle démocratique. A la place de ces prin-
îCipes sains et forts, il régnait au contraire une terrible
79
oppression politiqu<e» sociale et nationale menaçant d'une
ruine certaine la nation martyrisée.
Toutefois, la russification des Ukrainiens n'avait au-
cun succès. Beaucoup parmi les intellectuels renoncè-
rent, il est vrai, à leur nationalité, soit dans le but de
faire carrière ou pour d'autres raisons; quelques-
uns, comme Gogol, devinrent mêmes des coryphées de la
littérature russe. Mais le sentiment de rindépendance na-
tionale et la tradition historique vivante subsistèrent et
se développèrent de plus en plus malgré les nombreux
obstacles. L'essor de la littérature ukrainienne y a le plus
contribué.
L'idée nationale redevint vivante premièrement dans
l'Ukraine russe, où tout d'abord eUe se remit en contact
avec la tradition de l'andenne autonomie du pays. Déjà
dans les années quarante du XIXe siècle, l'idéologie na-
tionale de l'Ukraine moderne était parachevée dans ses
grands traits. Elle pénétra alors assez rapidement dans
l'Ukraine autrichienne, et la Galicie notamment ne tarda
pas à devenir le Piémont national de la nation ukrai-
nienne opprimée par la Russie.
Les aspirations politiques actuelles de la nation ukrai-
nienne, sont la continuation directe de ses anciennes as-
pirations et un résultat logique de là tradition histori-
que ukrainienne. L'idéal de ces aspirations était et de-
meure la liberté et l'égaUté de tous les citoyens et la par-
ticipation de tous au gouvernement et à la législation.
Ce n'est que maintenant que cet idéal cesse d'être un ana-
chronisme; ce sont les temps présents qui ouvrait à
l'Ukraine un champ d'activité politique ; ce n'est qu'au-
jourd'hui, que les formes de la vie poUtique, recherchées,
hélas sans succès, par la nation ukrainienne dans les
siècles passés déjà, sont devenues le patrimoine com-
80
mun de rhumanité toute entière. Dès lors nous pouvons
envisager Tavenîr avec confiance. Les temps sont
enfin venus où la nation uikrainienne peut déployer libre-
ment sa vie politique, où les idéals politiques qui pen*
dant des siècles furent les objets de la vénération de
cette nation, sont devenus la propriété commune du
monde civilisé tout entier.
L'idée nationale ukrainienne ayant à l'origine des as-
pirations modestes passa successivement dans son déve-
loppement à la réalisation de buts plus élevés. L'on ar-
riva généralement à la conclusion que l'épanouissement
libre de la nation ne pourrait se produire qu'en dehors
de la Russie. C'est pourquoi une Ukraine démocratique
indépendante devînt l'idéal suprême du XXe siècle. C'est
vers ce but que tendent aujourd'hui tous les partis po-
litiques de l'Ukraine.
Les traditions historio-politiques de la nation ukrai-
nienne sont totalement différentes de celles des nations
avoisinantes. La tradition historio-^politique polonaise est
la tradition d'un ancien grand empire qui fut probable-
ment érigé sur une constitution régionale tout comme
l'ancien état ukrainien. Le destin permit, cependant à
la Pologne de survivre à la triste période des partages
et des guerres civiles tandis que l'ancien empire de Kdev
était anéanti par les Mongoles. La Pologne se consolida
en un empire puissant et unifié, des influences occiden-
tales anéantirent complètement l'ancienne constitution
régionale, le bas peuple fut réduit au servage, et il se
forma trois classes : l'aristocratie, la noblesse et la bour-
geoisie. A la suite de guerres et surtout par son union
avec la Lituanie, la Pologne s'agrandit considérable-
ment, comprenant parfois toute l'étendue du pays entre
la Baltique et la Mer-Noire pour devenir au XVe siècle
81
le plus puissant état de TEurope orientale. G^est à cette
époque que les Polonais étendirent leur domination sur
ées Lituaniens» les Blancs Ruthènes et les Ukrainiens.
Toute l'idéologie d'une nation dominatrice a passé dans
le sang des Polonais.
C'est du reste cette qualité d'ancien peuple domina-
teur qui constitue entr'autres la base de l'aristocratisme
des traditions historio-politiques des Polonais. Cet aris-
tocratisme a d'aUleurs une base plus essaitielle encore
dans le développement historique dt la société polonaise.
La classe bourgeoise tomba rapidement en décadence, en
Pologne, la noblesse et le magnatisme dominaient toute
la vie politique, sociale et intellectueUe, de sorte que la
société polonaise était, durant les derniers siècles de
l'existence de l'empire de Pologne, une société absolu-
ment aristocratique noble s'appuyant sur la classe bour-
geoise et la classe des paysans complètement opprimés.
Lors même qu'à l'intérieur de la République noble régnait
souvent une sorte d'ochlocratie ou même d'anarchie, les
rois n'ayant que des pouvoirs fort limités, ces situations
politiques avaient néanmoins un cachet aristocratique.
Cette tradition aristocratique a eu pour conséquence que
les courants démocratiques ont rencontré fort peu de
sympathie, jusqu'à ce jour, parmi les Polonais. Même
les démocrates socialistes sont pénétrés de la grande
idée de l'état polonais.
n résulte de ce que nous venons de voir que les tra-
ditions historio-politiques des Polonais diffèrent com-
plètement de celles des Ukrainiens. Les aspirations ac-
tuelles, sont, elles aussi, complètement différentes. Les
Polonais, avec une endurance admirable, chacun d'entre
eux y mettant toute sa sympathie, aspirent à la réédifi-
cation de leur état indépendant non pas dans les fron*-
82
tières ethnographiqu'cs, comme les Ukraîniens, mais bien
plutôt danis les anciennes frontières historiques, de la
Baltique jusqu'au Dnipr et à la Mer-Noire. Pour atteindre
ce but, les Polonais cherchent avant tout à entraver les
peuples voisins, les Lituaniens, les Blancs-Ruthènes,
les Ukrainiens, etc. et si possible à les assimiler. Tous ces
efforts créent aujourd'hui les conflits très violents qui
surgissent entre les anciens dominateurs et leurs anciens
sujets.
Les traditions historio-politiques russes sont aussi dif-
férentes et opposées à celles des Ukrainiens que le
sont les traditions polonaises, mais dans im sens tout
différent.
L'état moscovite s'est constitué au moyen des princi-
pautés partielles que l'ancienne dynastie de Kiev avait
fondées parmi les tribus slaves orientales du nord et les
peuplades finnoises. Le mélange des Slaves et des Fin-
nois constitua la base de la nation russe ou moscovite
d'aujourd'hui. C'est cette dynastie qui adopta la déno-
mination de «russe». Mais l'état était en réalité mosco-
vite, car le peuple moscovite donna à l'état une significa-
tion qui différait complètement de la signification
de l'ancien empire de Kiev. Déjà au Xlle siècle nous
remarquons les aspirations du peuple moscovite en fa-
veur de son état, à la centralisation et à la domination
par des princes. Il prête son concours au prince pour
nûner l'importance de la noblesse des Boïars et du
clergé, et lui aide à obtenir dans l'état une puissance ab-
solue ou même despotique. Ce n'est pas comme chez les
Ukrainiens ou comme dans certaines classes des Polonais
l'égalité des droits et la liberté en faveur de tous les ci-
toyens qui forme la base de la tradition historio-politi-
que du peuple russe, mais plutôt l'autorité despotique du
83
GrandHdUfC, qui plus tard sera le tzar. L'autorité absolue
du dominateur, ce cauchemar perpétuel pour les Polo-
nais comme pour les Ukrainiens, est vénéré par les Rus-
ses comme une relique nationale et leur fournit les mo-
yens d'édifier un empire gigantesque prêt à engloutir
aussi bien la Pologne que l'Ukraine. La deuxième moi-
tié du XVI siècle est la période qui se prête le mieux à
établir une comparaison entre les trois nations voisines.
A l'époque où en Ukraine se constituait la République,
radicale démocratique des Cosa^es et lors que les mou-
vements populaires commençaient à se produire, à l'épo-
que où la Pologne devint pour l'aristocratie et la noblesse
le paradis doré de la liberté sous une royauté dénuée de
vigueur et au milieu d'un peuple opprimé, nous assis-
tons en Russie aux orgies sanglantes du despotisme d'un
Ivan le Terrible.
La tradition historio-^politîque du peuple russe place
le tzar à une très faible distance de Dieu. Le peuple en-
tier, sans distinction de classes, est l'esclave (kholopy)
du tzar, sa propriété. L'individu pris isolément ne compte
pour rien, tout doit être sacrifié pour le bien général de
l'état personnifié par le tzar. Les réformes ordonnées
par Pierre le Grand n'ont eu aucime portée pour la tra-
dition historio-politique russe, lors même qu'elles ont
donné à la Russie l'apparence extérieure d'un état civi-
lisé. Tout au plus ont-elles raffermi le prestige de la mo-
narchie du tzar, au moyen d'arguments empruntés
à l'absolutisme d'occident. Même la révolution ne
fut pas capable d'affaiblir cette tradition historique
russe. Elle mina tout au plus son importance dans un
certain nombre de cercles intellectuels russes. Et, même
dans ces cercles, il ne se produisit qu'oin changement
84
dans Tautarité, pour laquelle tautefofe l'esprit national
russe conserve toujours la même vénération.
Les aspirations actuelles de la nation russe sont à
peine ébauchées. Néanmoins on peut déjÀ reconnaître
nettement qu'elles suivront le chemin des traditions sé^
culaires. L'accroissement et l'affermissement constant de
l'empire ainsi que l'assimilation de tous les peuples
étrangers, y compris les Ukrainiens, seront toujours le
point cardinal de leurs préoccupations. Le monde mos-
covite a toujours été des plus intolérant poirr les croy-
an<^s, les langues et les mœurs étrangères, et cette in-
tolérance persiste et persistera encore à l'avenir, alors
même qu'elle saura se dérober adroitement en toutes
occasions.
> ,
La culture ukrainienne.
L'Ukraine eut à subir de& influencés diverses. Etaiit
donné sa situation géographique, TOrient et rOccident
s'y rencontrèrent et s'y mêlèrent. De là les influences de
l'Orient (greconbyzantin et arabo-^perse), puis celles de
l'Occident (Scandinaves et germano-polonaises).
Les Ukrainiens, dès leur réunion à la Lituanie-Polo-
gne furent attirés dans la sphère de domination de l'Eu-
rope occidentale civilisée. Jusqu'à la fin du XVIIIê siè-
cle ils demeurèrent sous cette influence. C'était lors des
partages de la Pologne, à l'occasion desquels la presque
totalité des pays ukrainiens furent incorporés dans l'Etat
moscovite.
Dans leur ensemble, ces influences mutuellement op^
posées, revêtent un caractère particulier que l'on peut
désigner sous le nom de culture ukrainienne.
'De même qu'en Europe occidentale on y remarque
un individualisme très accentué. L'esprit d'association
y est très développé, c'est ce qui apparaît très nettement
dans le domaine inteUectuel et dans l'activité économi-
que du peuple ukrainien.
De tout temps, ractiuité politique de l'ancienne
Ukraine a tendu à Tidée d'une monarchie électorale à
puissance centrale demi-absolutiste, reposant sur l'indé-
pendance des classes et la liberté ? personnelle. Ce prin-
cipe s'est manifesté dans les inistitutions des anciennes
principautés ruthènes, dans l'hetmanat (des XVIIe et
XVIIIe siècles ainsi cjue dans une partie du XXe), les dit
vers traités de protectorats conclus avec les puissances
voisines en font foi. On y trouve une singulière concept
lion de la notion de «souverain» et de sujet, préjugé pro^
m
fondement enracinée dans l'histoire politique du pays,
creusant un abimè infranchisaable entre les notions po-
litiques pratiquées en Ukraine et les idées moscovites de
l'état et des droits du souyerain»
A ravènement des temps nouveaux» cet idéal, céda le
pas à la monarchie constitutionnelle. C'était en 1710^ 21
ans après» la ^Déclaration of rîgf/ife» et 79 ans avant la ré--
volution française qu'il parut un projet de constitution
ukrainienne, plaçant la puissance suprême de la Répu-
blique entre les mains d'un parlement composé de re-
présentants de la nation élus librement. Le développe-
ment normal de cette idée fut troublé par l'intervention
de la Russie, mais l'idée subsista néanmoins comme ime
utopie politique pour exercer plus tard une influence
considérable sur les institution de la nouvelle Républi-
que ukrainienne.
C'est dans le domaine ecclésiastique, que l'originalité
de la culture ukrainienne s'est manifestée de la façon la
plus intense : Les religions suivantes se partagaient l'U-
kraine : 1** la religion catholique-grecque (Uniate), pra-
tiquée dans toute l'Ukraine occidentale, jusqu'au Dnipr,
et bâillonnée en 1836 par le tzarisme, 2^ la religion grec-
que orientale (Orthodoxe), à laquelle appartenait dès les
débuts l'Ukraine orientale et dès 1836 aussi l'Ukraine occi-
dentale (à l'exclusion de la Galicie). Les catholiques ukrai-
niens {Uniates) priraient dans la langue slave ancienne,
mais pour le pape. Us maintinrent l'ancien rituel, mais
adoptèrent par contre les dogmes de l'Eglise de Rome.
Quant aux Orthodoxes ukrainiens, ils conservèrent beau-
coup de particularités, l'Egllise moscovite soit dans l'ad-
ministration, les coutume» soit dans le pouvoir suprême
l'élection du clergé, ce qui les faisait paraître aux yeux
des Russes bien pensant comme «faux chrétiens» ou
•"'v-,
87
< chrétiens inférieurs»^» suspects de latinisme. En dehors
de toute forme extérieure la reH^on des Ukrainiens est
caractérisée p^r une a^ente foi intérieure et le mépris
de tout simulacre. C'est la raison pour laquelle les sec-
tes qui conmie en Russie» vivent de rite, et de cérémo-
nies, n'ont Jamais pris pied en Ukraine.
U organisation socicde de la société ukrainienne se
rapproche plutôt de celle de l'Europe occidentale que de
celle de la Russie. Tandis que la société russe était do-
minée par un état autocratique» usant de contrainte à
l'égard des groupes sociaux, l'Ukraine, depuis longtemps
déjà, comptait des classes puissantes vivant de leur vie
propre indépendante de l'état, tels, par exemple : l'aris-
tocratie rurale indépendante, le clergé indépendant, les
paysans presque libres, les villes gouvernées selon le droit
de Magdebourg, etc. De même que les villes jouissaient de
liberté dans l'état, l'individu était libre dans sa commu-
ne ; depuis longtemps déjà, l'Ukraine ignore ce qu'est le
communisme villageois. Comme son camarade français,
il est à ce point de vue individualiste parfait et partisan
du principe de la propriété privée. Au cours des siècles,
la Russie réussit à dénationaliser les classes supérieures
de l'Ukraine, mais elle ne parvint pas à exercer son in-
fluence dissolvante sur la solidarité d'intérêts et le pa-
triotisme de classe profiMidément enraciné dans toutes
les couches de la population. C'est précisément cette fer-
meté des classes et surtout des paysans, qui en Ukraine,
fut rocher contre lequel tous les plans des autocrates
russes vinrent se briser.
La vie matérielle en Ukraine n'est pas en rapport aux
forces productives et aux possiiiblités économiques du
pays. Entravé dans son développement culturel par la
domination étrangère, le «grenier de l'Europe» est loin
88
ée produire eç; qu'il serait possible d'en • ^irer dans de
mdlleures conditions. Néanmoins, la vie matérielle de la
majorité du peuple ukrainien accuse dans ses différen*
tes . manifestations : famille, ménage, vêtements, culte
national, un degré de développement supérieur à celui
de ses voisins polonais ou russes.
La culture intellectuelle de l'Ukraine, lors de son rat-
tachement à la Russie, surpassa celle de ce dernier pays.
Tandis qu'en Russie le latin était encore inconnu, les
Ukrainiens possédaient déjà au XVIIe siècle une univer-
sité à Kiev, ainsi que nombre d'écoles dans lesquelles
le latin et grec étaient enseignés. Tandis que tout ce qui
provenait de «l'occident» était réputé «diabolique» en
Russie, et qu'en 1649 im oukase du tzar ordonnait l'anén-
tissement de tous les instruments de musique dans l'em-
pire, les hetmans ornaient leurs* palais et leurs ^ises de
peintures provenant d'artistes occidentaux et la musique
était en honneur en Ukraine. Ces débuts d'une riche cul-
turei intellectuelle furent systématiquement détruits par
la Russie. Mais grâce à la haute intelligence du peuple, à
son désir très prononcé d'instruction, les traditions po-
pulaires de l'Ukraine persistèrent et la musique, les let-
tres et les arts populaires peuvent être considérées comme
la base de son développement
Ge qui al>partient en propre à la culture ukrainienne
et la- rapproche de celle des peuples de l'Europe occiden-
tale, c'est Ze ccuractère de m psychologie nationale. La
différence est d'autant plus marquée lorsqu'on compare
les Ukrainiens aux Russes. D'un côté, l'activité, d'une so-
ciété consciente de ses droits et nullement entravée, de
l'autre côté, mollesse, manque d'esprit d'opposition, sou-
mission passive orientale à l'autorité. Tandis que la so-
ciété de Moscou passive, acceptait bénévolement la stu-
■>. '
89
pide tyrannie d'un Ivan k Tterrïïble, tandis que le pay-
san russe supportait sans mot dire le traitement inhu-
main que lui fait subir son maître» l'Ukraine organisait
aux XVIe et XVIIe siècle une série de révolutions con-
tre les institutioiis socialea et politiques encore, féodales
de la République polonaise. Tandis que le clergé russe
se résignait à l'abolition du patriacat et perdait avec lui
le dernier vestige de son indépendance à l'égard de l'état,
le clergé ukrainien (à l'époque polonaise) opposait une
résistance considérable au catholicisme guerrier et (au
temps de Nicolas 1er) une résistance non moins vive à
l'orthodoxie imposée. Cet esprit entreprenant et actif,
les Ukrainiens le conservèrent jusqu'aux derniers jours.
Les troubles des paysans de l'Ukraine en 1902 furent le
signal de la révolution de 1905 contre le tzârisme et les
Ukrainiens opposèrent également les premiers une ré-
sistance au régime bolchéviste en Russie*
Ces propriétés du génie national ukrainien résultent
du respect de soi et de la discipline personnelle, réflé-
chie de chaque individu. L'Ukjnainien a un esprit d'ordre
prononcé, un sentiment de très laiige tolérance à l'égard
de son prochain^ de la femme, de la re^gion et des na-
tionalités ; enfin il a un esprit d'association très déve-
loppé (le mouvement coopératif moderne florissait, parmi
les pays de l'ancienne Russie, tout particulièrement en
Ukraine). Tout ceci fait de l'Ukrainien, dans son ensem-
ble, un type de haute culture et susceptible d'un déve-
loppement social très étendu. Ces caractéristiques, de
même que les traditions politiques et sociales et l'idéal
religieux du peuple ukrainien le relie indubitablement à
la commimauté culturelle de l'Europe occidentale.
L*Art ukrainien.
Les débuts de l*art ukrainien remontent à la plus haute
antiquité. L'archéologie a démontré^ par exemple^ que
Kiev, la capitale de l'Ukraine est une des a^lomérations
les plus anciennes de l'Europe. Il est établi que l'homme
des cavernes et celui de l'époque du mammouth vivait
déjà sur son territoire. L'archéologie a prouvé également
que Kiev était habitée plus de quatre mille ans avant no-
tre ère. De même dans toute l'Ukraine, on rencontre des
traces de la vie humaine des toutes les périodes de l'hu-
manité. Avec les vestiges de l'homme préhistorique on
trouve naturellement aussi des traces de son art primi-
tif. Mais l'état actuel de l'archéologie nous oblige à con-
sidérer ces restes d'art primitif plutôt comme des in-
dices de développement que comme un art proprement
dit.
La vraie histoire de l'art ukrainien commence au
IXe ou Xe siècle de notre ère ; en même temps que l'his-
toire documentaire de l'Ukraine. Nos connaissances sur
l'art monumental précédant le IXe siècle sont plutôt ba-
sées sur des sources documentaires que sur l'étude des
vestiges de ces mouvement mêmes. Mais, autant qu'on
peut en juger, à cette époque déjà l'art ukrainien suivait
un mouvement progressif en rapport avec celui des Grecs
et des pays de l'Occident. Les œuvres d'art du Xle siè-
cle qui ont subsisté, les temples majestueux de Tcherny-
hiv et surtout de Kiev révèlent les relations artistiques
avec l'Occident et avec l'Orient. Ils représentent des mo-
numents d'art de premier ordre pour l'Europe de ce
temps.
91
Les restes de la cathédrale de Tchernyhiv et ré^i3e
du Sauveur de Berestiv, les plus anciens édifices ukrai*
niens de l'époque du grand prince Vladimir le Saint, ac-
cusent les principe du style roman en honneur alorsi
dans toute l'Europe. Les cihapitaux des colonnes de cette
cathédrale, par exemple, se rapprochent des chapitaux
d'Hildesheim. La catiiédn|ile du Xle siècle de Ste-Sophie
à Kiev, très bien conservée jusqu'à nos jours, avec son
riche et grandiose ensemible de mosaïques et de fres-
ques révèle le travail des maîtres byzantins venus en
Ukraine, des diverses parties de l'Empire de Byzance.
Tandis que dans les monuments cités, on remarque
l'influence de l'Europe occidentale — style roman — et
de l'Europe orientale — style byzantin — le génie ukrai-
nien fusionne bientèt, dans son esprit national, des deux
styles et crée un style ukrainien particulier — romano-
byzantin. Les ^lises de St-Michel et de St-Cyrill à Kiev,
d'une magnificence extraordinaire et d'une richesse de
formes architecturales et d'ornements en fresques, ca-
ractérisent ce style.
Déjà dans la cathédrale de Ste-Sophie, à côté des
artistes byzantins, on trouve une riche collection de fres-
ques profanes des maîtres indigènes ukrainiens. Indé-
pendamment de leur valeur artistique, elles représen-
tent un tableau sans égal de la vie ukrainienne de ce
temps. Les mosaïques et les fresques du Xlle siècle dans
les églises de St-Michel et de St-CyriU ont été entière-
ment créées par des maîtres ukrainiens de l'école de
Kiev. On peut affirmer que nulle part en Europe, au nord
des Alpes, on ne rencontre d'aussi belle et aussi artisti-
que peinture murale que celle de ces monuments.
Tandis que l'Europe occidentale a conservé de l'épo-
que romano-èyzantine de beaux monuments d'architec-
92
tijre €t <ie sculpture»; le génie artistique ukrainien de ce
teimps a devancé lïlurope dans le domaine de la pein-
ture^ grâce au voisinage de Byzaiice, Ce fut la première
grande époque d'éçlosiQn de Fart ukrainien. Déjà au
XlUe et en partie au XlVe siècle, le style romano-byzan-
tin s'est épanoui en* Ukraine, et parmi les monuments de
ce ' style on peut citer Téglise de St-Pantaléon à HaUtch,,
la peinture murale dans Téglii^e de Bakota au bord du
Dnistr etc.
On peut dire qu'à partir de la seconde moitié du
XlIIe siècle, le centre de la vie politique et intellectuelle
s'est transféré des bords de Dnipr sur le haut Dnistr et
en Polissie (r^ons des forêts), Cie fut l'époque d'op-
pression des nomades de l'Orient et des régions russes
du nord qui voulaient se séparer de l'Ukraine, et c'est en
Polissie que se sont conservés les monuments de l'art
ukrainien de l'époque qui a suivi celle du style romano-
•
byzantin. Ainsi, les monumentis de l'art ukrainien en
style gothique sont conservés à Lviv (Lemberg), l'église
de Ste- Paraskeva, à Soutkovtzi en PodoHe, etc., et celles
de St-Pierre et Paul à Kiev, Toutefois, l'Ukraine passait
alors par un moment de crise tel que les monuments de
style gothique en Ukraine ont un caractère provincial
qui ne peut être comparé aux monuments gothiques de
l'Europe ocddenitale.
Mais l'Ukraine continue d'exceller, dans l'art de la
fresque. Quittant le domaine purement décoratif du
style romano-byzantin, la peinture murale de l'époque
gothique se lance dans le vrai réalisme. Et c'est du XVe
siècle que nous sont restées des séries de fresques de
style gothique ukrainien dans les chapelles du château
de LubUn, dans la chapelle de Sandomir et dans la cé-
lèbre chapelle des JageUons au . Babel à Gracovie. Pour
93
exécuter les travaux dé peinture de cette chapelle, un
des rois polonais de la maison des Jagellons avait dû
faire venir des peintres de lUkraîne, car il n'en aurait
pu trouver ni en Pologne, ni en Euroi>e occidentale aii
nord des Alpes. Comme on le sait, le style gothique en
Europe ne favorise nulle part, excepté en Italie et eu
Ukraine, la peinture sut deis grandes surfaces murales.
Depuis le XVIe siècle déjà en Ukraine, le style de la
renaissance s'épanouit beaucoup plus que le style gotihi^
que de l'époque précédente. Les plus beaux exemples de
ce style sont représentés par l'élise de la Confrérie à
Lviv. Dans sa chapelîe d'une incomparaible beauté,
on voit clairement, ausisi bien dans la construc-
tion des voûtes que dans les proportions et dans la di-
visions des masses architecturales, l'influence de la re-
naissance italienne avancée. Mais la préférence qu'ont
les Ukrainiens de bâtir une église de trois coupoles ali-
gnées y domine; ce type préféré du temple ukrainien,
•
l'église à trois coupoles est mentionnée déjà dans de très
anciennes koliadki (chants de Noël) ; le plus ancien mo-
dèle de ce genre d'église est réalisé dans celle de la Con-
frérie de Lviv et paiement dans sa chapelle. Ces trois
coupoles ukrainiennes sont si harmonieusement unies
dans l'édifice avec le caractère général de la renaissance
qu'il faut croire que les artistes ukrainiens étaient déjà
maîtres du style de la renaissance avant la construction
de ces églises. En harmoniisant ce style aux formes ukrai-
niennes préférées, ils ont créée dans la chapelle de cette
église un chef d'œuvre accompli de l'art ukrainien de
l'époque de la renaissance.
A la même époque de la renaissance, la peinture
ukrainienne s'est portée tout particulièrement sur la
peinture sur toile, tout en subissant et en s'assimilant les
influences allemandes (souabo-frânconniennes), hollan-
daises et surtout italiennes de la renaissance de la pre-
mière période. Un des meilleurs artistes de ce temps est
Fedousko de Sambor dont la célèibre «Annonciation» au
Musée de Volhynîe atteste les iniluences de l'école flo-
rentine de Verocchîo.
Le développement de la gravure ukrainienne et de
rimprimerie remonte à la même époque. Le premier im-
primeur moscovite Fedorov fut obligé d*émigrer de la
Moscovie sauviage d'alors en Ukraine et travaillait au ser-
vice des princes ukrainiens Ostrojskis. H entra ensuite
dans la Confrérie de Liv, mourut en cette ville, et fut en-
terré dans l'église de la Confrérie.
Au XVIe siècle le centre de la vie politique est trans^
féré de nouveau sur les bords de Dnipr et Kiev renaît
capitale du pays ukrainien. Au commencement du
XVIIe siècle apparaît à Kiev le premier protecteur des
beaux-arts et des sciences — Petro Mohyla, le fils du duc
(hospodar) de Moldavie, qui faiit restaurer les vieilles
^lîses de Kiev et en fait édifier de nouvelles. Comme
toute l'Europe à cette époque, l'Ukraine au XVIIe siè-
cle s'approprie elle aussi le style universel européen —
baroque, mais elle l'imprègne, comme elle l'a fait précé-
demment avec les autres styles, de l'esprit, de l'imagi-
nation ukrainienne, et développe ainsi le riche ba-
roque ukrainien, ou comme on l'appelle aussi le ba-
roque cosaque, car les maîtres et les artistes de ce temps
sortaient souvent du milieu des Cosaques; les mécènes
en étaient des hetmans et des chefs cosaques. Les mé-
cènes cosaques les plus connus furent les hetmans Sa-
moïlovitch et surtout Mazepa et le kochevy (un des gra-
des supérieurs de l'année des Cosaques Zaporogues) Kal-
nychevsky.
95
Toute l'Ukraine sur les bords du Dnipr s'orna de
belles églises en maçonnerie et d'édifices laïques dans le
style du baroque cosaque. C'est à cette époque que l'on
doit les cathédrales de Pereyaslav et de Kozeletz, les cou-
vents de Priloukî, Loubni, Tchemyhiv, Kharkdv, Lviv, une
grande quantité d'église et de monastères à Kiev, les pa-
lais des hetmans à Tchyhyryn et Batouryn, le palais de
l'Evéque, l'Académie de Kiev et beaucoup d'autres édi-
fices.
Le génie ukrainien avait appliqué le style baroque
aux constructions de bois. En l'harmonisant avec les an-
ciennes formes préférées ukrainiennes, il avait fim par
créer un type très original d'église ukrainienne en bois,
type qui domina en l'Ukraine jusqu'au moment où un
décret du tzar défendit de bâtir les églises dans le style
ukrainien, c'est-è-dire jusqu'à la deuxième moitié du
XIXe siècle.
A l'époque du baroque non seulement l'architecture
mais aussi les autres branches des beaux-arts, notamment
l'art décoratif se développèrent en Ukraine. Les égli-
ses et les palais baroques cosaques sont pour la plupart
richement ornés à l'extérieur ainsi qu'à l'intérieur de dé-
corations pittoresques. Les échantillons les plus anciens
de l'ornement ukrainien remontent au XVIIe siècle ;
l'ornement baroque de l'Occident et les riches motifs
d'ornement de l'Orient s'amalgamèrent de nouveau
comme six siècles ^auparavant à la première période de
l'édosion de l'art ukrainien. S'inspirant de leur génie
nationail, les Ukrainiens, inventèrent des ornements ex-
trêmement riches qui devinrent créations nationales. Ce
furent des tapis, des ceintures et d'autres ouvrages de
tissage ; broderies de vêtements civils et sacerdotaux,,
étoffes imprimées et autres ouvrages d'orfèvrerie et de.
96
joaillerie» des ciliches, des coupes, des garnitures métal-
liques de vêtémeatSy ouvrages en fer forgé, émaux déco-
ratifs, carreaux de faïence et toutes sortes de vase en
terre cuite, ouvrées de verrerie, de sculpture sur
bois, etc.
Le style baroque perfectionné par l'esprit ukrai-
nien avec l'appoint considérable de Télément orien-
tal s'est imprégné à un tel degré du caractère national
ukrainien dans toutes les manifestations d'art monumen-
tal et décoratif, que jusqu'à aujourd'hui le baroque
ukrainien est considéré comme le style ukrainien par
excellence.
Cette époque dans l'histoire de l'art ukrainien est une
véritable renaissance.
L'art ukrainien continua à se développer brillant
jusqu'à la moitié du XVIIIe siècle, quand le riche
baroque fut remplacé par l'élégant rococo. L'église de
St-André à Kiev, construite par Rastrelli, ou d'église de
St-Pierre et St-Paul près de Mejihorié, que Kalnychevsky
fit construire à ses frais — sont de magnifiques mo-
dèles des formes architecturales du style rococo — la
première aveô prédominance des influences de l'Europe
occidentale et la seconde — avec prédominance ' du
caractère national ukrainien. La libre imagination créa-
trice du peui^e a facilement appliqué l'esprit ro-
coco à l'ornementation, qui, dès le XVIIIe siècle, de-
vient plus légère, plus sentimentale et plus enjouée. C'est
surtout la peinture ukrainienne qui atteint à la fin du
XVIIIe siècle un d^ré de développement élevé. Dans les
travaux du peintre Dmytro Levitiky de Kiev, fils et pe-
tit-fils de peintres et graveurs ukrainiens, l'art du por-
trait ukrainien égale celui des meilleurs peintres anglais
et français de l'époque (portrait de Diderot, peint par
97
Levitzky, au Musée de Genève). Le dessin académique a
été mis à égale hauteur des meilleures productions euro-
péennes par Anton Lossenko. Au commencement du
XlXe siècle apparaît Borovikovsky, successeur de la
renommée de Levitzky et son élève. Il est souvent com-
paré par la critique étrangère aux grands portraitistes
anglais de l'époque et considéré même comme supérieur
aux portraitistes français. Enfin, la sculpture ukrainienne
fut rendu célèbre par Martos dont interprétation sur-
passe Canova,
Mais à la fin du XVIIIe siècle le régime tzariste com-
mence à persécuter avec une sévérité particulière toutes
les manifestations de l'art ukrainien. Des décrets spé-
ciaux défendent la construction d'églises dans le style
ukrainien et les meilleurs artistes ukrainiens, entre au-
tres Levitzky, Borovikovsky, Lossenko et Martos furent
obligés de s'établir à Pétersbourg. C'est avec les noms
de ces trois peintres que la peinture russe commence
son histoire. Les artistes qui ne voulaient pas
mettre leur talent au service de la Russie (comme plus
tard le génial Chevtchenko) étaient déportés en Sibérie
où on leur défendait de peindre et de dessiner. Mais mal-
gré les défenses, le dernier style universel européen —
Empire — apparaît aussi en Ukraine. Il y gagne un ca-
ractère intéressant et vraiment ukrainien. Après l'em-
pire, l'époque de la deuxième moitié du XIXe siècle fut
l'époque incolore d'éclectisme dans l'art, et reste dans
rhistoire de l'art ukrainien la page la plus sombre.
Nous avons mentionné que le dernier peintre notable
de l'époque du style Elmpire, le poète Chevtchenko fut
exilé et qu'on lui défendit de travailler aux beaux-
arts. On obligeait les autres artistes ukrainiens à
s'établir à Pétersbourg ou à Moscou et à travailler au pro-
7
98
fit de l'art russe. Parmi ces artistes se trouvaient des ro-
mantiques comme Venezâanov et Troutovski, des réalistes
comme Kramskoy, Yarochenko, Riepine, des académistes
comme Semîradsky ; originaire de l'Ukraine au-delà des
Carpathes le célèbre Munkaczy s'établit pour toujours à
Paris et c'est là qu'il fit toute sa carrière d'artiste. De
même les paysagistes ukrainiens comme Âivazovski et
Kuindji durent se fixer à Pétersbourg. Ce sont donc les
peintres ukrainien ci-dessus désignés qui avec beaucoup
d'autres dont les noms sont omis dans cet ouvrage, tra-
vaillèrent pour l'art russe et contribuèrent à sa gloire.
Seul le peintre philosophe Gayî (descendant ukrainien
d'un émigré français) n'a pas voulu passer au service de
la Russie et retourna en Ukraine. Son crucifix se trouve
au Musée de! Genève (Ariana).
Ce n'est qu'au commencement du XXe siècle que les
jeunes artistes ukrainiens, malgré toutes les contraintes,
commencèrent à refuser de donner leurs forces aux Rus-
ses, restèrent en Ukraine et consacrèrent leurs talents à
leur pays. C'est sur l'initiative de ces jeunes artistes et
grâce à leur travail que fut fondé à Kiev, tôt après la
révolution, en 1917, la première Académie ukrainienne
des Beaux-Arts où s'affirmèrent tout de suite de nou-
veaux talents dans la peinture surtout ; elle surpasse par
ses professeurs émérités l'Académie de Pétersbouiç, fi-
gée dans sa rigidité, celle de Cracovîe toute affadie, et
toutes celles des autres pays slaves. Les meilleurs peintres
ukrainiens contemporains sont : les professeurs de l'A-
cadémie de Kiev Boytchouk, Bouratchek, Jouk, Basile
et Théodore Kritchevskîs, Maiievitch, Mourachko, Nar-
bout, Novakivsky, etc. Hors de l'Académie, les paysagis-
tes Vassylkivski et Trouch, jouissent de renommée. Les
sculpteurs ukrainiens, à Paris le moderniste Arkhipenko
99
et à Munich le portraitiste Parastohouk obtiennent du
succès. Parmi les peintres ukrainiens modernes à Péters-
bourg le descendant ukrainien (comme l'illustre Gày)
d'un émigré français Lanceré et sa sœur Serebriakova,
plus tard Kramarenko, puis à Moscou Alexandre Chevt-
chenko et beaucoup d'autres s'illustrent,
t
Pendant que dans la deuxième moitié du XIXe siècle
le gouvernement russe opprimait la peinture ukrainienne,
le génie national dans* l'art ornemental et les arts appli-
qués persistait et se développait au sein des masses po-
pulaires. Dans les Musées de Kiev, Tchemyhiv,
Katerinoslav, Lviv, et des petites villes de la province
ukrainienne les échantillons de l'art national ukrainien
sont rassemblés. Peu avant la guerre le journal anglais
«The Studio» leur a consacré un grand fascicule, avec de
nombreuses reproductions et photographies des œuvres
de l'art ukrainien. Les productions du génie artistique
national de la République Ukrainienne Occidentale (an-
cienne Ukraine autrichienne) constituent la plus belle
partie du Kunstgewerbe-Museum à Vienne.
Ainsi, depuis le Xe siècle jusqu'à nos jours, l'Ukraine
possède sa propre histoire de l'art comme un pays eu-
ropéen ; de même que l'Europe, elle a traversé toutes les
phases du développement artistique, tout en transfor-
mant dans son génie national les styles européens en
créations originales et nationales.
Les époques où l'art ukrainien florissait particulière-
ment sont celles du style romano-byzantîn et du style
baroque. Ces deux époques coïncident avec les périodes
d'indépendance nationale et politique de l'Ukraine.
Aujourd'hui nous sommes convaincus qu'en ac-
quérant l'indépendance politique et nationale, nous allons
entrer dans la troisième et féconde période de renais-
sance de l'art ukrainien.
Le climat de l'Ukraine.
L'uniformité de l'Europe orientale au point de vue
morphologique, se retrouve également dans les conditions
elimatériques. Mais dans la mesure où l'explorateur at-
tentif rencontre quelques individualités morphologiques
indépendantes dans la plaine de l'Europe orientale, il y
aperçoit aussi des différences climatériques considéra-
bles.
La zone climatérique de l'Europe centrale s'arrête à
la frontière occidentale de l'Ukraine. De même, le climat
continental frais de l'Europe orientale qui domine la
Russie-£lanche et la Grande-Russie, n'embrasse-t-il que
quelques territoires frontières insignifiants au Nord de
l'Ukraine. Le climat ukrainien est plus continental que
celui de l'Europe centrale et se distingue de celui de la
Grande Russie par sa plus grande douceur. L'Ukraine
comme la France, bénéfice de l'avantage de voir s'opérer
sur son territoire le passage du climat tempéré de l'Eu-
rope orientale au climat méditerranéen de l'Europe mé-
ridionale.
Les conditions de température du territoire ukrainien
sont très uniformes malgré sa grande étendue. Les
moyennes de l'année varient entre +6® et + 9^
L'hiver en Ukraine est plus constant que l'hiver de
l'Europe centrale ou même que celui de la Russie : ce
n'est que dans les territoires frontières du nord-ouest que
l'on constate fréquemment les temps de dégel provoqués
par les courants atlantiques. La durée des périodes de gel,
est de deux mois au plus sur les rives pontines, de trois
mois dans les steppes pontines et sur les contre-forts du
101
groupe de plateau et de trois mois et demi dans toute l'U-
kraine. Ce n'est que dans les territoires frontières situés
dans le nord-est et sur les bords du Donetz que la période
de froid dure quatre mois.
Seul dans l'Ukraine méridionale, l'hiver est suivi im-
médiatement d'un printemps ensoleillé accompagné de
vents secs qui dégénèrent parfois en tempêtes de pous-
sière (soukhovii). Partout, sans cela, en Ukraine, l'hiver
est suivi de temps pluvieux. Le temps pluvieux du prin-
temps consiste en une succession de gel, dégel, giboulées,
pluie, soleil, qui se prolonge généralement en Ukraine
méridionale jusqu'au milieu d'avril, au nord et à
l'ouest jusqu'à fin avril ou même au commencement
de mai. Le printemps qui suif est très court en Ukraine
et ne dure en général que trois semaines, sauf dans le
nord où il dure tout le mois de mai. Le mois de mai est
déjà presque aussi chaud que le mois de juillet en Angle-
terre. Par contre, nous enregistrons des gelées tardives,
au mois de mai, dans toute l'Ukraine et jusque sur les
rives de la Mer-Noire ; elles ne sont toutefois pas aussi
dévastatrices qu'en Russie. L'été ukrainien se distingue
partout par une température très élevée ; il n'est tempéré
que dans l'angle nord-ouest du pays.
Les températures du mois de juillet dans tout le reste
de l'Ukraine sont beaucoup plus élevées. L'isotherme de
+ 20®, comme toutes les isothermes de juillet de l'Ukraine
passe dans la direction du nord-est près des sources du
Zbroutch et de l'emibouohure du Prypiat et plus nous
nous éloignons de cette ligne vers le sud-est, plus l'été
que nous rencontrons est chaud. Vers le Dnistr inférieur
et le Dnipr la température moyenne du mois de juillet
dépasse + 23*^. L'automne en Ukraine est généralement
très beau et relativement chaud. Le temps plu-
102
vieux de rautomne, qui inogure le passage à Thiver
dure parfois 2 mois dans le nord-ouest, dans le reste du
pays 1— IV2 mois. (La date moyenne du premier gel est
le 19 octobre pour Kiev, le 11 octobre pour Louhan, le
28 octobre pour Mykolaïv et le 10 novembre pour
Odessa.)
Nous arrivons au deuxième groupe des phénomènes
atmosphériques : aux pressions atmosphériques et aux
vents. L'Ukraine peut à cet égard être divisée en deux
grands territoires. Dans le nord nous rencontrons prin-
cipalement des vents d'ouest et du sud-ouest qui tempè-
rent les gelées et amènent des pluies^ Dans le sud ce sont
plutôt des vents d'est, secs et froids, qui augmentent
l'intensité du froid. Parfois ce vent d'est prend les pro-
portions d'une tempête de neige (metelytza), faisant tour-
billonner la neige jusqu'à intercepter complètement la
vue et provoquant des dommages considérables.
Au mois de novembre et de décembre apparaissent fré-
quemment des vents chauds et humides, particulièrement
dans l'Ukraine méridionale, venant de la direction de la
mer. Toutefois ce sont les vents froids d'est qui l'empor-
tent, ceux auxquels on est redevable de la rigueur de l'hi-
ver dans cette partie du pays. Les vents d'est apparais-
sent rarement dans la partie septentrionale de l'Ukraine,
et plus rarement encore dans l'angle nord-ouest. Lors-
qu'ils surgissent ils provoquent de grands froids par un
temps clair et beau.
Au printemps les vents de l'est et du sud-est soufflent
avant tout aussi en Ukraine. Es dégénèrent fréquemment
en ouragans de poussière très nuisibles aux cultures
(soukhovii) en entraînant des nuages de sable qui se dé-
posent sous forme de vagues {dunes en miniature) de
30 cm de hauteur. Ces vents se font également
103
sentir dans l'Ukraine septentrionale tsauf dans l'angle
nord-ouest
En été, ce sont les vents d'ouest, nord-ouest et sùd-
ouest qui prédominent, même dans la moitié méridio-
nale de l'Ukraine. En juin et juillet ils amènent un air
humide, atlantique, ainsi que des pluies dans le pays tout
entier. Ceci a pour effet de modérer la chaleur. Les vents
d'est, par contre, augmentent la chaleur et provoquent
de la sécheresse, mais généralement au mois d'août seu-
lement, où ils apparaissent fréquemment. En septembre
les vents sont généralement faibles, sous une haute pres-
sion atmosphérique; c'est la raison pour laquelle l'au-
tomne est si beau. En octobre et novembre s'opère in-
sensiblement le passage vers le régime hivernal des vents.
Le troisième groupe des phénomènes atmosphériques,
l'humidité de l'air et les pluies, présente la même unifor-
mité que les deux autres éléments météorologiques dont
nous avons parlé. Le degré d'humidité de l'air est en gé-
néral faible en Ukraine. Il atteint son maximum dans les
régions boisées et marécageuses de l'ouest et du nord-
ouest. Vers le sud-est, l'humidité devient toujours plus fai-
ble. Les brouillards sont rares et peu intenses en Ukraine,
si bien que la différence avec ce qui se passe en Europe
centrale et en Russie est frappante. Les légers brouillards
noctuumes et matinaux qui apparaissent particulièrement
vers la fin de l'été et en automne ne font que contribuer
à l'embelissement du paysage. La formation des nuages
est moindre en Ukraine que dans l'Europe occidentale
ou en Russie proprement dite, dans le sombre pays mos^-
covite. Le plus grand nombre de jours couverts s'ob-
serve dans la partie ouest et nord-ouest du pays pour
diminuer de plus en plus en se dirigeant vers le sud.
C'est le mois d'août qui est le moins couvert ; viennent
104
ensuite septembre et octobre. Les mois de novembre et
de décembre sont généralement très couverts ; mais c'est
janvier qui l'est le plus.
Les pluies, en Ukraine, sont en général insignifiantes
sauf dans les Carpathes. L'Ukraine a moins de pluies que
l'Europe centrale ou occidentale. L'océan, la plus impor-
tante source de pluies en Europe est à grande dis-
tance et pendant leur course vers l'Orient à travers le
continent européen, les réserves d'humidité se sont ra-
réfiées. Il ne reste par conséquent plus grand chose pour
l'Ukraine, particulièrement pour la partie orientale. La
Mer-Noire n'exerce qu'une influence locale et l'évapora-
tion des fleuves, des lacs, des marécages et de la couche
végétale du sol ne se produit guère qu'en été.
On rencontre les plus fortes chutes de pluie dans les
montagnes où les courants atmosphériques ascendants
favorisent la condensation des vapeurs. Déjà dans le
Beskyd moyen, la quantité de pluie tombée dépasse 1000
mm. Elle atteint 1200 mm. dans les Gorgany et Tchor-
nohory, à certains endroits même 1400 mm.
L'ahondance des pluies est encore très marquée dans
tout le Pidhirie, mais à une faible distance déjà elle di-
minue considérablement
De ces considérations il résulte que l'Ukraine, surtout
sa partie sud-est est plutôt pauvre en pluies comparative-
ment à l'Europe centrale et occidentale. Mais la répar-
tition des époques où ces pluies se produisent est si favo-
rable que leur chute a lieu aux époques où elles sont le
plus nécessaires, c'est-à-dire au commencement de l'été.
Toute l'Ukraine se trouve dans la zone des pluies estiva-
les, sauf la bande étroite de la côte méridionale de la
Crimée.
105
La cause principale de rabondance des pluies d'été
doit être recherchée dans les vents atlantiques d'ouest et
du nord-ouest qui pénétrent assez avant dans la partie
sud-est de l'Ukraine. Ils apportent suffisamment d'hu-
midité avec eux pour provoquer durant les mois de mai,
juin et juillet le maximum, c'est--à-dire environ les ^/g des
chutes totales de l'année. Le mois le pilus pluvieux est le
mois de juin. Seuls le Polissie, la Volhynie nord-ouest
et la partie occidentale du territoire de Kiev accusent le
maximum de pluies en juillet parce que dans cette ré-
gion l'évaporation des forêts et des marécages est la plus
intense à cette époque.
Les pluies estivales de l'Ukraine se distinguent de celles
du reste de l'Europe par leur violence. Seul dans la par-
tie occidentale les pluies revêtent le caractère de pluies
douces, continues ; dans le midi et à l'Orient, au contraire,
elles interviennent en averses violentes. A Samachkany,
en Bessarabie, on a déjà constaté des chutes de pluie de
200 mm. en un jour ; à Korovyntzi, dans la région de
Poltava on a même observé des chutes de 5 mm. en une
minute. Dans les steppes pontines la pluie tombe toujours
en averses. L'eau s'écoule vite et s'évapore rapidement
sans humecter convenablement le sol.
Les orages et la grêle se manifestent en rapport avec
les pluies estivales plus particulièrement au mois de juin,
moins fréquemment en mai et juillet. Ces phénomènes
se produisent le plus souvent venant du sud-ouest et
l'après-midi» La plupart viennent de la direction des Car-
pathes ; elles atteignent la Volhynie et Kiev, mais ne dé-
passent pas le Dnipr. Les chutes de grêle sont fréquen-
tes en 'Galicie, en Volhynie et dans l'ouest de la contrée
de Kiev. Dans le sud-est, par contre, elles sont très rares.
106
La quantité d'eau tombée se réduit lentement en août,
plus encore en septembre et en oetcAre et se maintient
ainsi jusqu'en décembre. Le mois de janvier est le moins
riche en pluies de toute l'Ukraine (le V* seulement du
mois juin) et c'est ce qui est particulièrement important
pour l'Ukraine méridionale et orientale. La couche de
neige, pour cette raison, est plus faible en Ukraine qu'en
Europe centrale ou en Moscovie et son uniformité est dé-
truite par de nombreuses bourrasques. La couche de
neige fond rapidement, au printemps, sans pénétrer le
sol et sans exiger beaucoup de chaleur. C'est ce qui ex-
plique l'ascension rapide de la température au printemps.
De janvier à fin avril, les chutes d'eau augmentent de
nouveau lentement, mais progressivement jusqu'en juin
où elles atteignent le maximum.
Le climat de l'Ukraine est déterminé par une
amplitude annuelle de 20 à 30*, une température
moyenne de + 6 à + 12*, une moyenne de juillet
de + 19 à + 24 et une moyenne de janvier de à — 8*,
des pluies particulièrement abondantes en été et une
faible couche de neige hivernale. La différence par rap-
port au climat russe est par conséquent très considérable.
Le climat russe constitue le passage au climat polaire, ce-
lui de l'Ukraine le passage au climat méditerranéen.
La nature a doté l'Ukraine d'un climat sain très agréa-
ble. Quoique tempéré, il n'est pas privé de grands froids
et de chaleurs excessives. Les différences des saisons ap-
portent une agréable diversité ; les grands vents balayent
l'atmosphère et animent la nature, et les chutes de pluie
sont suffisantes pour entretenir la croissance de la couche
végétale et pour assurer le développement de l'agriculture
qui est la principale ressource du pays.
La flore et la faune de l'Ukraine.
L'ampleur de l'Europe orientale caractérise également
la vie organique de l'Ukraine. Mais sa situation a pour
conséquence naturelle qu'au point de vue de la flore et
de la faune, l'Ukraine offre plus de diversité que la Rus-
sie proprement dite malgré l'immense étendue de cette
dernière.
En Ukraine se rencontrent les limites de trois régions
géographiques principales de la flore, savoir : la région
méditerranéenne, la région des steppes et la région des
forêts avec leurs territoires transitaires. En outre, nous
y trouvons trois régions montagneuses : celle des Carpa-
thes, de la Crimée et du Caucase. Au point de vue de
la flore, l'Ukraine ne compte que peu d'espèces endémi-
ques. La grande période glaciaire n'a, il est vrai, recou-
vert de ses glaces que de portions relativement petites de
l'Ukraine, mais la flore polaire dominait sans aucun
doute, alors, dans le pays entier. Après la retraite des gla-
ces, celles-ci ont fait place à des steppes qui alors, sur-
tout au nord-ouest, ont été envahies par une flore sylves-
tre venant de l'Europe et de la Sibérie. C'est la raison
pour laquelle l'Ukraine, malgré sa vaste étendue, a si
peu d'espèces endémiques.
Dès ces temps préhistoriques il ne s'est produit que
fort peu de modifications naturelles dans la végétation
de l'Ukraine. Par contre l'homme, par suite de son acti-
vité culturelle, a modifié considérablement l'aspect de
celle-ci.
La région des forêts occupe à peine le cinquième du
territoire ukrainien, c'est-à-dire la portion nord-ouest et
108
septentrionale de ce dernier. La limite sud-est de la ré-
gion boisée court dui Prouth et du Dnistr près de la fron-
tière occidentale de la Pokoutie et de la Podolîe en un
arc de cercle vers les sources du Bouh, puis non loin de
la frontière septentrionale du plateau du • Dnipr à
rOrient jusqu'à Kiev et de là, dans la direction du nord-
est, jusqu'aux sources de l'Aka. Cette limite n'est toute-
fois pas très marquée. En de nombreux festons la forêt
pénètre vers le sud-est dans la région transitaire avan-
cée ; par contre, elle coïncide assez exactement avec la
limite septentrionale de la terre noire. Le sol de la ré-
gion boisée est plutôt pauvre. Seules les régions supérieu-
res sont gazonnées ; le reste est sablonneux et formé de
podzol quartzeux.
La formation végétale la plus répandue de cette ré-
gion est la forêt. A l'origine elle recouvrait toute la con-
trée et ce n'est que durant les deux derniers siècles
qu'elle fut exploitée sur une plus grande échelle. Nous
pouvons voir encore, aujourd'hui, dans quelques districts
du Polissie comment cette forêt vierge était constituée.
Nous y trouvons la forêt viei^e dans sa grandeur impo-
sante et sa beauté. Dans des chablis de quelques mètres
de hauteur des troncs d'arbres majestueux à moitié ver-
moulus, et en décomposition, recouvrent le sol. Leurs
racines s'élancent dans les airs au-dessus de fondrières
marécageuses et d'amoncellements de résidus végétaux
en décomposition. Au-dessus de ce rompis maréca-
geux s'élèvent, semblables à une gigantesque colonnade,
les troncs noueux de chênes et de tilleuls multicentenai-
res, de frênes et de trembles ainsi que des pins, des sapi-
nettes et des sapins élancés. Leurs branchages s'entre-
lacent bien haut au-dessus du sol dans de superbes fron-
daisons. Toutes les énergies sont dirigées vers en haut, à
109
la rencontre des rayons du soleil, car le fond est plongé
dans une demie obscurité permanente.
Quant à la composition de leurs essences, les forêts
de l'Ukraine sont mixtes, lors même que parfois les cir-
constances locales sont plus particulièrement favorables
à une essence déterminée. Mais on peut diviser la région
forestière ukrainienne en deux territoires, la zone de
l'Europe centrale et la zone de l'Europe septentrionale.
La zone forestière de l'Europe centrale comprend tout
le Pidhirie, le Rostotche méridional et les contreforts oc-
cidentaux de la Volhynie et de la Podolie. Elle se distin-
gue par une plus grande diversité des essences. Les col-
lines humides et marneuses sont généralement recouver-
tes de forêts de hêtres ; les contreforts des Carpathes, de^
sapins ; et, isolés ou en petits groupes, on rencontre l'if
et le platane.
Ces essences disparaissent complètement dans la zone
nord-européenne ensuite du développement constant du
continentalîsme climatérique. L'essence prédominante ici
est le pin, formant partout de grands bois sur un terrain
sablonneux ; le bouleau qui accompagne toujours et par-
tout le pin ; la sapinette dans les terrains sablonneux, le
chêne et le hêtre dans les terrains marneux. Comme
mélange aparaissent les aulnes, sur terrain marécageux,
les trembles, tilleuls, ormeaux, platanes, frênes, l'ormeau,
les pommiers, poiriers et cerisiers sauvages etc. Les noi-
setiers, les marseaux, les sorbiers, les framboisiers, les
mûriers constituent l'épais fourré de la futaie de ces
forêts mixtes, ce qui avec l'épaisse végétation que four-
nissent les graminées et les herbages divers contribue
grandement, surtout dans les nombreux taillis, à l'embel-
lissement de la forêt. Dans les forêts de sapins, la futaie
disparait ordinairement tout à fait
110
La seconde formation importante de la région fores-
tière est celle des louhy. Elle s'étale généralement dans
les larges vallées planes du territoire. Ce sont de grasses
prairies admirablement gazonnées, parsemées ci et là
d'arbres isolés ou en petits groupes. Les terrains secs por-
tent le chêne, les terrains plus humides, l'aulne.
La troisième formation typique est celle des maréca-
ges. Ils sont assez développés dans la région boisée de
l'Ukraine, particulièrement dans les vallées plates du
Rostotche et de la Volhynie. La Polissie est le plus grand
territoire marécageux de l'Europe. Les marais authenti-
ques à végétation cryptogamique de la tourbe alternent,
même dans le territoire de la PoUssîe, avec des prairies
marécageuses où la végétation herbeuse prédomine.
La région boisée a joué un rôle considérable dans
l'histoire de l'Ukraine. Lorsque les peuples nomades mon-
gols, utilaient la zone des steppes pontines comme voie
d'accès commode pour détruire les cultures de
l'Ukraine dans le territoire des steppes, les populations
se retirèrent dans les forêts et les marécages du nord et
de l'occident afin de pouvoir en temps opportun avancer
de nouveau dans la direction du sud-est pour recon-
quérir les territoires dévastés. Ce jeu s'est renouvelé plu-
sieurs fois au cours de l'histoire ukrainienne.
Tout le reste de l'Ukraine est occupé par la région des
steppes jusqu'aux contreforts de Yaïla et du Caucase. Les
limites n'en sont pas très précises, comme nous l'avons
vu déjà. En de nombreux caps, et en îlots isolés, la forêt
y pénètre dans la direction du sud. Plus on avance, plus
ces enclaves deviennent clairsemées si bien que les géo-
graphes^naturalistes se sont vus dans la nécessité d'inter-
caler entre la forêt et la steppe deux zones transitaires,
l'avant-steppe et la steppe de transition. Ce n'est que vers
111
la ligne qui, passant près de Kychyniv et Katerinoslav,
s^avance vers le coude du Don que commence la région
des steppes proprement dite. Cette division n'est toute-
fois pas absolimient exacte et se rapporte tout au plus
aux conditions actuelles créées par les déboisements des-
tructeurs des deux derniers siècles. Les documents histo-
riques de l'Ukraine nous parlent d'immenses forêts, qui,
vers les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles s'étendaient aux
sources de l'Inhoul et de l'Inhouletz, sur le Tiasmyn, sur
la ligne de partage des eaux entre les rivières de la rive
gauche du Dnipr. Ce ne furent pas des loréts à galeries,
bandes boisées longeant les vallées, mais elles recou-
vraient en long et en large les lignes de partage des eaux.
Le sol typique des régions des steppes et des régions
transitoires est celui formé par la terre noire (en ukrai-
nien tchomosem). Chaque lUkrainien connait cette terre
noire, d'une fertilité permanente, que l'on ne rencontre
nulle part ailleurs dans le monde et qui a fait de l'Ukraine
le grenier de la Russie. La terre noire (humus) est le
produit de transformation de gisements diluviens mar-
neux et de végétaux en décomposition. La couche atteint
par endroits une épaisseur de plus de 2 m.
La zone de la terre noire traverse le territoire ukrai-
nien dans toute sa longueur et en occupe environ les
trois quarts de sa superficie. La limite septentrionale de
la zone des terres noires s'étend de Lemberg le long de
la frontière nord des plateaux de Podolie et du Dnipr
jusqu'à Kiev. La limite méridionale de cette même zone
est constituée par une ligne tirée à travers l'embouchure
du Bouh et du Dnipr et la ville de Marioupil. Toute la-
plaine de Kouban et lé plateau de Stavropil appartiennent
également à la zone des terres noires. Le long de la limite
nord de la zone des terres noires s'étend une zone de
112
transition de 100 km. de largeur dont le sol contient
4—6 % de produits végétaux en décomposition. Plus au
sud, nous rencontrons la zone principale dont la teneur
en produits végétaux décomposés est .de 6—10 %
Vers la mer et le Dnipr inférieur, le territoire est limité
par une autre zone de transition dont le terroir brunâtre
contient de 4—6 % de produits végétaux. Sur la Mer
d'Azov et dans la Crimée méridionale, on rencontre le
sol brun et sec des steppes, la plupart du temps parsemé
de nombreux îlots de fortnation saline (solontchaky) re-
couverts d'une végétation saline particulière. Ces forma-
tions ne manquent du reste pas non plus dans le reste
dés zones à terre noire où l'on rencontre également des
îlots et des bandes de sable surtout le long des fleuves et
des bords de la mer.
Dans la région des steppes, la steppe n'est pas la seule
formation végétale. Il y a lieu de faire la distinction entre
la steppe gazonnée de la zone de transition et la steppe
proprement dite du sud, ainsi que la steppe déserte de
certaines contrées de la Crimée et du Caucase. La zone
des steppes compte en outre encore des formations de
brousailles, des prairies caohéesi dans les forêts et des
forêts proprement dites.
Les graminées et les plantes herbacées jouent le rôle
le plus important dans la végétation de la steppe her-
beuse. Parmi les graminées, ce sont les différents gen-
res de stipa et parmi les herbages les liliacées que l'on
rencontre le plus fréquemment. Dans la région septen-
trionale de la steppe, l'herbe est très épaisse et atteint
une hauteur considérable, lors même que les temps où
le cavalier disparaissait tout entier dans les herbes appar-
tiennent au passé. Des mauvaises herbes de grandes di-
mensions et des chardons ^ouriany, bodiaky) forment
113
des fourrés exubérants. Quant au printemps la jeune
herbe fraîche commence à pousser et les plantes herba-
cées à fleurir, transformant amsi la steppe en un magni-
fique tapis de fleurs, quand tout brille dans rabondance
de la vie et de la beauté, alors la steppe ukrainienne offre
un coup d'œil ravissant. Mais cette image n'est pas de
longue durée. La sécheresse et la chaleur transforment
au mois d'août en jaune et brun le ton fondamental vert
de ces grandes étendues. Les herbes et les plantes se fa-
nent et se dessèchent, iseules les racines et les graines
conservent la vigueur de la plante, pour survivre à la
sécheresse automnale et à la rigueur hivernale afin de
parer à nouveau aux printemps suivants la steppe de ses
plus beaux atours.
Dans la portion méridionale de la région des steppes,
la couche végétale n'est pas aussi exubérante que dans
le nord ; les herbes et les plantes croissent en faisceaux
isolés laissant entr'eux le sol nu et apparent de la steppe.
Les terrains salins avec la végétation gris^vert qu'ils en-
gendrent apparaissent plus fréquemment ; souvent aussi
on rencontre des surfaces sablonneuses qui rappellent
déjà les steppes désertes des régions de la Mer Caspienne.
Une formation végétale très caractéristique dans toute
la région des steppes est celle des bocages (baîraki, tcha-
hari) formés généralement par des fourrés entrelacés de
cerisiers sauvages, de spîrées, de boules de neige, d'aman-
diers, etc. recouvrant des espaces considérables.
Les steppes de l'Ukraine ne sont pas complètement
dépourvues d'arbres. Dans la zone des steppes authenti-
ques nous les rencontrons il est vrai sous l'aspect de
bandes de forêts s'étendant le long des rivières seule-
ment ; mais dans la zone transitaire par contre, nous
rencontrons aujourd'hui encore, quantité de forêt et de
8
114
bocages qui surgissent non seulement dans les vallées,
mais encore sur les plateaux bordés de rivières. Le
chêne, le hêtre blanc, le platane, le peuplier, les
pommiers et les poiriers sauvages sont les principaux re-
présentants des essences que l'on rencontre dans ces fo-
rets. Même le pin s'aventure jusque dans les environs de
Kharkîv.
Les rivières sont encore accompagnées des formations
des soi-disant plavni. Ce sont des fourrés de roseaux et
de joncs, entrecoupés de saules aquatiques et d'aulnes ;
dans les endroits secs, c'est-à-dire ceux qui ne sont sub-
mergés qu'à l'époque des hautes eaux, le chêne apparaît
en plus grand nombre, parfois en formation de forêts.
C'est avec une satisfaction profonde que l'œil du voya-
geur fatigué par l'aspect uniforme de la steppe se repose
avec réconfort en apercevant ces formations idylliques.
Les savants ne sont pas d'accord quant à l'origine des
steppes de l'Ukraine. Chacun d'eux veut avoir trouvé la
seule explication plausible. En réalité, la formation et la
conservation de la steppe doivent être ramenées à la colla-
boration de plusieurs causes. Eln première ligne il y a
lieu de tenir compte du climat continental sec de la con-
trée. Les pluies sont trop rares, les autres formations hu-
mides de même, la sécheresse de l'été et de l'automne
est bien trop persistante pour laisser apparaître une
flore sylvestre.
La teneur saline du sol de la steppe n'a pas l'impor-
tance que l'on essaye de lui donner, puisqu'elle n'appa-
raît que par endroit. Les ondulations du sol par contre
jouent un certain rôle. Là où le paysage est plat, où les
vents secs de la steppe ont libre carrière, là où la. pluie
ne peut dissoudre facilement et emporter le sel du ter-
roir, nous rencontrons la steppe. Par contre, là où le
115
paysage est coupé par des vallées et des bcdkas, les vents
sont moins intenses, il y a plus d*humidité et moins de
sel dans les sol ; ces terrains sont plus favorables à la
végétation arborescente. C'est la raison pour laquelle
non seulement les vallées à rivière mais encore les bal-
kas où l'eau ne coule que rarement, ont de tout temps
été garnis de bosquets et même de foréta La !orét plan-
tée prospère dans ces parages alors que dans la steppe
proprement dite tous les efforts faits dans ce sens ont
régulièrement échoué. Ce qui cependant dont nous éclai-
rer sur l'origine de la steppe avec le plus de certitude,
c'est le fait qu'elle appartient à l'époque glaciaire pos-
térieure époque à laquelle la ste-ppe s'est formée. Le terri-
toire est envahi par la forêt, depuis les d^uts de l'é-
poque des alluvions. Elle avance petit à petit vers le sud
et le sud-est se servant des vallées comme de lignes d'a-
boutissement principales. Pendant cette avance, la forêt
a été arrêtée dans sa marche, par l'homme, avant même
qu'elle n'ait atteint les rives de la Mer-Noire et de la Mer
d'Azov.
L'homme a amené beaucoup de modifications dans
la région des steppes. Il est intervenu le premier dans le
combat entre la steppe et la forêt, et cela au désavantage
de cette dernière. Les anciens Ukrainiens de Kiev ont dé-
friché de nombreuses forêts pour les transformer en ter-
res labourables. D'autre part et de mémoire d'homme
les tribus nomades vivant dans les bois, ont anéanti des
forêts entières par le feu afin de créer des pâturages pour
leurs troupeaux, détruisant ainsi le meilleur moyen de
protection de la population agricole. Dès le XVIe
siècle commence le déboisement de la zone transitaire
par le mouvement de colonisation des Ukrainiens, opéré
sous la protection de l'organisation des Cosaques. Même
116
au XVIIIe siècle encore, il y avait de grandes forêts dans
la zone tranisitaire. Elles ont pour ainsi dire complètement
disparu aujourd'hui. Le mouvement de colonisation in-
tense du XIXe siècle a parachevé l'œuvre. Par la même
occasion l'homme intervenait également dans la forma-
tion des steppes. Il n'y a aujourd'hui dans les steppes que
peu de parcelles qui aient conservé leur aspect original.
Les graminées ont fait place à une culture toujours plus
intense des céréales et à la place de la steppe naturelle est
apparue la steppe cultivée avec ses immenses champs de
blé ondulants. Avec la destruction progressive des forêts
cette steppe cultivée avance constamment vers le nord
et vers l'occident favorisant en même temps la migration
de la faune et de la flore des steppes, suivant le même
chemin qu'elle, jusqu'en Europe centrale.
La flore du versant méridional du Yaïla et du Cau-
case occupe une place toute particulière dans l'Ukraine.
Elle appartient déjà à la zone méditerranéenne. Le cli-
mat modéré de la ré^on a produit une végétation d'un
caractère méridional prononcé. L'on y rencontre beau-
coup d'arbres et d'arbustes constamment feuillus et verts.
Toutefois, l'on ne peut considérer cette végétation que
comme im avant-poste de la végétation méditerranéenne
authentique, car les représentants de la flore septentrio-
nale dépassent en nombre celui des espèces méridiona-
les, notamment dans les forêts qui se développent dans
les endroits élevés.
Outre les trois régions ou zones géographiques du
règne végétal de la plaine dont il a été question, nous
trouvons en Ukraine trois zones montagneuses : la zone
des Carpathes, celle de la Crimée et celle du Caucase.
Le pied des Carpathes est recouvert de forêts mixtes
et feuillues. Elles sont constituées généralement par des
117
hêtres, des bouleaux, des tilleuls, des trembles et des pins.
A l'origine, le chêne prédominait ce qui est le cas, du
reste encore, sur le flanc méridional de cette chaîne de
montagnes. Les étages les plus hauts du Beskyd inférieur
et supérieur sont recouverts de forêts mixtes, composées
de hêtres, de pins et de sapins. Vers la limite supérieure
du Haut Beskyd on rencontre presque exclusivement le
hêtre. Les arbres deviennent de plus en plus petits,
noueux et rabougris et à l'altitude de 1000 m. nous ne
rencontrons plus que des futaies et des broussaiUes de
hêtres. Sur le flanc méridional de la montagne on ne voit
que des forêts de hêtres.
Dans les Gorgany, nous rencontrons déjà des zones fo-
restières distinctes. Dans la zone inférieure surtout des fo-
rêts de hêtres, entremêlés de sapins, de platanes, de pins ;
la zone supérieure ne compte que des forêts de pins.
Leur limite supérieure est à une altitude de 1500 — 1600
m., mais les zekoty (mers de blocs) qui recouvrent tous
les sommets et les crêtes refoulent par endroits la forêt.
Dans les Tchomohory on observe une division sem-
blable de la zone des forêts. Sur les deux versants le pied
est recouvert de forêts de chêne avec des taillis épais.
Au-dessus de la forêt de chêne se trouve la forêt mixte,
composée surtout de hêtres (rouges et blancs) de bou-
leaux, de frênes, de platanes, de sapins et de pins. Au-des-
sus de 1300 m. se trouve la zone supérieure, composée
exclusivement de pins. La zone supérieure est une alti-
tude de 1700 m. Le climat modéré des Tchomohory offre
une végétation plus riche et plus exubérante que les let-
tres parties des Carpathes ukrainiennes.
Dans la zone boisée des Carpathes nous rencontrons
fréquemment encore des étendues de forêts vierges. Elles
sont situées dans des endroits inaccessibles où la hache des
118
destructeurs professionnels de forêts n'a pas encore pu
les atteindre. La forêt vierge des Carpathes est peut-être
la plus bdle formation végétale de l'Ukraine. Des pins
géants» atteignant jusqu'à 60 m. de hauteur et de très fort
diamètre, élèvent leur pyramide élancée, vert-foncée,
au-dessus des parois rocheuses et de chablis gigantesques
où des entassements de troncs d'arbre pourissent en com-
mun. Des broussailles épaisses garnissent les clairières
tandis que dans une demi-obscurité perpétuelle le sol
rocheux, tapissé d'aiguilles jaunies n'accuse que ça et là
la présence de formations cryptogamiques.
Une seconde formation typique des Carpathes est
celle des arbustes alpins. Ils se développent au-dessus de
la limite des forêts et recouvrent de grands espaces dans
les Gorgany et les Tchomohory. Les pins rabougris
(jerep) voisinent avec les genièvres (dans les Beskides et
Gorgany) et les aulnes buissonnières (Idytch dans les
Tchomohory) et forment par endroits des taillis infran-
chissables. L'arbre, qui était précédemment très répandu,
est devenu très rare, parce que son bois parfumé est
employé de préférence pour la confection de certains
objets en bois par les montagnards.
La troisième formation végétale des Carpathes est celle
des prés de montagne (polonyny). Ils apparaissent au-
dessus de la limite des forêts dans la région des sources
du Sian. Ils deviennent de plus en plus fréquents et
gras vers le sud-^st. Les graminées et les plantes
herbeuses des polonyny sont très variées et riches, sur-
tout dans les zarynky, c'est-^-^lire les portions de prés
de montagne servant à la préparation du foin. Ces po-
lonyny ont une très grande importance pour les habi-
tants de la montagne. De grands troupeaux de chevaux,
de bêtes à cornes et de moutons y paissent tout l'été. Les
119
polônyny se peuplent et il s'y développe une vie dure,
vie de privations, mais libre, dans les chalets primi-
tifs autour de feux champêtres inextinguibles.
Dans les montagnes de la Crimée nous rencontrons
une disposition de zones végétales à peu près identique.
Ici la zone forestière commence déjà à une faible alti-
tude au-dessus du niveau de la mer. Le hêtre (blanc et
rouge), le chêne et deux espèces de pins constituent la
forêt. Seules les larges croupes des sommets sont recou-
vertes de prairies de montagne, plutôt maigres, où croit
un gazon épais, mais court. Le nom de ces prairies de
montagnes, Yaïla, sert à désigner toute cette contrée
montagneuse.
Au Caucase, nous ne rencontrons dans le territoire
ukrainien que la zone forestière de ces montagnes. Les
forêts vont jusqu'à l'altitude de 2500 m. et se composent
de différentes espèces de chênes, de hêtres, d'ormes, de
tilleuls, de platanes et de frênes. Au-dessus de la limite
des forêts apparaît une formation de bocages de petite
venue ainsi que les belles prairies de montagne du Cau-
case où pousse un gazon magnifique et qui, à 2900 et
3500 m., atteignent la limites des neiges.
Les conditions géographiques de la faune en Ukraine
spntbeaucouppliis simples que celles de la flore. L'Ukraine,
comme le reste de l'Europe, appartient à la région arcti-
que et malgré la grande étendue de son territoire on ne
constate que de légères différences dans la faune, liées
aux différences morphologiques et de géographie végétale
des montagnes, des forêts et des steppes.
Depuis l'époque glaciaire la faune de l'Ukraine a subi
des modifications non moindres que sa flore. A l'épo-
que glaciaire, des bêtes sauvages puissantes (l'ours, le
lion, l'hyène des cavernes) ainsi que des pachydermes (le
120
mammouth» le rhinocéros) de même que les ancêtres de
la faune actuelle ont vécu en Ukraine, Tous ces animaux
se sont éteints, ou bien, ils se sont dirigés vers le nord
devant le retrait des glaces internes. Dès la période gla-
ciaire postérieure il s'est répandu venant du sud et de
Test, une faune des steppes qui dut petit à petit céder en
partie le pas à celle des forêts, progressant vers le sud
avec les forêts dles^mêmes.
Dès cette date, la faune de l'Ukraine n'eut à subir que
de minimes modifications naturelles; celles apportées
par la main des hommes, par contre furent plus profon-
des. L'homme est parvenu à exterminer complètement
ou à réduire dans une forte proportion maintes espèces
d'animaux sauvages qui représentaient pour lui, soit un
danger, soit un fournisseur de chair ou de fourrures. En
détruisant les forêts et en mettant à leur place la steppe,
cultivée de ses champs, l'homme a fréquemment frayé
le chemin du cœur de l'Europe centrale à maint repré-
sentant de la faune des steppes. Mais son activité a été
plutôt destructrice que transforniatrice et par suite il a
anéanti la faune merveilleuse de l'Ukraine.
Une source historique du milieu du XVIe siècle cite
des faits presque incroyables se rapportant à la vie ani-
male supérieure de l'Ukraine sur le Dnipr moyen et Iç
Bas Dnipr : «L'Ukraine est si riche en gibier, que les bi-
sons, les chevaux sauvages, les cerfs, ne sont chassés que
pour leur peaux. On ne consommie de leur chair que les
plus beaux et les plus succulents morceaux, tels que les
cimiers, les aloyaux, tandis que le reste est jeté. Les bi-
ches et les sangliers mâles ne sont pas chassés du tout.
Les chevreuils et les sangliers quittent la steppe en
grands troupeaux en hiver, pour se réfugier dans les fo-
rêts d'où ils reviennent en été ; à cette occasion on les
121
tire par milliers. Les rivières, les ruisseaux sont peuplés
de colonies de castors* Le.^ier à plume est si merveil-
leusement fondant et riche qu'au printemps on peut
recueillir des quantités énormes d'œufs de canards,
d'oies, de grues et de cygnes, ainsi que des petits fraîche-
ment éclos. Les rivières au printemps contiennent de si
grandes quantités de poissons, de toutes sortes, que la
fouance qu'on y jette reste plantée debout.»
Aujourd'hui, on ne voit plus grand'chose de l'an-
cienne abondance d'animaux sauvages en Ukraine. Le
gros gibier est à peu près aussi rare aujourd'hui en
Ukraine qu'en Europe centrale, peut-être même plus rare
encore, étant donné que la mise en défense rationnelle
du gibier ne se pratique que fort rarement en Ukraine.
Les représentants de la race féline, comme le lynx
et le chat sauvage, sont devenus très rares et ne se ren-
contrent plus guère que dans les Carpathes et au Cau-
case. L'ours, précédemment très répandu en Ukraine, est
rélégué également dans les deux régions ci-dessus. Les
loups, les renards, les tassons, les putois, les martres et
toute une quantité de petits quadrupèdes, par contre, se
sont conservés quoiqu'en quantités restreintes. Parmi les
gros ruminants, le bison s'est maintenu dans la forêt
vierge de Biloveja (grâce aux mesures de protection ex-
traordinaires du gouvernement), l'élan dans le territoire
de Polissie, le cerf dans les Carpathes et dans le Caucase.
Par contre le chevreuil et le sanglier peuplent encore un
grand nombre de forêts. Parmi les rongeurs, le lièvre
est encore généralement répandu. Le castor qui précé-
demment peuplait presque tous les cours d'eau est ac-
tuellement relégué dans les marais les plus inaccessibles
de Polissie et sur les cours d'eau, affluents du Kouban,
122
dans le Caucase. Le gibier à plumes a aussi considérable-
ment diminué, en nombre d'individus comme en espèces.
Les grands oiseaux de proie, comme les aigles et les fau-
cons ne gîtent plus guère que dans les Carpathes et le ^
Caucase. Dans la plaine, le coq de bruyère et la gelinotte
recherchent les fourrés les plus inacessibles ; même les
insectivores et les granivores ont considérablement di-
minué de nombre. Les oiseaux aquatiques, tels que ca-
nards et oies sauvages, poules d'eau, plongeurs, sont en-
core assez répandus. Les grues et les hérons sont devenus
très rares. L'ancienne richesse en poissons de toute es-
pèce a été abîmée et personne ne soutient la pisculture.
On pêche, il est vrai, encore beaucoup dans le Dnipr et
le Don principalement des brochets, des tanches, des car-
pes et des corassins, des silures, etc. et dans les rivières
de montagne des truites, mais il ne peut être question de
surabondance comme tel était le cas encore dans un
passé encore relativement proche. Les esturgeons, les ster-
lets, les grands esturgeons et d'autres poissons de mer
qui naguère remontaient en grand nombre le cours du
Dnistr, du Bouh et du Dnipr sont aujourd'hui presque
introuvables.
Dans les territoires des steppes de l'Ukraine l'abon-
dance en animaux sauvages a diminué encore davan-
tage: Remarquons tout d'abord qui les animaux supé-
rieurs de la zone transîtaîre, qui au XVIIIe siècle cons-
tituaient la principale nourriture pour la populeuse Sitch
de Zaporoh, ont complètement disparu. Les chevaux
sauvages qui au XVIIe siècle encore peuplaient les step-
pes en troupeaux considérables sont aujourd'hui com-
plètement exterminés. Les antilopes (Saïhaky) ci-devant
très répandues dans toute la région des steppes de l'U-
kraine se sont retirées dans la steppe Caspienne. Le pe-
123
tit gibier à poil et à plume a beaucoup moins souffert»
mais l'activité de l'homme qui a transformé la steppe en
champs cultivés et en pâturages lui a aussi été funeste.
Les outardes» les bécasseaux, les perdrix, les gelinottes
qui peuplaient autrefois les broussailles de la steppe sont
devenus rares. On peut en dire autant des oiseaux aqua-
tiques et de marécage, qui ci-devant animaient le pay-
sage flu>dal en vols considérables. Les insectivores ont
également été décimés, aussi les insectes nuisibles se mul-
tiplient-ils dans une proportion inquiétante. Seule la
plaie des sauterelles qui jadis faisait un tort immense
à l'agriculture a pour ainsi dire complètement cessé
d'exister.
Malgré la guerre d'extermination entreprise par
l'homme contre la vie animale de la steppe ukrainienne,
il s'est cependant trouvé des espèces qui ont su s'accom-
moder aux nouvelles circonstances et trouver leur nour-
riture dans la steppe cultivée de ses champs (souris cham-
pêtres, hamsters, sousliks). Elles se sont multipliées et
ont émigré vers l'ocddent, et vers le nord en occasion-
nant de gros dommages à l'agriculture.
Par rapport à son sol et à son climat, l'Ukraine est le
plus riche pays en céréales de l'Europe. Le froment
trouve en Ukraine les conditions de développement les
plus favorables, surtout dans la partie méridionale de la
région de la terre noire. On cultive le seigle plutôt dans
le nord et le nord-ouest, l'orge partout, mais sur une
grande échelle uniquement dans le midi, l'avoine dans le
nord et dans les Carpathes où elle sert fréquemment à
faire le pain. Le blé sarrasin est répandu surtout à la
limite septentrionale de la région de la terre noire ; le
millet prospère dans tout le territoire du Tchomosem.
124
Le maïs ne se cultive en grand que dans la partie sud-
ouest du pays de même que dans le Caucase.
Les légumineuses les plus importantes sont représen-
tées par les pois et les haricots que l'on cultive non seu-
lement dans les jardins» maisi encore en plein champ.
Parmi les tubercules, la pomme de terre n'est générale-
ment répandue que dans la partie occidentale de l'U-
kraine ; dans le reste du pays elle ne prend que lente-
ment de l'extension. Les betteraves à sucre sont cultir
vées sur les plateaux de la Volhynie, de la Podolîe, et
du Dnipr, comme aussi dans la plaine de ce dernier
fleuve. La culture des légumes comprend toutes les es-
pèces de l'Europe centrale, mais n'est pas excessivement
développée. Par contre, on cultive dans des planta-
tions spéciales les melons, les concombres (sur-
tout dans le midi). Le chanvre, le lin, le colza, le coume-
sol sont généralement répandus. Le pavot ne croît pas
seulement dans les jardins, mais aussi en plein champ.
La culture du tabac enfin est assez considérable surtout
dans la plaine du Dnipr.
Grâce aux étés et aux automnes chauds, le climat de
l'Ukraine convient tout particulièrement à la culture des
fruits. Le jardin fruitier est une nécessité pour l'Ukrai-
nien qui le plante et l'entretient même dans les circons-
tances les plus difficiles. L'arboriculture est surtout dé-
veloppée en Pokoutie, en Podolie (dans la vallée du
Dnistr où des espèces de pommes et de poires très déli-
cates ainsi que des abricots réussissent à merveille) en
Bessarabie, en Crimée et dans le Caucase où viennent
se joindre les pêches et la vigne. La limite nord de la
vigne suit la ligne du Dnistr, par Kamianez et Katerynos-
lav vers le coude du Don. Les régions principales de la
vigne se trouvent en Bessarabie, en Crimée et dans le
125
Caucase, lors même que la Podolie méridionale et la val-
lée du Dnipr ne sont pas dépourvues de vignes.
Les animaux domestiques de l'Ukraine sont les mê-
mes qu'en Europe centrale, sauf dans le midi, où vien-
nent s'ajouter le buffle et le chameau. Le bétail à cornes
appartient en majeure partie à la race ukrainienne qui
se distingue par la couleur grise de ses sujets qiii de plus
sont de forte taille, osseux et fortement membres. Cette
race, très bonne laitière, se prête très bien au tra-
vail. A la limite sud-ouest, on rencontre également la
race hongroise à grosses cornes. Les races de prix
de Hollande, du Tyrol et de la Suisse commen-
cent à se propager. Les chevaux de l'Ukraine appartien-
nent à plusieurs races croisées. Les plus beaux chevaux
ukrainiens sont ceux qu'élevaient les cosaques de Zapo-
roh ; ils sont de taille moyenne, très forts, agiles, très en-
durants et peuvent être employés à tous les travaux.
La variété tchornomorique de cette race est élevée
actuellement par les cosaques du Kouban ; elle est ap-
préciée pour ses excellentes qualités* dans toute l'Europe
orientale. La race houtzoulique des chevaux de montagne
a aussi de rimportance ; ses représentants sont de petite
taille, mais très robustes et des mieux qualifiés pour les
chemins de montagne. Les chevaux de paysans de Gali-
cie, de Volhynie, etc., quoique sans apparence, se prê-
tent particulièrement bien au travail dans les chemins
en fondrières du pays.
Les ânes et les mulets sont très rares en Ukraine. De
même les chèvres qu'on n'élève presque pas. Par con-
tre, on peut dire que l'Ukraine est le pays d'Europe le
plus riche en moutons. On n'y élève non seulement le
mouton indigène (la race des Rechetylivka est très avan-
tageusement connue), mais aussi des moutons mérinos
126
étrangers, surtout dans la steppe. L'élevage du porc est
très développé. Dans l'Ukraine occidentale, on trouve le
porc polonais, dans l'Ukraine orientale, le porc russe à
courtes oreilles et dans le midi les porcs méridionaux
à soies frisées. L'Ukraine est le pays le plus riche de l'Eu-
rope en volailles. L'apiculture également est des
plus importantes, surtout dans la plaine du Dnipr.
Par contre, l'élevage du ver à soie n'est pas très déve-
loppé, lors même que le territoire entier de l'Ukraine
offre les conditions climatériques les plus favorables pour
la culture du mûrier.
Agriculture.
Depuis les temps les plus reculés de l'histoire de
l'Ukraine, l'agriculture a constitué la principale occupa-
tion de ses habitants et l'est demeurée jusqu'à ce jour.
n n'est pas possible de donner un aperçu complet de
l'agriculture ukrainienne pouvant trouver place dans le
cadre restreint de la présente brochure. Pas même une
étude économique détaillée ne saurait répondre au but.
Nous devons en conséquence nous borner à quelques
points essentiels.
Les neuf dixièmes, à peu près, de la population ukrai-
nienne s'occupent de la culture des terres. Dans l'Ukraine
russe la proportion d'Ukrainiens s'adonnant aux travaux
des champs est de 86,4 %. Cette proportion est valable
aussi pour l'Ukraine autrichienne où le chiffre est de
94,4 %. Les chiffres donnent un aperçu très net du rôle
important que joue l'agriculture dans la vie économique
de l'Ukraine. En les voyant, celui qui connaît peu la
fertilité de l'Ukraine pourrait facilement être porté à en
déduire que l'agriculture, ici, a atteint un degré supérieur.
Rien n'est plus faux. L'agriculture, en Ukraine, est au
contraire .médiocrement développée.
Les causes de ce regrettable état de choses ne doivent
pas être recherchées dans la nature du pays. Le climat
de l'Ukraine favorise la culture des céréales comme au-
cun autre. Une minime partie à peine de la zone des
steppes est défavorable à l'agriculture par suite des
fréquentes sécheresses qui y régnent. Le sol de l'Ukraine
est un des plus fertiles du monde. Plus des trois quarts
de l'Ukraine sont compris dans le territoire de la terre
128
noire (humus) et de nombreux terrains de la portion
nord-ouest de l'Ukraine ne sont pas sans valeur. Les cau-
ses de l'inf ériorité de Tagriculture ukrainienne ne doivent
pas être recherchées dans la nature, mais uniquement
dans les conditions culturelles de ce pays.
La première et la plus importante des causes est l'i-
gnorance dans laquelle le peuple de l'Ukraine est plongé.
Le paysan ukrainien cultive des terres, aujourd'hui, à la
façon de ses ancêtres. Il y a cent ans cette manière
était la bonne et faisait de l'Ukrainien le meilleur
agriculteur parmi les peuples voisins, mais aujourd'hui,
à l'époque des exploitations rurales intenses, elle ne ré-
pond plus au but. L'analphabétisme du paysan ukrainien
le prive en grande partie de la possibilité de suivre les
grands progrès des sciences agronomiques. Les moyens
de culture démodés, l'outillage primitif dont il dispose
gaspillent ses forces actives et celles de son inventaire
vivant. L'emploi de machines agricoles, qui pourrait être
d'une importance capitale, même pour les petites exploi-
tations est pour ainsi dire inconnu en Ukraine. Les amé-
liorations progressives du sol et l'alternance rationnelle
des cultures sont très peu usitées, et toutes les tentati-
ves d'éclairer le peuple agricole ukrainien sont géné-
ralement entravées par les nations qui les dominent, la
Pologne et la Russie.
C'est dans les marches occidentales de l'Ukraine, en
Podlachie, dans le pays de Kholm et en Galicie, que l'a-
griculture est relativement la plus développée.
Là, le terrain moins fertile a de tout temps réclamé
une exploitation plus intense. D'autre part, les influences
des exploitations modernes s'infiltrèrent plus rapidement
dans ces contrées, soit indirectement à travers le terri-
toire polonais, soit directement sous l'influence des colo-
129
nies allemandes. Les paysans ukrainiens en Galicie étant
plus éclairés, il s'en suit qu'ils ont graduellement intro-
duit raltemanoe des cultures et le fumage rationnel des
terres et qu'ils disposent d'un matériel aratoire assez
satisfaisant. La culture à trois assolements a presque
complètement disparu et ne se pratique plus guère que
dans les portions les plus fertiles de la Podolie. Dans la
montagne, par contre, on pratique encore fréquemment
l'essartage par le feu suivi immédiatement de l'exploita-
tion rurale. Dans le territoire de Polissie, on procède
également encore à l'essartage par le feu, mais plus fré-
quemment encore à la culture à deux et trois assole-
ments. On procède du reste sur lia même base dans
la partie septentrionale de la VoUiynie, de Kiev, de Tcher*-
nyhiv ; dans la partie méridionale de ces territoires, c'est
le système des trois assolements qui domine, de même
qu'en Podolie, Poltava, Kbarkiv. Ce ne sont en général
que les petites parcelles de terre près des habitations qui
reçoivent de l'engrais. Ici aussi on constate un progrès
sensible vers le système de culture à plusieurs assole-
ments et vers l'alternance rationnelle. Dans la zone des
steppes par contre, l'exploitation est plus n^Ugéé ; le
système de la friche prédomine ici. On cultive le sol pen-
dant quelques années puis on le laisse en friche pendant
un temps de même durée.
Dans ces dernières années, les paysans des steppes
ont été placés dans la dure nécessité de s'accomoder aux
méthodes nouvelles de la culture intense.
Les instruments aratoires ont, eux aussi, subi des
transformations. La charrue primitive à soc de bois sans
ferrure n'a été maintenue que dans quelques contrées,
dans le territoire de Polissie et dans les monts des Car-
pathes, plutôt comme souvenir à la mémoire des an-
9
130
t
cêtres que comme instrument de culture. Dans toute la
zone moyenne, on fait usage de la charrue ukrainienne
typique, à soc de bois muni de robustes ferrures. Les
charrues en fer se propagent aussi très rapidement. Le
paysan de la zone méridionale des steppes possède, sans
contredit, le meilleur outillage. Les charrues en fer, de
plusieurs systèmes, à Tinstar de celles des colons alle-
mands, sont fréquemment employées et les grands pay-
sans ainsi que les syndicats agricoles possèdent des ma-
chines à ensemencer, des machines à récolter, des bat-
teuses mécaniques, etc.
On voit par ce qui précède qu'il y a pourtant un l^r
progrès à constater dans ragriculture de l'Ukraine. Les
paysans russes et ceux de la Blancb&iRuthénie sont bien
plus mal logés ; il manque néanmoins encore beaucoup
au paysan ukrainien pour atteindre le niveau auquel est
parvenu le grand propriétaire foncier de l'Ukraine.
Divers syndicats agricoles créés sur une base coopé-
rative sont à l'œuvre pour chercher à relever la
situation de l'agriculture chez les paysans ukrai-
niens. L'une de ces sociétés coopératives agricoles, la
«Silsky Hospodar» par exemple compte 90 succursales,
1100 groupes locaux et 27,000 membres. Ces syndicats
seraient de la plus grande importance pour le développe-
ment de l'agriculture de l'Ukraine, cet antique grenier de
l'Europe, si leur développement n'était par contrarié,,
notamment par l'ancien gouvernement russe.
La seconde cause de la triste situation dans lequeUe
se trouve l'agriculture ukrainienne réside dans les
conditions désastreuses de la propriété. Les conquérants
étrangers qui de tout temps furent attirés par la richesse
du sol de l'Ukraine, ont, après avoir pris possession du
pays, réparti la propriété fon<dère entre leurs représen-
131
tants supérieurs. Ces conquérants on su dénationaliser
la noblesse ukrainienne ; ils ont même réussi à former
une classe nouvelle de grains propriétaires fonciers issus
des cosaques républicains. La domination étrangère en
Ukraine a de tout temps et Jusqu'à ce jour soutenu la
grande propriété foncière étrangère, et le paysan ukrai-
nien est obligé de se contenter de petites parcelles de
terrain médiocre, très éloignées les unes des autres.
Voici du reste quelques chiffres à l'appui : dans la
partie ukrainienne de la Galicie, la grande propreté re-
présente le 40,3 % de lia superficie totale. Dans les
gouvernement de Tchemyihiv, Poltava, Kharkiv, les taux
de la propriété des paysans sont encore assez élevés
(53 %, 52 %, 59 %) du fait que la propriété des descen-
dants des anciens cosaques a été comptée. Dans d'autres
territoires de l'Ukraine la situation est bien plus dés-
avantageuse. En Volhynie la propriété rurale du paysan
représente à peine le 40 % de la superficie, en Podolie le
48 %, à Riev le 46 %, à Kherson le 37 %, à Katerinoslav
le 45 %, en Tauride le 37 % ; dans le gouvernement de
Minsk, les paysans ne possèdent même que le 28 % des
terres.
Les conséquences de ces conditions de propriété mal-
saines sont tout à fait désastreuses pour la population ru-
rale dont la densité va constamment en croissant La
pénurie rurale est devenue chronique en Ukraine. Le
morcellement des grandes propriétés, qui avait si bien
débuté, en Galicie, il y a un certain nonabre d'années, a
été arrêté, et les réformes agraires à grande envergure
de Stolypine en Ukraine, n'ont eu à enregistrer jusqu'à
ce jour que de faibles succès. L'état de la propriété di-
minue, il est vrai, chez les propriétaires fonciers moyens,
mais les grands propriétaires fonciers non seulement ne
132
perdent rien en étendue, mais au contraire agrandissent
légèrement! leurs propriétés.
Ensuite de la pénurie croissante du sol, les paysans
ukrainiens morcellent constamment leur propriété, cher-
chent de plus en plus à louer des terres de grands pro-
prétaîres, et à se créer des revenus accessoires dans l'in-
dustrie domestique, tandis qu'une assez forte proportion
se voit obligée de quitter le pays pour se créer une nou-
velle existenjce ailleurs, au Caucase, au Turkestan, en
Sibérie, au Canada, au Brésil, en Argentine, etc. Cette
triste constatation ne doit pas nous surprendre, car si les
colons étrangers qui ont été installés en Ukraine méri-
dionale par Catherine II ont reçu chacun 65 ha. de ter-
rain, le paysan unkrainien ne recevait, après la suppres-
sion du servage en 1861, que 3 ^/j ha. au maximum, dans
bien des cas 1 V2 ha. seulement par tête. Dans l'espace
d'un demi-siècle la population rurale a doublé, tandis
que les superficies exploitables ne se sont guère modi-
fiées. Il en résulte, qu'il y a vii^ ans déjà le gouverne-
ment de Poltava comptait plus de 60 % des exploitations
de paysans dont la superficie ne dépassait pas 1,3 de-
ciatines ; 4 % tout au plus accusaient 5 deciatines. Com-^
ment peut-on parler d'une exploitation rationnelle dans
des conditions de propriété aussi lamentables? Quelles
sont les conséquences d'un tel état de choses ? 62 % des
émigrants, qui en 1910 sont allés se réfugier dans la Rus-
sie asiatique venaient de l'Ukraine, de ce «grenier»
de la Russie, non seulement des territoires à population
dense de Kiev et Poltava, mais aussi de ceux beaucoup
moins populeux, mais très fertiles de Kherson, de Ka-
terinoslav et de la Tauride.
Une troisième cause du triste état dans lequel se
trouve l'agriculture ukrainienne provient de l'application
133
du système des propriétés foncières communales. Ce sys-
tème pratiqué partout en Russie, repose sur le
fait que les terres n'appartiennent pas aux paysans,
mais à la commune qui les répartit entre ses ressortis-
sants. Ce genre de propriété moscovite est insupportable
pour le paysan ukrainien et a pour conséquence de lui
faire négliger son champ qui ne lui appartient pas en
propre. On n'a pas d'avantage à cultiver son champ
mieux que le voisin, car lors de la prochaine répartition,
la pièce de terre soigneusement améliorée peut être attri-
buée à un autre. En outre, l'exportation du blé est très
mal organisée par suite de l'insuffisance du réseau de
chemins de fer et l'absence de dépôts à élévateurs pour
le blé.
Or, si dans ces conditions défavorables la production
agricole de l'Ukraine et son exportation en vivres sont
néanmoins considérables, cela tient eh première ligne à
la fertilité de son sol et à la politique économique des
grands propriétairels fonciers qui expédient les produits
du sol au delà des frontières, alors même que parfois la
faim se fait sentir dans le pays.
Nous faisons suivre ces réflexions générales d*un
aperçu de l'agriculture de l'Ukraine suivi de quelques ta-
bleaux statistiques tirés des compte-rendus publiés parle
comité de ravitaillement à Kiev.
Aucun des territoires de l'Europe (sauf la Russie) ne
dispose comme l'Ukraine d'une aussi grande superficie
cultivable. Elle est à peu près de 45 millions d'hectares,
c'est-à-dire approximativement 32 % de la surface cul-
tivable de la Russie d'Europe qui est 6 fois plus grande.
Les terres labourables en Ukraine représentent environ
53 % de la superficie totale du pays ; cette proportion
n'est dépassée qu'en France (56 %). En Allemagne cette
134
proportion n'est quç de 48,6 % , en Autriche de 36,8 % , en
Hongrie de 43,1 % et en Russie 26,2 % . La même propor-
tion diffère du reste complètement d'une partie de TU-
kraine à l'autre. Ce sont les territoires des steppes qui
possèdent le plus le terrain cultiYaUe : Kherson == 78 % ,
Polta va = 75 % , Kour sk = 74 X , Kharkiv — 71 % , Vo-
ronije et Katerinoslav chacun 69 %, Podolie et la Tau-
ride — chacun 64 % .
Les données statistiques ci-dessous tirées des compte-
rendus publiés par le comité de ravitaillement à Kiev
se rapportent à la production, la consommation et l'ex-
portation des 6 produits principaux cultivés en Ukraine :
seigle, froment, oiige, avoine, millet et blé de sarrasin.
PRODUCTION
Le tableau ci-dessous permet de comparer la surface
de six cultures principales (seigle, froment, orge, avoine,
millet et blé de sarrasin avec le total de la superficie en-
semencée dans chaque gouvernement :
Total de la surface 6 cultures */<
ensemencée principales de la si
rmUliers de déclat) (mill.déciat) totale
Kiev 2016.7 1663.0 81.9
TcherayhÎT ..... 1477.3 1173.7 79.5
Poltava 2306.2 2031^ 88.1
Volhynie 978.7 960.0 97.1
Podolie 1767.1 1353.5 76*6
Kharkiv 2070.0 1773.8 86.7
Katerinoslav 2969.7 2648.9 86.1
Kherson 3611.7 3294^ 91.2
Tauride 2776.9 2666.6 92.4
Total 19,963.3 17,346.1 86.Ô
^ il
De cette façon la culture des 6 produits principaux
constitue le 86,9 % du total de la superficie ensemencée,
tandis que les autres cultures n'occupent que 13,1 % et la
proportion varie de 2,9 (Volhynie) à 20,6 % (Tchemyhiv).
Gouvemement ensemencée principales de la surface
mill-déc
135
Ces données démontrent la place importante que les
6 cultures principales tiennent en Ukraine. D'après le
nombre de déciatines qu'elles occupent on peut classer
les gouvernements de la façon que voici ;
1. Gouvernement de Kherson
2.
>
> Tauride .
3.
>
> Katerinoslay
4.
>
» Poltava
5.
>
> Kharkiv .
6.
>
> Kiev . .
7.
>
> Podolie
8.
>
> Tchemyhiv
9.
>
> Volhynie .
3294.8 miUierg de déciat.
2565.6
>
V»V/ VU,
>
2548.9
>
>
2031.8
>
>
1773.8
>
>
1653.1
>
>
1353.5
>
, >
1173.7
>
>
950.0
>
. >
Total 17,345.2 milliers de déciat
D'après les différentes cultures la superficie ense-
mencée est classée comme le montre le tableau ci-des-
sous :
Dao» les 9 grouvemements
. . . 3783.3 milliers de déciat. ou 21.8 Vo
. . . 5754 > > > 33.270
. . . 2062.4 > > > 11.970
. . . 4492.5 > > > 25.970
... 490 > > > 2.8 7o
. . . 763 > > > 4.4 7o
Total
1. Seigle . . .
2. Froment . .
3. Avoine . . .
4. Orge ....
5. Millet . . .
6. Blé de sarrasin
17,345.2 miniers de déciat. ou 100.0 7o
La comparaison de la superficie ensemencée de seigle
et de froment par gouvernement donne le tableau ci-
dessous :
Gouvernement
1. Kiev
2. Tchemyhiv
3. Poltova
4. Volhynie
5. Podolie
6. Baiarkiv
7. Katerinoslav
8. Kherson
9. Tauride
Total
Superficie ensemencée en */•
Seiffle Froment
55.2
44.8
95.1
4.9
48.6
51.4
67.9
32.1
42.9
57.1
37
63
24.3
75.7
31.4
68.6
14.3
85.7
39.7
60.3
136
Ce tableau montre que la culture du froment est sur-
tout peu répandue dans le gouvernement de Tchemyhiv
où la superficie ensemencée de froment ne constitue que
les 4,9%, tandis que la culture dusiei^e occupe les 95,1%.
La culture du seigle est peu développée en Tauride, sur
14,3 % de seigle — 85,7 % de froment,
La superficie ensemencée de seigle et de froment cons-
titue 55 % du total de la superficie ensemencée dans les
9 gouvernements, dont le seigle constitue 22 % et le fro-
ment 33 %.
Le froment de printemps constitue 40 % surtout dans
les gouvernements suivants : Poltava — 370 milliers déc,
Kharkiv — 557 m, dec, Katerinoslav — 806 m. dec. et
Kherson — 407 m. déc. La culture du seigle de printemps
est très peu développée — 51,053 déc. dans les 9
gouvernements. La culture d'orge et d'avoine comprençl
6,554,982 de déciatines, plus de 37% du total de la surface
ensemencée des 6 blés principaux, dont la surface ense-
mencée d'orge s'élève à 70 %, celle d'avoine seulement à
30%. La culture d'orge est surtout répandue dans les
gouvernements de Kherson, Katerinoslav, et Tauride, où
elle comprend 3310 milliers de déciatines ou 74% du total
de la surface ensemencée d'orge dans les 9 gouverne-
ments.
La culture d'avoine est répartie d'une façon assez
régulière, le gouvernement de Kiev ayant le maximum
de surface ensemencée — 352,000 déc, et celui
de Katerinoslav : — le minimum — 109,0 milliers déc.
Le tableau ci-dessous donne en chiffres les surfaces de
chacune des 6 cultures principales.
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00 O)
138
n faut ajouter ici que du chiffre total de 17,345.2 mil-
liers de déciatines» 14»396,3 milliers de déciatines ou 83%
appartiennent aux petites propriétés des paysans et 17%
seulement aux grands propriétaires fonciers.
Superficie en milliers de déciatines
Gouvernemeate ^l^^^ï^'"
KieT 1279.7
Tchernyhiv 1111.5
Poltava 1697.2
Volhynie 803.8
Podolie 965.5
Kharkiv . 1560.9
Katerinosiav 2165.6
Kherson. 2613.0
Tauride ... . . . . . 2119.1
grrandes
propriétés
Total
373.4
1653.1
62.2
1173.7
334.5
2031.7
146.2
950.0
387.9
1353.4
212.9
1773.8
383.4
2549.0
681.9
3294.9
366.5
2565.6
Total 14,396.3 2948.9 17,345.2
La culture des six produits principaux dans les petites
propriétés des paysans d'après leurs surfaces dans les 9
gouvernements se répartit de la façon suivante :
1. Froment 4534.1 mill. de dec. 32 7o
2. Orge 3905.0 > > 27 «/•
3. Seigie 3389.6 > > 24 7a
4. Avoine 1463.2 > > 107o
5. Blé de sarrasin 710.9 > > 5 7o
6. Millet 393.5 > > 27o
Total 14,396.3 miU. de dec. 100 7o
La culture du froment d'automne constitue presque
50 % du total de cette culture. Le seigle est en majeure
partie semé en automne.
Moyenne de la récolte totale.
La moyenne de la récolte de six cultures principales
pendant la période de 1909—1913 donne en gros les chif-
fres que voici :
139
1. Kiev
128,138.8 mUl. de ponds
2. Poltava
140.502.3
> >
3. Tchemyhiv
55,350.3
> »
4. Volhynie
97,308.9
> >
5. Podoiîe
108,852.1
> >
6. Kharkiv
124,451.3
> >
7. Katerinosiav
174,790.6
> >
8. Kherson
179,326.3
> >
9. Tauride .
123,066.9
> >
Total
1,131,776.5 miU. de pouds
ce qui constitue par rapport au total de la récolte des six
cultures principales dans les 9 gouvernements pour cha-
que gouvernement:
1. Kherson 16.9 7o
2. Katerinosiav 16.4 •/©
3. Poltava 12.4 7o
4. Kiev 11.3 7o
6. Kharkiv . . , 11.0 7o
6. Tauride 10.9 7#
7. Podolie 9.6 7«
8. Volhynie 8.6 7o
9. Tehernyhiv .... 4.9 7o
D'après les 6 cultures principales le total de la récolte
en gros dans les 9 gouvernements peut être classé de la fa-
çon que montrent les tableaux ci-dessous :
1. Seigle et froment 662,184.8 mill. de pouds ou 58 7*
2. Avoine et orge 419,146.4 > > > 37 7«
3. Millet et sarrasin ..... 60,445.3 > > > 57o
Total 1,131,7760^ mUl. de pouds ou 100 7o
D'après les différents gouvernements, on obtient, en
milliers de pouds, les chiffres suivants :
Kiev Poltava
. . . 71,201.6 84,371.1
. . . 41,178.3 43,896.1
. . . 16,758.9 12,246.1
1. Seigle et froment
2. Avoine et orge .
3. Millet et sarrasin
Tchemyhiv
31,276.3
15,937.4
8136.6
Total 128,138.8
140,602.3
65,360.3
140
.
VoUiynie
Podolie
Kharkiv
1.
Seigle et froment
. . . 64,306.5
66.354.3
73,110.9
2.
Avoine et orge .
. . . 34,891.2
37,590.9
44,5ia0
3.
Millet et sarrasin.
, . . 8111.2
4906.9
6822.4
Total 97,308.9
108,852.2
121,451.3
Katerinoslav
Kherson
Tauride
1.
Seigle et froment
. . . 99,426.0
99,497.4
72,640.4
2.
Avoine et orge .
. . . 73,531.1
77,668.0
49.935.4
3.
Millet et sarrasin
. . . 1832.5
2159.6
481.1
Total 174,790.6
179,325.3
123,056.9
Voici le tableau de la distribution de la récolte mo-
yenne pour les trois groupes par gouvernement en % :
141
Les 9 gouvernements
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8
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9. Tanride
1
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8. Eherson
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7. Katerinoslav
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8
6. Kharkiv
00
00
8
5. Podolie
8
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4. Volhynie
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O
142
Le tableau ci-<lessus démontre que la moyenne de la
récolte du seigle et du froment représente plus de la
moitié de la récolte des six produits principaux variant
de 55,5 %— 61 % pour les différents gouvernements. On
remarque une plus grande différence en comparant la
récolte de l'orge avec celle de Tavoine : 28,8 % dans le
gouvernement de Tchemyhiv — 43,3 % dans le gouverne-
ment de Kherson.
Le tableau ci-dessous permet de comparer la moyenne
de la récolte des quatre produits principaux pour la pé-
riode de 1909—1913 en Russie et en IBiraine.
(En milliers de pouds)
Russie s«ns Ukraine Ukraine (9 Gouv.)
Seigle 1,190,082.4 239,523.3
Froment 941,445.9 412.661.5
Avoine 817,619.7 147,201.2
Orge 398,787.8 271,946.2
Total 3,347,795.8 1,071,331.2
De cette façon la moyenne de la récolte dans les 9
gouvernement de l'Ukraine constitué les 32 % de celle de
la Russie entière.
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144
LA CONSOMMATION.
La moyenne annuelle de la consommation (les se-
mences, la quantité nécessaire à la nourriture du bétail
et la consommation individuelle) en Ukraine, répartie
sur les différents gouvernements, se présente de la façon
suivante :
annvArnAmomfci I^* moyeiuie annuelle de consom-
gouvernements mation de selgrle et de froment
1 . Kiev 63,613 mill. de pouds
2. Poltava 69,006.1 > >
3. Tchemyhiv 34,667.3 > >
4. Volhynie 62,412.7 > >
6. Podolie 66,982.3 > >
6. Kharkiv 67,267.7 > >
7. Katerinoslav 47,137.6 > >
8. E:herson 48,794.9 > >
9. Tauride 29,811.1 > >
Total 442,691.6 mUl. de pouds
c'est-à-dire 67,8 % du total de la récolte moyenne pour
les 9 gouvernements,
OnnvArnftmAîitq ^* moyenne annuelle de con-
wouvemements sommation d'avoine et d»orge
1. Kiev 39,430.1 mill. de pouds
2. Poltava 36,300.6 > >
3. Tchernyhlv 11,648.6 > >
4. VoUiynie 35,390.4 > >
6. Podolie ........ 35,616.3 > >
6. Kharkiv 39,318.2 > >
7. Katerinoslav 46,264.7 > >
8. Kherson ........ 21,122.5 > >
9. Tauride 26,734 > >
Total 288,824,3 mill. de pouds
c'est-à-dire presque 70 % du total de la récolte moyenne
pour les 9 gouvernements,
EXPORTATION.
Le chiffre moyen de la récolte est supérieure à celui
de la consommation (y compris les semences, la quan-
145
tité nécessaire à la nourriture du bétail et la consomma-
tion i];ifdividue]le), donc une quantité considéraible de blé
est exportée dhaque année en Russie et à l'étranger.
Avec la moyenne de la récolte des six produits prin-
cipaux, 1,131,776.5 milliers de ponds, dans les 9 gouverne-
ments, rexportation pendant la période de 1909—1913
s'élevait à:
1. Froment (en blé et son équivalent en farine) 179,695.7 milL de pds
2. Seigle (en blé et son équivalent en farine) . 29,897.5 > >
209,593.2 mill. de pds
3. Avoine (en blé et son équivalent en farine) 9,241.9 mill. de pds
4. Orge (en blé et son équivalent en farine) . 121,060.2 > >
Total 130,322.1 mill. de pds
Le total de la quantité exportée pour ces quatre pro-
duits était de 333,915.3 milliers de pouds, ce qui repré-
sente presque les 32 X de la récolte et des produits dans
les 9 gouvernements, 68 % étant consommés sur place.
L'exportation du seigle et du froment représente les
62 X, celle d'oi^ et de l'avoine les 38 % du total de la
quantitée exportée.
Ex|iortation nette.
I.
GonTememente
1. Kiev
2. Tchemyhiv (Importation)
3. Poltava 26,366
4. Volhynie ........ 1,893.8
5. Podolie ........ 9,372
6. Kharkiv 15,843,2
7. Katerinoslav 52,28a5
8. Kherson 50,702.8
9. Tauride 49,829.3
Seiirle et froment
(en blé c
et en farine)
7,588.6 milL de ponds
3,291
Total 209,593.2 milL de pouds
10
14@
n.
QoUToraaii|eiit0 : , , , Aroin^ et orgre
1. EieT . . . ... . . . 1,748.2 miU. de pouds
2. Tchemyhiv . . . . . . 4,288.8 >
3. PolUv . . . . . S^SHS > >
4. Volhynie ... . 499,2 > >
5. Pôdolie ...',','. . 1,986.6 > >
6. Rharkiv .....: 5,199.8 > >
7. Kàterinoslav . . . '. 28,267.4 > >
8. Kherson 56,545.5 > »
9. Tauride 24,201.4 > »
Total 130,322.1 mill. de pouds
L'exportation nette des quatre prodtiits donne pour
les 9 gouvernements les chiffres que voici :
GouTememeiits
1. Khenon 107,248.3 mill. de ponds ou 31.6 7r
2. Katerinoslav 80,555.9 > > > 23.7 7»
3. Tauride 74/)30.7 > i» > 21iJ •/•
4. PolUva 33,960.6 > > > 10 7o
5. Kharkîv 21,043 > > > 6.2 •/•
6. Podolie 11,347.6 > > » 3.3 •/»
7. Kiev 9,336.8 > > > 2.7 7«
8. Volhynie 1,394.6 > » > 0.4 y.
9. Themyhiv 997.8 > > > 0.3 %
Total 333,915.3 miU. de pouds ou 100 7»
De cette façon la partie principale de l'exportation des
quatre produits (seigle, froment, avoine, orge) proirent
uniquement des 3 gouvernements de Kherson, Katerinos-
lav et Tauride. Leur exportation représente à peu près
77 X du totale de Texportation des 9 gouvernements.
Sur le chiffre total d'exportation de ces produits, soit
339,915.3 milliers de pouds, les exportations à l'étranger
(la Russie exceptée) se repartissent de la façon suivante:
Seigle et froment en crains 131,427.9 mill. de pouds
> > > en farine 6,529 > >
Total 137,956.9 mill. de pouds
Avoine et orge 123,623.3 > >
Total 261,580.2 mill. de pouds
-^ Ce qui représente presque les 77 % du total de l'ex-
portation des 9 gouvernements.
t
147
Le total de l'exportation de la Russie à l'étranger éitait
(pour la période de 1909—1913) de 588,453.2 milliers die
pouds. De cette façon les 44 % de l'exportation de la
Russie entière tomibent : sur les 9 gouvernements de
l'Ukraine.
 côté de la culture des céréales, qui occupe la place
principale, on cultive en Ukraine des betteraves à sucre,
du lin, du chanvre, du tabac, du houblon, etc.
Voici quelques chiffres pour ces différentes cultures :
LE LIN.
La culture du lin et du chanvre quoique répandue en
Ukraihe est très arriérée ; il suffit de comparer le rende-
ment de la surface égale à une déciatine en Ukraine et
dans d'autres pays de l'Europe. Ainsi on obtient en
France, 50 pouds de lin d'une surface égale à une décia-
tine ; en Allemagne» 43 pouds ; en Ukraine, 31 pouds.
La surface cultiva de lin en Ukraine, en déciatines:
Gtoaremements 1909 1910 1911
Tchemyhiv 19,494 17,167 17,954
Poltava . . ' 14,764 14,106 12,622
Katerinoslav 10,576 8,304 8,410
Eharkiv 6,333 4,796 5,180
Kheraon 2,897 2,485 2,850
Kiev 3,114 2,428 2,227
Tauride 7,814 8,236 12,941
Le 80 % de la récolte du lin était exporté et le 20 %
seulement était travaillé dans le pays.
RécoUe de lin en Ukraine 1901 — 1915 en miUierg de pouds:
GouYememente 1901—1905 190&-1910 1911—1916
Volhyme 4444 426 429
Katerinoslay 1686 398 681
Kiev 139 151 91
Podolie 75 86 ,129
Poltava 949 613 424
Tauride 828 368 719
Kharkiv 468 180 139
Klierson 481 208 193
Tchemyhiv JOT 6a»_ 655
Total 5633 3060 3460
148
La production d'huile de lin et de tourteaux de lia
fi'élève à une moyenne annuelle d^ 4 millions de pouds.
Les pressoirs se rencontrent dans les gouvernements de
la Tauiide, de Tdi'emyhiv, de Katerinoslav et de Poltava,.
Le chanvre,
La culture du chanvre en Ukraine est très peu dé-
veloppée. La récolte du chanvre pendant la période de
1905 — 1915 présente les chiffres suivants :
£u milliers de ponde
1901-1006 190&-1010 1911-1915 1916
Volhynie 387 54^ 510 —
Katerinoslav 395 444 301 344
Kiev . 377 628 364 351
Podolie 344 439 426 —
Poltava 1066 1047 1309 1207
Tanride 121 19 10 —
Kharkiv 695 726 784 760
Kherson 216 326 234 360
Tchemyhiv ....... 1162 1669 1431 1646
Total 4664 6636 6369 4667
Le sucre.
L'industrie du sucre est très prospère en Ukraine et
constitue après la culture des céréales, dans les finances;
de ce pays, le chapitre principal de revenus.
Le nombre des sucreries en Russie s'élevait à 225*
dont 200 pour l'Ukraine seule ; la moyenne de la pro-«
duction sucrière variait de 100 — 110 millions de pouds<
dont la moitié était exportée. La production de sucre en
Ukraine représentait les 79% du total de celle de la Russie
entière. Le centre de commerce pour le sucre est la ville
de Kiev où se trouve aussi !a bourse du sucre. En 1915»
la surface de la culture des betteraves était de 730,058 dé-
ciatines, ce qui avait donné 783 millions de pouds de bette-
raves et 108 millions de pouds de sucre. (Ces chiffres se
149
rapportent à toutes, les répons de la Russie où la bette-
rave était cultivée, c'est-^-dire Ukraine, Pologne et les
gouvernements de Kôursk et de Voronije.)
Le tableau ci-dessous donne les chiffres se rappor-
tant à l'Ukraine seule et montre la répartition de l'indus-
trie sucrière dans les différents gouvernements.
Nombre
Superficie
Récolte en
Production de
de fabriques
en dôc.
milliers de pouds
sucre en pouds
Kiev ....
75
204,734
223,941
35,516,323
Podolie . . .
52
160,601
149,314
23469,360
Volhynie . .,
17
37,082
38,935
6,683,076
Poltava . . .
. 13
32,388
44,602
6,732,635
Tchemyhiv .
12
32,601
37,430
6,005,682
Kharkiv . .
29
78,767
99,026
15,833^87
Kherson . .
2
15,500
15,466
2,220,669
Total
200
561,673
608,714
96,161,129
L'exportation des semences de betteraves s'élevait = à
des centaines de milliers de pouds. Les mêmes semenees
étaient souvent importées en Ukraine après un triage à
l'étranger.
Le tabac.
La culture du tabac en Ukraine représente les 86% de
cette culture dans l'ancien empire Russe. Le tableau
ci-dessous donne les chiffres pour la culture au tabac
dans les différents gouvernements.
GtouTemements Dôciatines Qualité supérieure QuaL inférieure
Kiev 20 95 1333
Podolie 383 12,778 23
Volhynie 280 — 20,744
Poltava ...... 12,742 4146 156,502
Tchemyhiv ..... 12,263 166,195 1,473,995
Kharkiv ...... 69 -* 10,216 ^
Kherson 313 19,756 —
Tanride 3359 260,179 143 1
Katerinoslav .... 1 , — t- .
160
Quoique actuelkment -— comme le montre le tableau
— - la culture du tabac de qualité inférieure prédomine,
les conditions de dimat et la fertilité du sol permettraient
d'améliorer la qualité du tabac cultivé et d'en augmenter
la valeur.
Il existe en Ukraine 89 manufactures s'occupant de la
piéparation du tabac.
Disttllerie.
n existait en Ukraine 425 distilleries d'alcool qui pro-
duisaient annuellement 3,95 millions de litres d'alcool ;
225 de ces distilleries se trouvent sur la rive droite du
Dnipr et 175 «ur la rive gauche.
Houblon.
Le houblon est cultivé en Voihynie (3000 hectares) et
en Oalicie (2300 hectares) et donne une production fin-
nuelle d'environ 16,000 quintaux.
Les forêts.
La surface boisée de l'Ukraine comprenait à la fin
de 1913 4385,184 déciatines, donc par rapport à )a su-
perficie totale du territoire qui est de 44,543»610 décia-
tines, 9J6%.
Les plus grandes forêts se trouvent dans les Carpa-
thes de la Galicie et de la Boukovine, puis viennent cel-
les de Polissia dans le bassin du Pripet (Voihynie).
La surface boisée de l'Ukraine est répartie dans les
9 gouvernements de la façon suivante :
.
YoUijnie .... 1,670,498 déc. forêts 25.4 % de )a surface totale
Kiev . - . .
704,197 > > 16.1 7o > :
Tchemyhiv : .
638,681 > > 14.4 7o > :
1
Podolie . . .
364,949 > > 9.5% > '
Kharkiv . . .
406,212 » > 8.1% > 3
Poltaya . . .
226,647 > 1 6.0% > ;
Katerinoslav .
216,469 > > 3.7% > i
Khereon . .
107,726 > > 1.7% 9 a
k 1
Tauridc' ...
49,916 1 > ipy. 1 3
1
161
En outre dans les povîts ukrainiens des gouverne-
ments de Bessarabie, de Voronije, de Koursk, de Grodno,
de Minsk et de Kholin on compte 1,104»938 déciatines de
forêts et dans ces régions la superficie boisée constitue
15 % de ia surface.
Lts forêts appartenant à T Etat:
19.4 */• de la superficie boisée totale
6.1 % > > > > V
24.4V« > > 1 > >
19.8 •/• » >
6.6% > >
94.8% > >
16.2 Vo > >
38.4 •/• > > >
16.3 •/© > > >
La Galicie est beaucoup plus riche en forêts. 25,6 %
du total de la superficie b<^sée tombent sur son territoire.
Eh 1910 il y avait en GaMde:
ForètB de conifères ....... 934,000 ha. 46.4 */#
Foitts feuillues 683,000 > 29%
Forêts mixtes 497,000 > 24.7 %
Total 2,013,000 ha.
Volhynie
. . 323,393
Katerinoslay
. 13,167
Kiev .
. . 172^
Podolie . .
. 72,301
Poltàva . .
. . 12,646
Tauride . .
. . 47,464
Kharkiv. .
61,661
Kherson • .
. . 41^28
Tchemyhiv .
98^022
>
>
>
>
>■
>
La moitié des forêts est propriété publique.
Galicie fournissait 3,660»000 m^ de bois de chauffage et
autant de bois de construction dont 4,900,000 m^ de bois
dur et 3,170,000 m^ de bois tendre. Le bois est
en Galicie un des principaux articles d'exportation. De
toute la quantité, environ 8 milUons de m^, le pays même
consonmie à peu près 5 millions de m*, surtout sous la
forme de bois de chauffage et de construction, le reste
est exporté. L'exportation s'effectue par les rivières
Dnistr et Prout Jusqu'aux ports de la Mer-Noire, Odessa,
Galatz, etc. et ensuite par mer en Italie, en France, en
Alrique du Nord.
Les plus grandes scieries se trouvent en Galicîie
orientale dans le povits de Skole et de Nadvima.
Elevage des bestiaux.
L'élevage des bestiaux en Ukraine est partout très
étroitement lié à l'agriculture. Ce n'est que dans les step-
pes de la Mer-Noire que l'on rencontre encore des restes
de l'élevage extensîf primitif. En raison de l'insoiffisancQ
du sol, l'élevage du bétail est de la plus haute importance
pour le peuple ukrainien et forme pour lui une source
de revenus indispensable au paiement des impôts et à
l'investissement de capitaiix dans l'économie rurale. Ce
n'est malheureusement que maintenant, et par suite de
rignorance dans laquelle on l'a laissé, 'que le paysan
ukraiiiién commencée à réconnaître la valeur de l'élevage
du bétail et qu'il l'introduit progressivement. En Gâlicie,
le mouvement a déjà pris de l'extension. Dans l'Ukraine
russe les grands propriétaires fonciers seuls s'oc-
cupent de l'élevage progressif (et encore très rare-
ment) étant donné que l'élevage extensif leur rapporte
davantage. C'est du reste la raison paur laquelle l'élevage
pratiqué par les: paysans a une importance incompara?
blement plus élevée dans, l'existence d'un peuple cultivé,
aussi peut-on prédire un brillant avenir à l'élevage en
Ukraine dès qu'il sera pratiqué par des paysans éclairés
et intelligents.
n n'est presque pas possible d'évaluer, même appro-
ximativement le. nombre de têtes de bétail que compte
l'Ukraine. Dans tous les cas» le nombre de 30 millions
est certainement considérablement dépassé, dont 4 mil-
lions environ doivent être (attribués à l'Ukraine autri^
chienne. En re^rd des pays avoisinants l'Ukraine est très
riche en bétail. L'Ukraine russe, qui. ne représente p«^
153
tout à fait le sixième de la Russie d'Europe dispose d*un
tiers du bétail russe, c'est-^-dire du double de ce qui lui
reviendrait proportionnellement à l'étendue de son terri-
toire. L'Ukraine autrichienne également représente un
territoire d'exportation important pour tous les produits
de l'élevage destinés à l'Autriche occidentale et à l'Alle-
magne.
De toutes les régions de l'Ukraine, c'est la Galicie qui
compte le plus petit nombre de bestiaux, c'est-A-dire 723
pièces par 1000 habitants (soit 116 chevaux, 372 bêtes à
cornes, 60 moutons, 172 porcs). Les npmbres relatifs
sont plus élevés en Ukraine russe, mais surtout dans la
région des steppes méridionales. Par 100 âmes de popu-
lation la Volhynie comipte 19 chevaux, 32 bêtes à cornes,
18 moutons et 17 por<^ Les chiffres correspondants sont :
pour la Podolie 16, 19, 17, 11, pour Kiev 13, 18, 17,
10, pour Cherson 29, 24, 16, 11, pour Tchernyhiv 21, 25,
33, 16, pour Poltavta 14, 22, 27, 11, pour Kharkiv 17,. 27^
23, 10, pour Katerinoslav 25, 26, 21, 12, pour la Tauride
30, 28, 61, 11, pour le Kouban 34, 54, 80, 21.
Nous commencerons notre aperçu, de l'élevage, des
bestiaux par rélevage du cheval La race chevaline ukrai-
nienne est très répandue dans toute la région du Dnipr ;
la variété tchomomorienne dans la région de Kouban, la
variété donienne dans les marches orientales de l'Ur
kraine. L'immense majorité des chevaux ukrainiens, ce-
pendant, proviennent de croisements ; ils sont de petite
taille et quoique très résistants ne sont pas précisément
forts. ,
Parmi les chevau^i de petite taille il n'y a que les che-
vaux^ montagnards houtzouiliens qui, par leurs propriétés
particulières offrent un certain intérêt; Les autres mê-
lions de chevaux;* de petite taille car^ctériseut: plutôt l'éts^t
154
d'infériorité dans lequel se trouve l'élevage du cheval que
le profit pouvant en résulter pour la population qui, pro-
portionnellement à sa situation économique, entretient
décidément un trop grand nombre de chevaux.
On fait très peu en Ukraine pour favoriser l'élevage
du cheval. Des haras ne sont entretenus par les grands
propriétaires que pour l'élevage des chevaux de courses»
mais pour les chevaux de travail on ne fait absolument
rien. Seul dans le gouvernement de Voronije on élève
une race de forts chevaux de trait (Bytuhy) de même
que dans les haras de Novo-Alexandrivsik (dans le terri-
toire de Kharkiv) et de Yaniv (dans le pays de Kholm).
Dans l'Ukraine autrichienne l'administration militaire
s'occupe avec succès de l'élevage de la race houtzou-
Menne.
Le gros bétcàl a une importance plus considérable
pour le peuple ukrainien que le cheval, aussi la race bo-
vine y est-elle relativement supérieure. La propagation
générale de la race grise ukrmnienne, la race rouge kal-
muque qui est venue s'y ajouter en Ukraine orientale él
les nombreux croisements avec des sujets de race pro-
venant de l'Europe occidentale que dirigent et subvention-
nent les gros propriétaires, les gouvernements et les or-
ganisations agricoles, donnent à l'élevage du bétail à cor-
nes une valeur incontestablement supérieure à celui du
cheval. Malgré cela l'industrie laitière en Ukraine en est
à peine à ses débuts. Seule en Galicie s'est constituée une
organisation laitière parmi leis paysans, qui produit an-
nuellement V4 d^ million de kg. de beurre.
L'élevage des moutons sl considérablement diminué
en Ukraine, dans les dernières décades surtout, en rai-
son de la coi^currence australienne. Précédemment, l'U-
kraine méridionale était l'un des principaux centres de
155
V
production de laine sur le marché mondial. La transfor-
mation des steppes en champs cultivés a aussi beaucoup
contribué au déclin de Têlevage des moutons. Les énor-
mes troupeaux de moutons peuplant les steppes ukrai*
niennes sous la garde de bei^er;^ à demi nomades appar-
tiennent au passé. Néanmoins on peut estimer à plus de
10 millions le nombre de moutons de l'Ukraine. La plu^
part sont élevés dans les territoires du Don, du Kouban,
dans la Tauride^ à Katerinoslav et en Bessarabie. Comme
dante les autres branches de l'élevage, c'est aux paysans
ukrainiens qù'incon[)be le rôle principsd dans l'^evage des
moutons. Bs élèvent surtout des (noK>utons ^ laine grossière
de races diverses. Ces moutons paissent les trois quarts
de l'année dans la steppe. Les grands propriétaires fon-
ciers élèvent beaucoup moins de moutons, mais leurs
bergeries sent peuplées surtout de sujets à laine fine, race
mérino dont l'élevage est plus onéreux, mais aussi d'un
rapport supérieur. Ce n'est que dans les dernières an-
nées que les paysans se sont mis à l'élevage des moutons
à laine fine. L^élevage est important également dans les
territoires de Tchemyhiv, de Poltava et de Kharkiv où en
1900 il y avait environ 3Va miUions de moutons dont 3
millions en mains des paysans. C'est là qu'on élève la fa-
meuse race de Rechetylov. Les autres régions de l'U-
kraine n'élèvent pour ainsi dire pas de moutons. Seul
dans les Carpathes l'élevage du mouton forme une source
de revenus lucrative pour les paysans. Les moutons à
laine grossière des montagnes paissent sur les hauts pâ-
turages et rapportent presque davantage par leur lait,
leurs produits lactés et leur fourrure que par leur laine.
Lés chèvres sont rares en Ukraine où on les rencon-
tre presque exclusivement dans les montagnes dés Carpa-
thes, de Yalta et du Cauca>se. Par ocmtre, f^euoige des
156
porcs forme la ressource la plus importante des paysans
modestes et comme tel est répandu dans toute l'Ukraine
particulièrement à Tchemyhiv, enVolIiynie et à Eouban.
Outre dans les porcheries, l'élevage se pratique aussi en
plein air, et là sur une grande échelle. Sur le Dnistr et
le Dnipr inférieurs d'immenses troupeaux de porcs pas-
sent l'été et l'automne entiers dans les plavni. Les races
anglaises améliorées (Yorkshire, Berkshire, etc) sont peu
répandues en Ukraine et dégénèrent rapidement ; les ra-
ces russes, polonaises et les races frisées du midi ne sont
pi^s propres à l'engraissement
Enfin, on élève le chameau dans les steppes méridio-
nales {Tauride, territoire du Don, Stavropil), le buffle en
Bessarabie, l'âne et le mulet en Bessarabie et en Tauride.
Arrivés au bout de notre aperçu sur l'élevage du bé-
tail en Ukraine, nous ne pouvons passer sous silence
l'élevage de la volaille, qui fornue également une branche
importante et lucrative de l'activité du peuple ukrainien
dans les campagnes. Le paysan vivant en général très
modestement et sobrement ne consomme lui-même que
peu de volaille; celle-ci est vendue au marchand ou 11:*
vrée dans les villes. L'excédent de là production sur la
consommation locale est si considérable que tout le ter-
ritoire de l'Ukraine est devenu un grand centre d'exporr
tation de volailles, d'œufs et de plimies, qui sont dirigés
vers les autres régions de la Russie, vers l'Autriche occi-
dentale, l'Allemagne, l'Angleterre, etc. En tenant compte
des autres territoires ukrainiens de la Russie on peut pré-
tendre, sans exagération, que tout le territoire russe oc-
cupé par les Ukrainiens fournit plus de la moitié de la
production en volailles et en œufs de la Russie entière.
La PoddUe ^eule a vendu en 1908 plus de 3 V^ millions
de. volailles, Kbarkiv l^* million. Vers 19Q3 la Galicie
157
fournissait annuellement pour 35 millions de couronnes
d'œufs, pour 3 millions de couronnes de plumes» pour
1^2 miMîon de volailles, chiffres auxquels la partie ukrai-
nienne du pays participe pour les Vs au moins.
D'après les données statistiques des chemins de fer
Texportation des œufs de l'Ukraine avant la guerre at-
teignait le chiffre d'un milliard.
L'absence du triage soigneux et le manque de bon em-
ballage rend l'exportation difficile. Pour mettre cette
branche d'exportation à la hauteur des circonstances il
faudrait construire à proximité des principaux centres de
chemins de fer des dépôts avec des chambres frigori-
fiques où les œufs rassemblés de M région seraient soig-
neusement triés et conservés à une température con-
stante jusqu'au moment de leur expédition. Le chiffre
d'exportation indiqué plus haut n'est pas définitif — dans
des conditions de bonne organisation d'exportation il
pourrait être considérablement augmenté.
Pour terminer, faisoais la remarque que chaque culti-
vateur en Ukraine s'adonne en quelque sorte aussi à
l'élevage. Le pourcentage des éleveurs de profession par
contre est très faible.
La houille en Ukraine.
L'exploitation de la houille en Russie date de la fin
du XVIIIe siècle. Mais ce n'est qu'à la fin du XIXe siè-
cle qu'elle commence à jouer un rôle plus ou moins con-
sidérable dans la vie économique du pays. Pendant la
période de 1874 à 1884 Ton a extrait en Russie 240 mil-
lions de pouds de houille, ce qui équivaut au 0,95 % de la
production du monde entier. Ce % va en augmentant ré-
gulièrement :
18M .... 535 mUlions de pouds . 1.60 7«
1904 .... 1,197 > > > ....... 2.22 •/•
1913 .... 2,200 > > > 2.75 •/•
En outre, la consommation de la houille monte
beaucoup plus rapidement que l'extraction même, autre-
ment dit le manque de houille est complété par les im-
portations de l'étranger.
Consommation Importation
1884 .... 352,4 millions de poU<b 32.0 */•
1894 .... 654,9 . » > > 18.5 •/•
1904 .... 1392,7 > > > 14.5 •/•
1913 ... 2660,4 > > > 17.4 •/•
1914 .... 2470,9 > > > 12.070
Le développement de l'industrie favorisait l'exploita-
tion de la houille en sorte que, dans la première moitié
de 1914 elle accuse un surcroit de 17 % comparativement
à l'année précédente. En 1913 l'exploitation de la houille
en Russie occupait le sixième rang dans la production
mondiale.
159
Etato-Unia . . 31,2^6 milUons de pouds
Angleterre 17,820 > > >
Allemagne 17,032 * > >
Autriche 3,120 > > >
France 2,460 > > >
Ri|88ie 2,196 > > >
Belgique 1,396 > > >
Autres Etats 5,012 > > >
L'offre de houille sur le marché intérieur de la Rus-
sie n'arrive pas à couvrir la demande de combustible
minéral solide et, malgré l'activité intense des mines,
l'importation du charbon augmente constamment :
En 1910 il fut importé de Tétrang^er . . . 259,3 millions de pouds
> 1912 > » > . > ... 324,5 > > >
> 1913 > > > » > ... 468,4 > » >
> 1914 > > » > > ... 293,4 > > >
En 1913 il a été importé en Russie par différentes sta-
tions de douane :
Par Pétrograd 177,4 millions de pouds
> Reval . 27,4 >
> SosnoYitz 93,1 >
> BlgSL 73,0 >
> Liban 24,8 >
> Odessa 12,7 >
> Arkhangel 2,6 > •
Ce tableau démontre que l'importation était plus consi-
dérable dans les districts à industrie plus développée,
c'est-à-dire le district de Pétersbourg et le district indus-
triel en Pologne (Sosnovitz). Cependant, si nous tenons
compte que l'activité de l'industrie en Ukraine ne le cé-
dait en rien à celle de l'industrie des autres districts de
l'ancienne Russie et que, d'autre part, l'importation du
charbon par Odessa, port principal de l'Ukraine, occupe
le sixième rang, nous arrivons à la conclusion que l'ex-
ploitation de la houille en Ukraine satisfaisait presque
160
en entier aux besoins de rindustrie du pays ; ceci se com-
prend d'ailleurs aisément m nous examinons le talileau
suivant, concernant l'exportation du charbon dans les
différents districts de l'empire Russe, en millions de
pouds:
Ukraine . .
(difltr. DonetB)
Pologne . .
Oural . . .
distr. MoBCou
Caucase . .
Turkestan
Sibérie Occ. .
Sibérie Or. .
distr. Ejev .
1878 1890 1900 1910 1918 1916 1917 (l'« moitié)
37,8 183,25 671,65 1019,3 1543,8 1626,3 834,1 uUitii fè.
20,5 150,79 254,83 341,1 426,8
0.37 15,22 22,69 77,4 73,1
9,2 14,27 17,61 13,9 18,3
0.22 0.61 3,98 2,8 4,3
0.41 0.80 0.61 3,4 8,4
0.81 1,13 9,39 31,5 53,3
0.12 0.89 8,58 64,3 71,8
1,60 0.69 0.65 — —
78,3qp.50,0
27,2 23,1
3,8if|r.2,0
70,9
80,9
40,6
35,7
Total 71,59 367,20 986,33 1524,7 2200,0 1887,9
Importé de ^^^ *^^ *^ ^^^^ ^^' *®^*
l'étranger 34,7 94,2 240,3 259,3 468,4 34,3
Ce qui donne en ponrcentacre : 1918
District du Donetz 70.3 7o
Pologne 19.3 7o
Oural 3.3 7o
district de Moscou 0.8 V»
autres régions de la Russie ... 6.3 7o
1917 (!'• moitié)
1916
85,6 «/•
4.1 Vo
1.4 7«
8.9 7«
Nous voyons que l'Ukraine occupe la première place
dans Texploitation de la houiUe en Russie et que le chif-
fre moyen du pourcenta^ est de 70 % (monté en 1915
jusqu'à 95 X vu l'occupation des mines de la Pologne par
les Allemands).
Considérons maintenant le district du Donetz en par-
ticulier : les gisements de houille du Donetz se trouvent
dans les districts de Koupiansk et d'Moume du gouverne-
ment de Kharkiv, les districts de Slavianoserbsk, de Bakh-
mout, de Marioupol du gouvernement de Katerinoslav
et dans les districts occidentaux du pays des Cosaques
du Don.
161
L'ensemble de la surface du terrain minier comprend
environ 20,000 verstes carrées. Les gisements les plus ri-
ches en charbon métallurgique et en même temps les
plus considérables se trouvent sur le territoire ukrainien.
D'après les calculs du Comité géologique les gise-
ments de ce bassin comprennent :
' pour la fabrication du gaz
pour les fonderies
' coke
:2. charbon maigre et anthracite . . . 2,293,638
1. charbon
1,238,848 millions de pouds
Un tiers du charbon sous chiffre 1, c'est-à-dire 400,000
millions de pouds environ est formé par le coke qui re-
présente la base de l'industrie métallui^que dans le pré-
sent et dans l'avenir.
Voici le tableau de l'exploitation de la houille pendant
la période de 1885-1917 :
18R5
1890
1895
1900
1906
1910
1916
1916
, 1917
<€oke . . .
82
147
254
601
701
861
1316
1376
1166
.Anthracite .
33
36
44
71
95
167
310
376
366
116 183 298 672 796 1018 1626 1761 1610
Le district du Donetz comptait :
en 1912 — 392 puits avec un rendement annuel de
1,880 millions de pouds et une extraction réelle de 69 %..
en 1913 — 483 puits avec un rendement annuel de
:2130 millions de pouds et une extraction réelle de 73 % ;
en 1914 — 535 puits avec un rendement de 2183 rail-
lions de pouds et une extraction réelle de 11 %.
La surface occupée par Texploitation de la houille
•était en 1914 — de 213,629 déciatines c'est-à-dire seule-
ment 133 % du total de la surface du bassin du Donetz.
Le tableau ci-dessous indique la moyenne de Textrac-
liovL du district du Donetz pour l'année 1912 selon les
«catégories de charbons :
11
•
162
charbon ordinaire 18.44 */•
charbon de gaz 5.6 */•
> de fonderie 8.0 •/•
coke 47.1 •/•
charbon maigre 2.9 */§
anthracite laO •/•
Ce chai4>on fut distribué entre les consommateurst
comme Tindique le tableau suivant :
5fS? navigation sucreries 5^: indu- mation
^«'«' "^^^ stries privée
moyenne 190B— 10 30 7o 6 Vo 6 ^o 28 •/. 10 Vo 21 %
moyenne 1911—13 28 Vo 4 •/. 6 •/• 26 •/• 11 •/• 26 •/•
1914 33 7o 2 •/• 5 •/• 267o 12 Vo 22V*
1916 41 V« 6 Vo 3 Vo 31 Vo 11 Vo g 7»
1916 44.IV0 4.IV0 2.8V0 49
d'où nous pouvons conclure que les usinçs métallurgiques
ne consommaient que 25 X du charbon du bassin du Do-
netz. Ceci serait une preuve pour l'administration irra-
tionnelle par le gouvernement de l'ancien empire russe.
En ce qui concerne la technique, aucun effort n'avait
été tenté pour amener l'exploitation de ces riches gise-
ments à un d'qgré convenable.
Quelques mines seulement, appartenant aux riches
sociétés belges ou autres entreprises étrangères, étaient
à la hauteur de la technique européenne. En 1913 sur
5246 fours à coke, 848 seulement utilisaient complète-
ment les sous-produits, c'est-à-dire seulement 16 % des
fours produisaient le benzole, le sulfate d'ammonium,
les couleurs etc. Le nouveau gouvernement ukrainien a
tenté de faire quelque chose dans cette direction, mais
il reste toujours encore beaucoup à faire et c'est ici que
s'ouvre un champs libre pour le capital étranger.
En 1912 il y avait 140,728 ouvriers occupés dans les
mines de houille en Ukraine avec une moyenne annuelle
de production de 9300 pouds pour chaque ouvrier.
Ces chiffres ont beaucoup changé pendant la guerre
et encore davantage pendant la révolution, le nombre des
ouvriers ayant augnienté et leur capacité productive
ayant diminué.
L'exportation de la houille du bassin du Donetz qui
en temps normal comprenait :
En 1913 1^ milUong de pouds
en 1914 1,713 > > >
en 1915 . . , 1,624 » > >
est tombée pendant la période avril-juin 1918 jusqu'au
chiffre de 25—27 millions de pouds.
Avec le retour aux conditions normales l'exploitation
de la houille en Ukraine exigera une attention très soute-
nue : de nouvelles explorations géologiques, des amélio-
rations techniques dans les mines mêmes, ainsi que le
perfectionnen>ent des nooyens de transport seront né-
cessaires — donc de nouveau un champ libre pour le
placement de capitaux étrangers.
Les gisements de lignite se rencontrent en plusieurs
endroits. L'endroit principal de ces gisements avec une
surface de 5000 km^ se trouve sur le plateau du Dnipr
(gouvernement de Kiev, district de Zvenihorodka et Tchi-
hirin, gouvernement de Kherson, district de Eli<sabethgrad
près de Voznesensk et Nova Praha) ; on en trouve aussi
en Volhynie (Kremenetz) et en Galicie (Djouriv). Le
lignite ukrainien ressemble beaucoup à celui de Saxe et
sa composition est la sidvante :
Carbone 50.6 - 68.67o
Hydrogèiie 4.6 - 7.6%
Oxygène et azote 13.8 - 27,6Vo
Cendres 7 - 27.0»/o
Les débuts de l'exploitation du lignite remontent à
1871 où pour la première fois Ton a entrepris de l'extraire
164
à Jouravka (gouvernement de Riev). Ce puit fut exploité
pendant près de 7 ans et a donné 18,1 millions de pouds de
lignite. Le rendement de ce gisement est de 94 millions
de pouds. En Volhynie le lignite se trouve en un puissant
gisement près de Kremenetz. L'exploitation de ce dernier
commencée en 1894 fut arrêtée déjà en 1898 à cause de la
qualité inférieure de ce lignite, par contre le rendement
de ce gisement est énorme, il atteint 1500 millions de
pouds. Vu le manque considérable de bois de chauffage
en Ukraine, on sera forcé à l'avenir d'entreprendre l'ex-
ploitation du lignite en Volhynie, pour fabriquer des bri-
quettes. Dans le gouvernement de IQierson il se trouve
également un gisement puissant de lignite, mais comnie
sa qualité n'est pas supérieure à celui de la Volhynie, le
gisement n'a pas encore été exploité.
Le coke et les produits de la distillation de la houille.
D'après les calculs du Comité géologique russe, le
gisement de houille qui fournit le coke s'élève à 400 mil-
liards de pouds et représente les 11 % du stock total de
la houille dans les mines du bassin du Donetz. La statis-
tique de cette branche de l'industrie se présente de la fa-
çon stdvante :
I.
Nombre des quantité de quantité de
* fourneaux de . houille brute coke obtenu
dUtillatton en milliers de pouds
1906 3699 189,727 137,736
1908 4007 220,200 162,920
1910 4158 226,662 167,679
1912 4942 316,078 236,291
1913 6545 368,691 270,877
1914 ..... bS8H 370,667 278,410
1916 5014 342,240 254,769
1916 .....? ? 270,670
1917 ? ? 221,440
y
165
II.
1910 1912 1914 1916
en mimons de pouds
charbon de coke extrait .... 315.9 686.1 787.3 725.4
quantité soumise à la distiUation 226.7 316.1 370 342
en 7o 58.7 51.0 47 47
Donc, seulement les 50 % environ, de la houille qui
fournit le coke ont distiUé dans les fours ; les autres 50 %
ont été employés là où le charbon de qualité inférieure,
le charbon maigre ou même Tanthracite pouvaient être
utilisés.
Voici le nombre de fours de distillation et leur rende-
ment :
(en millions de ponds)
1910 1912 1914 1916 1916 1917,
Nombre de fourneaux
à distiUation . . . 4000 4908 5372 5049 4887 4297 6585
coke obtenu (miUions
de ponds) .... 168 236 278 254 270 221 408
fonmeanx utilisant les
produits de distillât. 344 720 1008 1003 975 1418 2173
coke obtenu dans ces
demiersenmill.de p. 21.8 38.1 95.4 109.5 219 185 228
7o de fourneaux, utili-
sant les prod. de distil-
lation, par rapport au
nombre total ... 8.6 15 19 20 24 3d 33
7o de coke obtenu dans
les demlersf oumeaux
par rapport à la quan-
tité de coko totale . 13 16 33 43 44 83 56
quantité de goudron
obtenue en milliers de
pouds . ..... 705 1180 2081 3296 3590 3837 5295
produits ammoniacaux
(en milliers de pouds) 259 620 1223 1416 ? 1300 2437
sulfate d'ammonium (en
milliers de pouds) . 31.3 244.61048 720 292 ? ?
Ammoniaque (en mil-
tiers dé pouds) 3.3 6.4 48 238 408 450 450
Poix (en milliers de pds) 244 291 1250 1212 1245 1247 1582
166
Jusqu'en 1904 il existait en Ukraine une seule usine de
distillation avec 35 foucneaux qui utilisaient les produits
de distillation. En 1915, d'après les données statisttiques
du dernier Congrès des ingénieurs des mines de l'Ukraine,
il y avait déjà 1332 fourneaux de distillation, à savoir :
à Horlovka, < Société de Tlndustrie Minière dans la Russie
du Sud > 50 fours
à Novosmolianinovka, (près louzovka-Sociétè Novorossiisk) 180 >
k Kadievka, câociété Métallurgique Busso-Dniprovsk > . 240 >
à Konstaninovka, < Société par action des usines laminoires» 40 >
À Hosoudariv Bayrak, < Société par action des mines et
des usines de Hosoudariv Bayrak > 60»
â Roudtchankovo, les mines de la < Société par action des
Usines de Briansk> 140 >
â Ohtcherbinovtzi, < Société de Fexploitation de sel gemme
et de houille» . ; . 38 >
â Sartan, Société par action < Providence Russe > ... 44 >
À Nyjnia Erynytziay <S. L. Act. de l'Industrie Minière Russe> 50 >
à Makiivka, Société Minière Métallurgique cUnion Russe» 110 >
 Xenakievo, Usines et mines de la < Société Métallurgique
Russo-Belge » 320 >
À Olkhova, < Société des usines et des hauts fourneaux de
Olkhova» 60 >
LA TOURBE.
L'Ukraine est très riche en tourbe quoique son ex-
ploitation ne soit pas arrivée à un degré convenable. Les
plus grandes tourbières se trouvent en VoUiynie, dans les
gouvernements de Kiev et de Tchemyhiv. La tourbe de
la VoUiynie contient de 10—12 % de cendres. Les tour-
bières du gouvernement de Kiev s'étendent le long de la
rivière Irpen. Leur rendement es* de 750 millions de
pouds.
L'absence de bonnes machines est l'obstacle principal
à l'exploitation de la tourbe en Ukraine, qui s'effectue
actuellement d'une façon tout à fait primitive. Le gouver-
nement ukrainien, après la révolution déjà, s'en est oc-
167
cupé d'une façon particulière et a même envoyé une com-
mission spéciale à l'étranger pour l'acquisition des ma-
chines nécessaires à l'exploitation de la tourbe. L'on
fonde de grandes espérances sur l'aide de l'Europe
occidentale, au point de vue technique et financier.
LE GRAPHITE.
Le graphite se trouve en Ukraine entres les couches
de roches cristallines qui forment les massifs ukrainiens;
en Volhynie, le long de la rivière Sloutch ; dans le
gouvernement de Kiev, le long de la rivière Ross ; en Po-
dolie, dans le district deBalta; dans le gouvernement de
Kherson le long de l'Inhouletz ; dans le gouvernement de
Katerinoslav, district de Marioupol, le long de la rivière
Kaltchik et en Tauride, le long de la rivière Berestova.
L'analyse du graphite de Volhynie donne :
Carbone 54.d0*/«
Cendres 46.59*/«
Matières volatiles (à la To de 120) O.II70
Les cendres de ce graphite contiennent du sable avec
un peu d'oxyde de fer.
Dans le gouvernement de Kherson à 40 km de Kryvy
Rih, centre principal de l'industrie métallurgique en
Ukraine, se trouvent d'énormes gisement de graphite
putr à la profondeur de 8 — 11 sajènesi; ce graphite con-
tient 99,01 % de carbone pur. Le graphite de Tauride
contient 17,91 % de carbone.
On a extrait en Ukraine au total :
1913 . 12,166 pouds
1914 23,316 >
1916 52,020 >
1916 69,040 >
1917 100,000 >
n n'y avait ces derniers temps en Ukraine qu'une
seule fabrique de graphite à Marioupol (gouvernement de
168
Katerinoslav) qui produisait le graphite de différentes
qualités. La qualité moyenne contenait 71—76 9S et la
qualité supérieure 90 % de graphite pur.
LE MINERAI DE FER.
L'industrie métallurgique est très développée en
Ukraine. Elle est localisée dans le district métal-
lurgique de Kryvy Rih dans le bassin de Tlnhou-
Iet2 (dans le district adnûnistratif de Verkhnedni-
provsk du gouvernement de Katerinoslav, et les districts
de Kherson et d'Âlexandria du gouvernement de Kher-
son), où il existe 85 mines appartenant à 47 sociétés
d'exploitation. L'ensemble du terrain qui appartient à ces
mines comp-rend 12,109 déciatines. De ce nombre 117,71
déciatines sont occupées par des carrières ouvertes et
134,8 déciatines — par des puits. La plus grande pro-
fondeur des puits atteint 140 sajènes (Doubova Balka).
L'épaisseur d'un filon de minerai est de 50 sajènes
au maximum et 0,10 sajène au minimum. Le rendement
de cette surface est de 4232 millions de pouds. Le fond
total du minerai de fer dans le district de Kryvy Rih est
estimé à 12^47 millions de pouds (225 millions de ton-
nes).
Il y a de plus, disséminées entre les mines, des sur-
faces de plusieurs verstes carrées qui ne sont pas encore
exjplorées, de sorte que l'on peut avoir l'espoir de retirer
une quantité réelle de minerai de fer dans le district de
Kryvy Rih, considérablement supérieure à celle qui fut
établie par le Comité international géologique.
Le rendement normal des mines de Kryvy Rih pour
Tannée 1915 fut de 437,4 millions de pouds, mais en réa-
lité l'on en n'a pas extrait plus de 231,55 millions de
pouds, c'est-'à-dire plus de 53% du rendement normal
calculé pour ces min«.
169
L'extraction du minerai de fer de Kryvy Rih repré-
sente 66 X de Textraction dans la Russie entière et 90 %
de celle en Ukraine,
Le minerai de Kryvy Rîh estl'un des plus riches d'Eu-
rope, il contient en moyenne 60 — 65 % de fer pur. Cer-
tains gisements contiennent même plus de 65 % de fer»
par exemple le minerai de «Doubova Bàlka», «Saksa-
hanska> avec 65,5 % de fer pur, «Poujmerka», «Kolat-
chevska No. 2» plus .de 66 X, «Synia No. 1>, 67,1 % ;
fKolatchevska No. 1», 67,7 % de fer pur. Le 1er janvier
1917 il y avait à Kryvy Rih 46 mines en activité ; le 1er
janvier 1918 — 35 mines.
Le second district métallurgique en Ukraine est celui
de Kertch (district de Théodosie en Tauiride). Sur le terrain
de 23,410 déciatines avec un fond de minerai de plus
de 25,000 millions de pouds qui contient 41,3 — 43,5% de fer
pur, il n'existe que 4 mines, qui appartiennent aux 3 so-
ciétés d'exploitation et dont en 1915, 2 seulement étaient
en activité. L'épaâsseur du gisement est de 2,5—5 sajè-
nes. Les carrières ouvertes n'occupaient en 1915 que 46
déciatines. Le 1er janvier 1917 deux mines seulement
étaient en activité, le 1er janvier 1918 aucune. Le rende-
ment annuel des 4 nûnes atteint 75 millions de pouds. Em
1915 l'on n'a extrait que 16,27 millions de pouds, c'est-à-
dire seulement 22% de la quantité que les mines sont
techniquement capables de fournir et en 1917 cette quan-
tité a diminué de 31 %. La moyenne de production d'un
ouvrier était :
En 1913 17,506 poudB de minerai
en 1916 16,765 > >
en 1916 13,633 > >
en 1917 9,882 > >
c'est-àrdire 44% de la quantité extraite en 1913.
170
L'extraction de minerai dans le district de «Korsak
Mohyla» (district de Berdiansik enTauride)» est peucansi-
dérabie,àsavoirO^% du total de l'extraction en Ukraine.
L'extraction des mines du Donetz (Youzovka) qui en
1909 représentait les 0,S7 % du total. de l'extraction de
l'Ukraine est à présent suspendue.
Voici quelle est l'extraction du minerai de fer dans
différents districts :
Kryry Rih Kertoh Kor. Moh. Total
en millions de poua«
1913 390.31 29.31 0.46 420.07
1914 293.07 33.51 0.20 326.78
1916 231.66 16.27 0.47 248.28
1916 314,34 20.72 0.32 336.37
1917 217,42 7.72 0.28 226.42
A côté de ces trois districts il se trouve encore dans
les districts de Bakhmout et de Marioupol (gouvernement
de Katerinoslav) et en partie dans le pays des Cosaques
du Don» un terrain minier désigné sous le nom de dis-
trict du Donetz avec un mincirai assez pauvre en fer. Ce
district n'était exploité que pour les usines métallurgi-
ques locales et ceci jusqu'en 1910, époque à laquelle
l'exploitation de ces mines fut complètement suspendue.
En Volhynie (dans les districts de Jitomir, de Novograd-
volynsk et de Ovroutch) se trouvent des gisements de mi-
nerai (marécage ferrugineux) dans les bassins des riviè-
res du Teterev, de l'Ouge, de l'OiAort et en partie dans
celle du Sloutch ; l'exploitation des minerais de Volhynie
a cessé depuis la fin du XDCe siècle.
En Podolie le minerai de fer se rencontre par gise-
ments séparés dans le district de Haissyn le long de la ri-
\dère du Bouh.
L'exportation du minerai se faisait par les frontières
suivantes :
. 1011
Mer Baltique .... 0.03
Allemagne 14.47
Autriche 0.74
Mer Noire 38.86
171
1912 1913
mlllioiui de poudâ
0.07 0.002
1914
16.05 0.714
0.763
2.09 0.001
—
22.27 27.96
14.65
Total 54.09
40.49
2a67
15.42
Exportation du minerai de fer pour les différents
pays:
Allemagne
Hollande
Angleterre
Autriche
Autres pays
1911
1912 1918
millioD» de ponds
1914
15,86
16,50 1,65
4,09
26,27
17,38 23,36
9,57
9,90
4,26 3,66
1,75
0,74
2,09 0,001
—
1,32
0,25
0,002
0,003
LE MINERAI DE MANGANESE.
Les plus riches mines manganèsifères du monde se
trouvent dans le Caucase près de Tchiatour {gouverne-
ment de Koutais), l'Ukraine occupe la seconde place dans
l'exploitation du minerai de manganèse. Les mines se
trouvent dans le gouvernement de Katerinoslav près de
Nikopol :
1910
1912
1913
1914
1915
1916
1917
La quantité d'ouvriers occupés à l'exploitation de ce
minerai en Ukraine fut en 1916 de 2400, et en 1917
de 2192.
Le stock du minerai de maganèse s'élève de 1280 à
2400 millions de pouds. Son exportation se répartit de la
façon suivante:
CaacMe
Ukraine
Oural
Total
33,805
10,870
—
44,731
35,299
14,559
196
50,063
59,188
16,188
1190
76,566
40,446
14,600
222
55,268
15,737
16,854
-262
32,792
?
17,268
?
?
11,342
?
172
Les usines de Russie Elzportation Exportation par la
et d'Ukraine par nykolaSy front occidentale
1910 4,810 1461 2846
1912 9,709 1800 2642
1913 11,822 2912 3113
1914 12,495 1523 912
1915 16,295 — —
On trouve aussi le imnerai manganésifère en Podolie
dans le district de Haïssyn à lai limite des districts de
Balta et de Olhopol.
L'exploitation de ce minerai a un grand avenir en
Ukraine à la condition d'apporter des améliorations tech-
niques à l'extraction doi minerai et aux procédés utilisés
pour sa purification.
L'INDUSTRIE METALLURGIQUE.
La politique du gouvernement de l'ancien empire
Russe n'a pas été favorable au développement économi-
que de l'Ukraine en général, et au développement de l'in-
dustrie métallurgique en particulier. Les nombreuses
usines métallurgiques en Ukraine ne produisaient que de
la fonte brute et les qualités inférieures de fer.
La fabrication des objets en métal n'existait presque
p^s en Ukraine ; des articles de quincaillerie et de ser-
rurerie étaient importés de l'étranger, de la Russie cen-
trale ou de l'Oural. Ceci avait une influence néfaste sur la
vie économique de l'Ukraine, déjà pendant la guerre et
surtout durant la révolution. Le paysan ukrainien ne pou-
vant trouver les marchandises de quincaillerie nécessai-
res n'était point pressé de vendre son blé, ce qui minait
la base même de la poîtique commerciale du gouverne-
ment ukrainien. Et, aussi longtemps que ce dernier ne
réussira pas à faciliter le développi&ment de cette branche
de rindustrie métallur^ue, l'Ukraine offrira son
173
marché à TEurape occidentale. D'autre part» les pays
de l'Europe occidentale pourraient importer de l'Ukraine
la fonte brute qui, avant la révolution» était exportée en
Russie centrale.
Les tableaux suivants nous aideront à déterminer la
place que l'industrie ukrainienne occupait dans celle de
la Russie entière.
En m
Ba89i4
niions de pouds
Ukraine
d avec Ukraine
Ukraine •/•
1913 1'* moitié
93,527
141,573
66.06
2* >
95,635
141,385
67.79
1914 !'• >
98,257
144,390
68.04
2* >
87,959
119,744
73.54
1915 1'» >
84,003
115,225
72.90
2- >
83,667
109,745
76.0
1916 f >
2» >
83,193
92,725
}
226,900
77.8
1917 1^ et 2» moitié
111,225
?
?
Mais, pour satisfaire à la demande de la Russie entière
la production de fonte ne suffisait pas, et on l'importait
de l'étranger. Ainsi :
£n 1911 on a importé 3434 milliers de pouds de fonte
> 1912 > 6219 > > >
> 1913 > 1912 > > >
> 1914 > 1476 > > >
Voici le nombre des hauts-fourneaux qui étaient en
activité dans les différents districts de l'ancienne Russie
et la moyenne de rendement d'un haut-fourneau en mil-
liers de pouds:
1912
Nombre de Moyenne
hauts- de la fonte
fourneaux
1913
Nombre de M oyemie
hauts- de la fonte
fourneaux
1914
Nombre de Moyenne
hauts de la fonte
fourneaux
Ukraine . . 48
3611
ÔO
3782
48 3879
Oural. . . 73
693
73
764
66 793
Russie centr. 16
518
17
' 695
145 750
Pologne . . 10
2395
11
2324
15 ?
174
Donc le rendement des hauts-fourneaux en Ukraine
dépasse de 5 fois cehii de TOural et de la Russie centrale.
En ce qui concerne la production de fer et celle de
l'acier, nous obtenons le n>ême tableau :
dS^iSbSÎ Production rMle
en milliera de ponds
1918 •/• 1916 •/•
Ukraine . . 185,340 141,044 57.3 132,287 63.8
Quant à la production de différentes espèces de fer
elle se présentait en 1913 de la façon suivante en milliers
de pouds :
Ukraine Le reste de la Bnssiè
BaUB 28.1 7.9
Pdutres et longerons . . . 15.6 1.7
Fer maréchal 42.6 42.8
FU de f er 10.2 8
Fer de tôle 17.6 9.7
Fer de toiture 7.2 18.1
Ces données prouvent que la métallurgie ukrainienne
a joué avant la guerre un rôle important A présent no-
tre industrie a beaucoup souffert par suite de l'évacuation
des usines en 1915 en connexion avec les événements mi*
litaires, par suite de la grande révolution et de deux inva-
sions des bolcheviks russes en Ukraine. Cependant, avec
Taide du capital étranger, il serait facile de ramener Tin-
dustrie métallurgique en Ukraine à son état d'avant la
guerre, et même, prenant en con^dération la politique
économique indépendante de la République ukrainienne»
on arriverait à élever l'industrie ukrainienne au niveau
qu'elle doit légitimement atteindre.
Il y a en Ukraine 15 usines métallurgiques :12 dans
le gouvernement de Katerinoslav, 1 dans le gouverne-
ment de Kherson, 1 dans le gouvernement de Kharkiv
et 1 en Tauride. La production de chacune de ces usines
pour l'année 1915 en milliers de pouds est la suivante :
175
Gouvernement de Katerinaslav.
Nombre d'on-
Usines de Fer de fonte Fer et acier Tiiers 1916—
janvier 1918
Yonzovka 14,538 12,641 8,888—12,000
DniproYSk 23,646 24,648 9,162—15,200
Briansk-Alexandrovsk 17,578 14,673 10,399—14,855
PetrovBk ..... 22,396 18,436 8,007— 9,000
Donetzk-Tourievsk . 13,148 10,382 4,869— 7,000
Droujkovka .... 8,049 8^961 3,640—4,700
Nikopol-Marioupol . . 4,431 7,395 4,714— 9,000
Olkhov 4,510 — 345— 400
< Providence Russe > . 7,256 7,578 2,481— 3716
Kadiev 6,421 — 890— 1,260
Konstantinoy 3,696 4,923 1,774—2,100
Chaudoir (Eaterinoslav) 4,683 7,113 3,475—12,000
Gouvernement de Kherson.
Gdantzevsk .... 3,604 — 356— 850
Gouvernement de Sharkw,
Eramatorsk .... 8,712 4,718 3,392— 4,350
Gouvernement de Tauride^
Kertch 6,542 1,717 1,062— ?
Pays du Don.
Makiev 12,547 11,138 4,790— 5,000
Soulinsk 3,742 6,596 4,416— 5,000
Tahanroh ..... 6,542 7,418 3,630— 4,200
Les usines qui n'ont pas de hauts fourneaux:
Usines Fer et acier ^^^"tn^l^i
Hartmann à Eharkiv . ... . 3,365 5,289
Nijne-Dniprovsk près Katerinoslav 4,761 3,938
Toretzk près Dronjkovka, gouv.
de Katerinoslav 447 1,358
Ici, il €st intéressant de noter combien le nombre d'ou-
vriers a augmenté dans certaines usines pendant les 3 der-
nières années. La moyenne du nombre d'ouvriers en
1915 dans les usines métallurgiques en Ukraine (à l'ex-
ception de celle de Kertch) était de 72,392 ; ce nombre
est monté au début de 1918 jusqu'à 96,431, c'est-à-dire
176
de 33 %. Cette augmentation du nombre d'ouvriers était
surtout considérable pour les usines qui fabriquaient les
munitions, savoir : usine de Dniprovsk 65 % ; de Briansk
43 % ; Nikopol-Marioupol 91 % ; Chaudoir à Katerinoslav
243%.
D'après le calcul de la Commission spéciale du Con-
grès de la métallurgie à Kharkiv (1918) la consommation
du combustible se présentait ainsi:
»
TTai'naa Charboii par Coke par 1 poud
^®"^®* 1 poud de fer de fer de fonte
Dniprovsk 0.65 1.21
Russo-Belge 0.86 1.26
Kramatorovka , 0.93 1.18
Briaask-AlexandroYsk . . . 0.97 1.26
Makiev 1.03 1.18
Donetzk-Yourievsk .... 1.04 1.30
Nikopol-Marioupol .... 1.06 1.20
Droujkovka 1.11 1.37
Tahanroh 1.18 1.42
Novorossiisk 1.39 1.26
Konstantinov 1.42 1.30
Soulin 1.68 1.16
< Providence Busse» . . . 1.14 1.35
Chaudoir 1.14 1.18
AU commencement de la guerre, il y avait en Ukraine
300 usines de construction de machines et fonderies de
fer. D'après les gouvernements on peut les classer de la
façon suivante :
Kiev . . .
Volhynie . .
Katerinoslav
Podolie . .
Poltava . .
Kharkiv . .
Kherson . .
Tchernyhiv .
• •
44 dont 31 usines
de fonte
14 3
^ 8 >
56 1
> 40 >
7 ]
► 7 >
12 1
► 5 >
47 3
> 25 >
75 1
> 44 >
14 1
> 9 >
\t77
Les centres de construction de machines d'agriculture
en Ukraine sont Elisabethgrad, Odessa, Katerinoslav,
Alexandrovsk, Kharkiv et Berdiansk.
. D'après les données de l'enquête du département
technique du Commissariat pour la distribution des com-
bustibles minéraux entre les fonderies la production de
fer de fonte était la suivante :
1914
1916
1916
E^herson . . .
1,320,411 p.
1,256,153 p.
1,532,680 p
Kiev
646,561 >
589,130 >
672,902 >
ïchemyhiv . .
86,844 >
69,239 >
64,137 >
Podolie . . .
35,868 >
27,436 >
37,900 >
Volhynie . . .
25,600 >
16,987 >
22,460 >
LE* MERCURE.
Le mercure se rencontre à Mykytovka dans le district
de Bakhmout, gouvernement de Katerinoslav, Le chiffre
moyen d'extraction du mercure pour le monde entier
est de 4000 tonnes, dont pour l'Ukraine :
1900
304 tonnes
1903
318 >
1907
130 >
1910
4 >
Pendant la période de 1911—1914 l'exploitation du
mercure a été suspendue. En 1915, en connexion avec la
guerre, l'exploitation des mines de Mykytovka a été re-
prise. On a extrait :
1915 64.5 tonnes
1916 115 >
1917 100 > environ
Outre le mercure on trouve à Mykytovka de l'anti-
moine, mais il d'H: m«alheureusement pas été exploité
jusqu'à présent.
12
l'm
UARGILE.
Les différentes formations de caolin sont très répan-
dues en Ukraine. On trouve en Podolie, district de Vap-
niarka des argiles d'une excellente qualité réf ractaire. Les
caolins de Lipovetz, gouvernement de Kiev, servent à la fa-
ibrication des porcelaines, des faïences et des briques ré-
fractaires. En Volhynie seule se trouvent 11 fabriques de
porcelaine et de faïence c'est^-dire 85 % du total du
nombre des fabriques de ce genre en Ukraine. Les cao-
ilns de Volhynie donnent une matière brute de première
qualité pour la fabrication de la porcelaine. En Volhynie
les gisements les plus puissants d'excellent caolin se trou-
vent le long de la rivière Teterev. L'exploitation des ar-
^es réfractaires dans le gouvernement de Volhynie re-
présentait avant la guerre les 50% de la production delà
Russie entière et les 85% de celle de l'Ukraine. Le caolin
que l'on trouve aux environs de Kiev possède les proprié-
tés réfractaires au plus haut degré et sert à la fabrication
de porcelaines, de faïences, majoliques, terresrcuites, de
conduits de (fanalisation, tuiles, ainsi que dans la fabri-
cation des toiles cirées, du papier, des allumettes, dans
l'industrie textile, etc. La fabrication des briques réfrac-
taires à Kiev prend aussi une place importante dans
l'exploitation des argiles. Les gouvernements de Tcher-
nihov, Poltava, Kharkov, Kherson, Katerinoslav sont
aussi riches en terre glaise de bonne qualité. On en trouve
dans le gouvernement de Tchemihov dans les districts de
Hloukhov, Novgorod--Siversk, Krolevetz et Souraje où la
poterie est très développée. Dans le gouvernement de
Poltava les districts Myrhorod, Zinkov et Krementohouh,
dans le gouvernement deKharkiv le® districts deizioume,
Koupiansk, Starobilsk, Lebedyn, Akhtyrka, Bohodoukov
179
et Soumy sont riches en argile de poterie de bonne qua-
lité et de différentes couleurs, qui sert à la fabrication des
tuiles, des conditions de canalisation etc. Dans le gouverne-
ment de Kherson, districts d'EIisabethgrad, on trouve du
caolin de qualité supérieure qu'on exportait en Russie
centrale. La fabrication des briques réfractaires est sur-
tout développée daus le gouvernement de Katerinoslav
qui est aussi riche en argile. Le développement de cette
industrie dépend surtout de la présence dans ce district
des grandes usines métallurgiques qui font une forte con-
sommation de briques réfractaires.
La présence en grandes quantités d'argiles de qua-
lité supérieure a contribué au développement des petites
industries locales de poterie, de carreaux de faïence, etc.
Les petits artisans potiers, tout en fabriquant de la po-
terie ordinaire pour l'usage quotidien de leur clientèle de
paysans, montrent cependant dans l'ornementation de la
poterie un goût artistique très fin et d'une originalité
qui permet de considérer cette industrie comme une créa-
tion de l'art national ukrainien.
L'INDUSTRIE DES BRIQUES ET DES TUILES.
Malgré l'abondance d'argile, l'industrie des briques et
des tuiles n'a pas pris le développement que l'on pouvait
espérer. On compte en Ukraine environ 3000 briqueteries
dont 500 seulement sont installées d'après la technique
moderne, avec un rendement d'au-dessus d'un million de
briques chacune. Le total de la production des briques en
Ukraine comprend IV2— 2 milliards de briques ce qui ne
suffit pas pour couvrir la demande. L'industrie est sur-
tout développée dans les gouvernements de Kateiinoslav,
Kharkiv, Kherson. Les briqueteries fabriquant des bri-
ques réfractaires se trouvent pour la plupart en Volhy-
,180
nie et dans le gouvernement de Katerinoslav. L'industrie
des briques et des tuiles vernissées, des articles en terre
cuite, des majoliques, etc. étant encore très peu dévelop-
pée en Ukraine, ces articles sont pour la plupart impor-
tés de l'étranger,
LA faïence et la PORCELAINE.
Cette industrie est principalement développée en
Volhynie. Il y a en Ukraine 12 fabriques de poterie de
faïence et de porcelaine, dont 11 se trouvent en Volhynie
et 1 dans le gouvernement de Kharkiv. Certaines bran-
ches de cette industrie sont à la hauteur de la technique
moderne, par exemple la fabrication des articles pour
l^électrotedhnique, dans le district de Novohradvolynsk,
celle des services de table et des ustensiles de laboratoires
àBaranovka, district deVolodymyr-Volynsk; les articles
en terre cuite sont surtout fabriqués dans le gouverne-
ment de Kharkiv et la seule briqueterie fabriquant les
briques pouf pavages (hollandaises) se trouve dans le
gouvernement de Tchernyhiv.
FABRICATION DU CIMENT.
Quoique l'Ukraine abonde en argile et en calcaire
d'excellente qualité, leur exploitation est encore très peu
développée. En ce moment iï n'existe en Ukraine que
9 fabriques de ciment avec un rendement de 3500 — 4000
tonnes. La plus grande fabrique « Volhynie » près
de Zdolbounovo en Volhynie, produisait annuellement
un million de tonnes de ciment; 4 fabriques se trou-
vent dans le gouvernement de Katerinos^lav, 2 à Kherson,
et. dans les gouvernements de Kiev, Podolie et Kharkiv
nous comptons 1 fabrique de ciment par gouvernement.
181
Le manque de combustible par suite de la guerre et
de la révolution à arrêté et en partie détruit Tindustrie du
ciment ; vu que le pays entier est ruiné et que la demande
de ciment pour la reconstruction des bâtiments dépas-
sera la production, une possibilité se présente ici
pour le capital étranger de faire des affaires en Ukraine
en élevant la fabrication du ciment à la hauteur qui cor-
respond aux richesses naturelles du pays^
LA VERRERIE.
L'Ukraine possède toutes les matières premières né-^
cessaires à la fabrication du verre : sable, soude, sulfates,
potasse, craie, argile, silice,, spath, albâtre, pyrolusîte,
etc. Les 30 verreries existant en Ukraine produisent
presque toutes les espèces de verre, à l'exception des
verres d'optique. Le nombre .le plus élevé de verreries
— plus de 15 — se trouve en Volhynie, mais toutes cc3 r
fabriques, excepté celle de Rakytna, district de Ovroutch
et de Romaniv, district de Noyohradvolynsk, ont une pro-
duction insignifiante. Dans le gouvernement de Kiev il
y a 6 verreries, dans celui de Katerinoslav 4, dont 1,
la verrerie de la Société duDonetz à Konstantinovka est
la plus grande en Ukraine ; elle occupe 4000 ouvriers ,et.
fabrique les meilleures qualités de verre. A Odessa il y
a 3 petites verreries, 2 dans le gouvernement de Kharkiv,
dont une, la fabrique de la Société Livehof à Merefa, oc-
cupe la seconde place en Ukraine.
I '
LES PHOSPHORITES.
Les phosphorites se trouvent en Ukraine notamment
en Podolie dans les gouvernements de Kiev et de Tcher-
nihiv. En Podolie les phosphorites se rencontrent dans'
182
les formations primaires et secondaires des districts de
Letytchev, Mohiliv, Ouchitza» Proskouriv, et dans la par-
tie du nord du povit de Khotyn en Bessarabie, c'est-à-
dire dans les formations de chistes d'argile siluriennes»
Voici la composition chimique moyenne des phospho-
rites de Podolie :
P2 O5 — 34,68 %
C O2 — 2— 3J6 •
matières insolubles dans les acides 3|— 5 %*
Les meilleurs phosphorites ont 38 % de P2 Og.
L'exploitation et l'exportation des phosphorites de
Podolie nous donne les chiffres suivants :
ld06 1007 1M6
Derajnia 364,960 269,714 235,6ia
Proskouriv 175,310 217,616 206,310
Bar 44,691 61,988 19,811
Souliatytzk 102,760 33,628 16,105
Mohyliv 114,482 287,518 443,69e
Ropaïhorod ..... 85,690 111,216 13,630
loial Sn,ldS 1,328,680 936,166
PhaspJicrites réduits en poudre.
1806 1907 190B
Derajnia ...... 33,772 — —
Proskotiriv 137,763 60,390 67,666
Bar 2,010 — —
EopaYhorod 9,760 — —
Souliatytzk — — 900
Mohyliv 610 6,385 16,626
Total 185,916 65,676 85,091
Les gisements de phosphorîte en Podolie sont assez
considérables, mais comme ils ne sont pas explorés, il est
impossible d'en préciser plus ou moins l'importance.
Les phosphorites dans le gouvernement de Kiev se
trouvent dans les couches d'argile spondyle, surtout le
long du Dnipr, eUes contiennent du sable et teur compo-
1«3
sition est différente dé celles de Podolie; elle possèdent
de 16—27 % de P, O5.
Les phosphorites de Valhynie qui se trouvent dans
les districts de Ostroh et Jitomir sont peu explorées et
peu connus.
Dans le gouvernement de Katerinoslav nous les trou-
vons dans les formations crétacées et danis les districts
de Novomoskovsik, Pavlohrad, Bakhmout et Slavia-
noseribsk dans les formations du tertiaire.
Dans le gouvernement de Kharkiv les phosphorites
sont d'origine crétacée et se trouvent le long du Donetz
et de ses confluents ; elles contiennent de 15,3 à 20 % de
Les phosphorites que Ton trouve dans les gouverne-
ments de Poitava et de Tchemihîv n'ont pas d'impor-
tance pratique à l'ex^ception du gisement de Rozlioty,
Boujenka dont rimportance atteint 60 nûllions de pouds.
L'emploi d'engrais chimiques est très peu répandu en
Ukraine. De la quantité de 32 millions de pouds utilisés
en 1913, 19 niilKons tombaient sur les superphosphates,
et 13,5 millions de pouds sur les scories Thomas. Ici, il
sera intéressant de comparer la quantité d'engrais chi-
miques importés en Ru^ie pendant les 2 dernières an-
nées avant la guerre :
1012
1918
Superphosphates
. . 11,491 mill. de pds
12,010 mill. de pds
Scories Thomas
11,261 >
11,380 >
Salpêtre de Chili .
. . 3,161 >
2,647 >
Sds de potassium.
. . 6,072 >
4,699 >
Phosphorites . . .
2,896 >
3,27i' >
La . production des fabriques de superphosphates est
illustrée par le tableau ci-dessous : . .
184
1913
l,099,G0e
1914
1,129,458
1915
687,604
1916
515,965
1917
600,000
avec le maximum de rendement de 1,600,000 pouds. Là
matière brute pour la fal>riGiitîon des Sruperphosphates
en Ukraine était importée d^ l'Egjrpte, d'Algérie et d'A-
mérique. Il est intéressant dé remarquer que toutes les^
fabriques, de superphosphates en Russie, à l'exception desi
régions centrales et orientales, employaient les phospho-
rites importées de l'étranger et principalement celle de
l'AUemagae. Vue que l'Ukraine, pays d'agriculture, par
excellence, ne peut pas se passer d'engrais chimique et
que la production de superphosphates est très dévelop-
pée en Ukraine, la tâche du gouvernement ukrainien se-
rait d'attirer le capital étranger, en vue du développe-
ment de l'industrie des superphosphates sur place, et
jusqu'à ce moment d'en faciliter l'importation <ie Tétran-
ger par les ports de la Mer-N6iré.
LE SEL.
L'exploitation du sel est très développée eii Ukraine.
Le sel s'obtient soit par les mines àe sel gemmé soit en
traitant par évaporation l'eau des sources ' saline et déâ
lagunes salantes (limanes).
L'exploitation du sel est concentrée dans les endroits
suivants : 1) région saline, de Crimée (districts Eupatoria,
Dniprovsk, Perekop, Melitopol et Berdiansk) ; 2) les sa-
lines des limanes de la Mer-Noire (districts Odessa et
Kherson dans le gouvernements de Kherson et district
d'Ismaïl eu Bessarabie) ; 3) régioîï du Dônetz (district de
Bakhmout, gouvernement ' de KateWnôsiàv '— ' mineé de
i8è
sel gemme et les sources salines de Slaviansk, gouverne-
ment de Kharkiv). Près de Bakhmout à Briantzovka la
couche de sel gemme atteint 49 sajènes de profondeur.
•
A Slaviansk et aux environs, il y avait en 1914, 36 sa-
lines. L'exploitation du sel dans ce district a augmenté
pendant les dix dernières années de 3,5—9,9 millions de
poùds.
En 1914 dans le district dé Bakhmout il y avait 6 so-
ciétés d'exploitation de salines.
Efn Crimée le sel s'obtient par éyaporatîon de l'eau
de mer. Ce district possède 77 salines appartenant à
l'état, qui ont donné en 1914 ll,à millions de
pouds ; dans les salines privées l'on a obtenu en outre
742 million;s de pouds. On obtient du sel encore dans les
lacs salants de Perekop, de Hennitchesk, de Eupato-
ria, Théodosia, Saky et Kertch, dans les lacs de Kjn-
burn sur là côte N. 0. d'e la Mer-Noire, ainsi que dans
les limanes de Bouh et Dnipr, où il est traité par éva-'
poration.
La quantité de sel obtenu en Ukraine représente pres-
que les 34% du total dé l'exploitation du sel de la Rus-
sie entière. L'exportatiofl dû sel se présente en chiffres,
comme suit :
1912 exporté 36.3 millions de pouds
1913 > 38.9 >
1914 > 37.6 >
1916 > 31.6 >
1916 > 54.7 > .
Vj 1917 > 19.7 >
En 1917 l'exploitation du sel est illustrée par le ta-
bleau que Voici : : : >
186
1. SiUineB d'Etat dans les gouyemements de Tau-
ride, Kherson et Bessarabie 8,447.049 pôuis
2. Salines privées * . . . 6,061,262 >
3. Sel gemme 37,913,420 >
4. Sel d»évaporation • . . 6,262.931 >
Total 66,664,662 pouds
Les seules saMn>es (sauneries) en Galicie se rencon-
trent sur les pentes des Carpathes. Les principales
d'entr'elles se trouvent à Kalouche, SIebnik et Kosov.
D'autres moins importantes à Latzko, Drohobytch, Bo-
lekhov, Dolyna, Delatyn et Lantchyn. Autrefois pro-
priété de l'Etat, elles étaient sous l'administration au-
trichienne (offices administratifs de Bolekhov et de De-
latyn). Depuis lors eBes soïit propriété du gouvernement
ukrainien. En 1912, la production s'élevait à 51,988 t.
L'exploitation du sel en Ukraine sera prochainement
nMmopolisée par l'Etat. Cette mesure sera facile à réali-
ser, parce que déjà à l'heure qu'il est, la production et la
consommation du sel sont sous le contrôle de l'Etat. Vu
la richesse énorme en sel de l'Ukraine, nous pouvons
dire d'avance que le monopole du sel jouera un rôle im-
portant dans les finances de ce pays.
L'INDUSTRIE CHIMIQUE.
Avant la guerre et particulièrement avant 1915, il n'y
avait en Ukraine, comme en général en Russie, aucune
industrie chimique, tous les produits étant importés de
l'étranger, surtout de l'Allemagne. La longue durée de la
guerre et le manque absolu de produits chimiques et
pharmaceutiques ont forcé le gouvernement russe de s'oc-
cuper de cette branche d'industrie. Mais comme tout ce
qui a été fait dans cette direction n'avait d'çiutre but
1«7
que la déïense niilitaire, le développement de l'industrie
chimique a pris, lui aussi, une direction tout à fait spé-
ciale.
L'ACIDE SCILFURIQUE.
Le soufre se rencontre en Ukraine en petites quanti-
tés dans un endroit près de Kertch, où il se trouve înter^
posé entre les couches de gypse.
Le tableau suivant nous donne une idée de la pro-
duction de l'acide sulfurique en Ukraine, en milliers de
pouds :
1®^ ^•^^ des fabriques
Acide solforique GG^ Bé 955 1842 2675
> > 60<' Bé 1770 2570 2926
> > 52<> Bé 693 408 1015
Olenm . — 49 2300
Total 2732 4056 8916
coTnme monohydrate
: a:
LE SEL DE GLA(
Le sel de Glauber (Na^ S O4 + 10.H, O) sulfate de
soude, se trouve principalement dans l'eau de mer et de
certains lacs. On le trouve en Ukraine dans le ^uveme-
ment de Tauride.
En 1914 il a été extrait 13,233 ponds
En 1915 > > 79,888 >
La production du sel de Glauber artificiel était de :
1913 6,000 ponds
1916 5,600 >
1917 19,000 >
LE SALPÊTRE.
L'on a entrepris pendant la ^erre la fabricatioB du
salpêtre synthétique et d'ammoniaque que l'on obtient en
grande quantités comme sous-produits de la distillation
m
du coke. La seule fabrique se trouve dans le gouverne-*
ment dé Kàterihoslav. Sa production était de :
Salpêtre Salpêtre
d'ammoniaque synthétique
1913 4,000 pouds —
1915 .: 72,000 > _ .
1916 367,600 . >,. —
1917 570,000 > . 100,000 pouds
of
LES SULFATES ET LES BISULFATES.
ri '
' . - 1
Les sulfates et les bisulfates (Na HS O4) s'obtiennent
comme produits de la fabrication des acides nitrique et
chlorhydrique.
Production de Ces sels en milliers de pîouds :
^ 1913 '
1915
1917
Sulfatèd . . .
: •- 1318
834
1080
Bisulfates . .
241
582
1408
Rendement ma-,
xlmum possible
1360
. . 1500
' LA SOUDE.
Lfes fabriques de soudé en Ukraine se trouvent dans
lés gouvernements de Khàrkiv (à Lissitchàh^k -^' Liou-*
bîiiibv Solvé & (jù.) et dé Katérînosîav (à Slaviansk —
«Société du Sud de la Russie»). Pour la production on
utilise la matière brute trouvée sur place.
Voici la production, en milliers de pouds :
1913 1915 1916 1917 Smum^'Sk^^^^^^
Soude calcinée . . 7270 5571 5858 4292 7800
Soude caustique . . 2066 1985 2011 1692 2200
Bicarbonate de soude 453 444 568 267 650
Lfl POTHSSE.
La production de potasse est très peu développée en
Ukraine. Dans quelques localités du Kouban l'on extrait
la potasse des cendres de' tournesol. La production atteint;
;189
dans la région de Kouban 5OO,0OQ, pQ^iu)^ par. aq. . En
Ukraine on extrait la potasse des s.çls d^ potassium ;jj-
70,000 pouds par an. .. , . .
Les sels de potasse (Kalnit) se rencontrent en quanti-
tés abondantes dans le district de Kalouche en Galicie.
Les mêmes sels ne se rencontrent ailleurs dans le monde
qu'à Strassfort en Allemagne. Ils sontj utilisés comme
engrais. L'exploitation né commença qu'en 1887. La pro-
duction en 1910 s'élevait à 15,000 t.
LA PRODUCTION DE SELS.
Le tableau cî-kIcssous montre la production, en
Ukraine, des sels employés en technique, en milliers de
pouds :
1918 1916 1917 »f5^%rsS£
Sulfate de cuivre . , — 40 70 70 ^
Sulfate de fer . . . 24 20 12» 30 '
Ghlorure dé potasBium — 157 80 220
ChloFuredemagnésium 11 2 10 70
Sulfate de magnésium — 6 6 6
Chlorure de bariuiû . 5 — — 6
Chlorure de zinc . . 39 19 — 100
LE BROME ET L'JODE.
L'extraction du brome des algues de la Mer-Noire a
été commencée pendant la guerre. La production : en
1916 — 162 pouds ; 1917 —, SiOOO pouds ; l'usine en Cri-
mée est calculée pour un rendement annuel de 10,000
pouds. La demande en technique est de 125 pouds, pour
la pharmacie — de 15,860 pouds.
* • ,
En 1913 on a importé : brome — 2000 pouds, bromure
de potassium et de sodium — 4610 pouds.
190
La productioa cl'iode existe à Tétat embryonnaire,
à Katerinoslav dans le Laboratoire de chimie inorga-
que de l'Institut des Mines.
L'INDUSTRIE TEXTILE.
En raison de la politique russe Tindustrie tex-
tile en Ukraine n'existe presque pas. Tous les articles de
cette industrie venaient de Moscou et de Lodz. La de-
mande en Ukraine pour les produits de l'industrie textile
est très grande ; pour les étoffes de coton, par exemple,
elle s'élève à 4 milliards de pouds.
Dans toute l'Ukraine il n'y a que peu de fabriques
textiles : 1 dans le gouvernement de Katerinoslav, 3 dans
le gouvernement de Kherson et 2 à Mélitopol en Tauride.
Il est vrai que l'Ukraine ne possède point de matières
premières, le coton ne pouvant pas être cultivé à cause
des conditions du cUmat, mais l'industrie textile pour-
rait se développer sur la base du coton importé de l'A-
mérique ou du Turkestan russe. Le développement de
cette industrie, vu la demande considérable, offre un
beau champ d'activité au capital étranger.
LE JUTE.
L'industrie du jute est faiblement développée en
Ukraine, car ni la Russie, ni l'Ukraine ne s'occupent elles-
mêmes de la culture du véritable Jute. Ge produit était
toujours importé. En Ukraine il n'y avait que deux gran-
des fabriques de cette branche, l'ime à Odessa, l'autre à
Kharkiv. En ce qui concerne l'industrie textile travail-
lant le lin et le chanvre, manufacture de toiles, etc. — il
existe 4 fabriques dont une dans le district de Soumy,
gouvernement de Kharkiv, fabriquant de la grosse toile
et des articles de corderie etc. ; 2 à Klimov, district No-
vozybkov, gouvernement de Tchemihiv, 1 à Odessa.
191
«
L'industrie de la corderie est plus éteadue en
Ukraine ; Ton compte 15 fabriques de cette brsfnche.
Volhynie 1
Kharkiv 2
Kherson 2
Tchernyhiv .... 10
L'industrie du tricotage est peu x'épandue, on ne
compte que 5 fabriques (surtout fabrication des bas),
dont 1 à Kharkiv, 1 à Kiev, 2 à Klintiy et 1 à Horki, les
trois dernières dans le district de Souraje, gouvernement
de Tchemihiv.
Le tableau ci-dessous montre Tétat de l'industrie tex-
tile en Ukraine, pendant le période de 1910 — 1912:
En pouds 1910 1912
Lin 6,166 2,693
Lin peigné 1,000 1,000
Filasse de lin 1,429 2,66a
Fil — —
peignures de lin ... . 2,425 11,504
Tlssust de lin grossiers . . 60 22
> > fins .... — —
> > en couleur . — —
Lingerie de table .... .--■ —
Tissus d'embaUage . . . 4,104 226
Chanvre 92^1 120,616
Filasse de chanvre . . . 21,654 27,075
> > > peigné. 2,140 4,343
Peignure de chanvre . . 1,453 3,954
Jute filé ....... 212,50a 273,076
Tissus de chanvre . . . 16,000 18,000
> > > d'emb. 900 920
Tissus de jute d'embaUage 79,825 93,119
Cordes et ficelles .... 197,518 219,811
Sacs 374,941 484,558
Ficelles d'emballage . . . 241,734 243,964
Filasse de jute — 15,000
Paillasses 1,216 1,003
Nombre de fabriques . . 29 32
Nombre dWvriers . . . 5,723 6,387
192
«
LA LAINE.
-. -• • . • • t •
liexijste en Ukraine 3 fabriques seulement avec ins-
tallation spéciale pour le lavage de- la laine, 2 dans le
gouvernement de Kharkiv et 1 dans le gouvernement de
Kherson. En outre, plus d'une quarantaine de filatures de
laine et de fabriques de drap, à savoir :
Volhynie . .
Katerinoslav
Kiev . . .
Podolie . .
Tchemyhiv .
3
2
4
23
7
La plupart fabriquent du drap grossier ordinaire.
Deux centres de l'industrie textile de laine sont surtout
importants: 1 (en Podolie-Dounaïvtzi, district de Ouchitza)
où sont contentrées 22 fabriques de drap dont plusieurs
fabriquent du drap fin ; l'autre, dans le gouvernement de
Tchemhiv-Klintzy, district de Souraje, où l'on fabrique
des draps de qualité supérieure.
Le ta!bleau ci-dessous donne un aperçu sur l'état de
l'industrie de la laine en Ukraine pendant la période de
1910—1912:
Laine de mérîiiios lavée .
> artificielle ....
Laine peignée . . . .
Fil de laine apprêté . . .
Tissus de laine grossiers .
Tissus mi-laUie
Feutre .
Tissus de laine apprêtés .
Articles de laine (couver-
tures, plaids, châles, etc.)
Ouate de laine
Pelisses de mouton . . .
Articles en laine divers
Nombre de fabriques . .
Nombre d'ouvriers . . .
1910
1912
140,699
160,319
3,160
6,136
600
660
108,028
116,998
116,660
138,168
531
663
128.528
137.832
273
2,883
3,902
6,086
2,200
1,600
6,640
6,209
40
40
6,767
4,786
193
L'INDUSTRIE DU BOIS.
Edn 1912 il existait en Ukraine 276 entreprises indus-
trielles pour travailler le bois, avec 10,116 ouvriers. Dans
ce nombre: 185 scieries avec 5421 ouvries (enVolhynie —
54, gouvernement de Kiev — 49, gouvernement de Tcher-
nihiv — 33, de Kherson — 13, de Poltava — 11, de Podolie
— 5, de la Tauride — 5, et de Kharkiv — 3). Fabrique de
bois de placage pour l'ébénisterie 8 (gouvernement de
Kiev 3, Volhynie — 2, Tchemihiv — 2 et Kherson — 1) ;
23 parqueteries (Kharkiv — 6, Kherson -- 6, Kiev — 5,
Volhynie — 4, Tdiemihiv — 1, Tauride — 1); 4 fabriques
de clous et de formes pour cordonneries (toutes en Vol-
hynie) ; 5 tonneries (Tchemihiv — 4, Podolie — 1) ;
3 fabriques de bouchons (toutes dans le gouvernement
de Kherson).
L'INDUSTRIE DU PAPIER.
L'industrie du papier est fort peu développée en
Ukraine. Le plus grand nombre de fabriques se trouve
en Volhynie, à savoir 12 fabriques avec 1344 ouvriers ;
dans le gouvernement de Kherson — 23 avec 960 ou-
vriers ; Kiev — 9 avec 901 ouvriers ; Kharkiv — 8 avec
679 ouvriers ; Poltava — 5 avec 205 ouvriers, Podolie — 3
avec 141 ouvriers, Tchemihiv — 1 avec 352 ouvriers ;
Tauride — 2 avec 77 ouvriers et Katerinoslav — 2 avec
26 ouvriers- Les fabriques qui ne produisent uniquement
que du papier sont au nombre de 18, dont 8 en Volhynie.
Fabriques de papiers mâchés — 3 avec 44 ouvriers (2 en
Volhynie et 1 dans le gouvernement de Kharkiv); 5 fabri-
ques de papiers peints, et de carton de Bristol (1 dans le
gouvernement de Kiev et 4 dans celui de Kherson) avec
240 ouvriers ; 11 fabriques de cartonnage et 20 fabriques
de papier à cigarette ;
13
194
Production du papier en Ukraine en 1912,
Papier mâché blanc 639,274 pouds
Carton en papier mâché blanc . . . 55,661
Carton en papier mâché . . . . . 22,630
Cellulose —
Papier à lettre —
Papier à écrire 22,630
Papier d'imprimerie 161,297
Papier peint 61,946
Papier à cigarettes 110,726
Papier de soie, papier & calquer . . 19,908
Papier d'emballage en couleur • . . 92,243
Papier à filtrer —
Gros papier d'emballage 667,584
Papier brun 132,200
Papier jaune (de paille) 377,472
Carton gris et brun . 239,685
Carton de toUe 97,560
Carton de Bristol 108
LES ALLUMETTES.
En 1912 il y avait en Ukraine 15 fabriques d'allumet-
tes avec 4162 ouvriers. Le centre de cette industrie est
dans le gouvémement de Tchernihiv, où se trouvent 8 fa-
briques d'allumettes avec 3627 ouvriers. La production
totale d'allumettes en Ukraine en 1912 était de 761,681
boites dont 702,085 étaient fabriquées dans le gouverne-
ment de Tchernihiv. La production d'allumettes en
Ukraine représente les 20 % de la production totale d'al-
lumettes dans la Russie entière.
LE PÉTROLE.
Les sources de pétrole les plus nombreuses et les plus
productives sont situées en Galicîe orientale et s'étendent
le long des Carpathes sur tout le parcours depuis le Sa-
195
nok jusqu'à la Nadvorna et la BoJiorodtchany. Les géolo-
gues compétents prétendent que de nouvelles sources iné-
puisables se rencontreront successivement dans la direc-
tîon de l'ouest.
Les réserves naturelles les plus importantes se trou-
vent actuellement dans les districts de Kolomya et de
Petchenijyn, à Borysilav et Tustanovytchî (district de Dro-
hobytch), à Bitkov (district de Bahorodtchany et de So-
lotvina), à Maydan et localités environnantes, près de
Lantchyn dans le district de Nadvirna. Dans le district
de Sanok on procède aux premiers travaux de forage.
Qualité : 5 — 19 % de benzine, 38—45 % de kérosine,
5—13 % de paraffine, 15—25 % d'huile lubréfiante et
3—6 % d'asphalte. Le reste, environ 15 % est inutilisable.
La production annuelle, avant la guerre, se montait à
1,200,000 t. (1,187,000 t. en 1912), ce qui représente ap-
proximativement 4 % de la production mondiale.
Les capitaux engagés sont presque exclusivement
étrangers. Les Vs sont entre les mains de Belges, d'An-
glais, de Français et Vio entre les mains des Allemands.
Depuis 1908, époque à laquelle les Anglais commencèrent
à se retirer par suite de difficultés passagères, ce furent
les capitaux allemands qui prirent la place. Les principa-
les entreprises actuelles sont : «la Carpathia», «la Gali-
cia», Fanto & Cie., la Société annonyme pour l'Industrie
de Naphte.
Les producteurs ukrainiens ont leur propre associa-
tion «Pidoîma» dont le siège principal se trouve à Tous-
tanovytch-^Drohobytch.
196
LA HOUILLE BLANCHE.
L'absence de chutes d'eau, ainsi que les pentes peu
accusées des cours d'eau en Ukraine ne permettent' pas
d'utiliser l'énergie hydraulique dans la même proportion
qu'en Suisse.
Pourtant, certains travaux hydrauliques à entrepren-
dre pourraient donner une quantité considérable d'éner-
gie. Par exemple, l'éclusage des rapides sur le Dnipr.
Cette question n'est pas nouvelle : la nécessité de con-
tourner les rapides du Dnipr qui entravent la navigation
entre Kiev et la Mer-Noire s'est fait sentir depuis long-
temps. Si cette question n'a point encore été résolue, il
faut enchercher la cause dans l'abandon complet, dans
lequel les questions vitales, concernant les besoins du
pays, étaient laissés autrefois*
Dès les premiers moments de l'existence de la Répu-
blique ukrainienne, cette question fut mise en avant et
en 1918 déjà 8 millions de roubles ont été votés pour
l'étude du projet et la construction de voies de commu-
nications, pour le matériel de construction. A cause des
dificultés financières ce projet reste très modeste — uti-
lisation de 400,000 HP seulement ; pourtant, dans des
conditions favorables, le cadre de ce projet pourrait
être considérablement élargi. Toutes les usines et les fa-
briques dans la région entre Katerinoslav et Kharkiv
pourraient être électrifiées. En outre, la rivière du Bouh
Méridional peut donner une force de plus de 10,000 HP ;
la rivière du Ross (sur laquelle existe déjà une station
électrique centrale à Korsoun), la rivière du Teterev,
peuvent fournir l'énergie électrique aux usines et aux
fabriques, de même qu'aux centres populeux de la ré-
gion.
197
En résumé, on peut dire que cette branche de l'in-
dustrie attend encore son développement et que dans ce
domaine un vaste champ est ouvert au placement des
capitaux étrangers.
Les chemins de fer de l'Ukraine.
On ne peut pas se représenter le développement cul-
turel et économique d'un pays sans penser aux voies de
communications rapides et commodes.
C'est pourquoi il est tout naturel que dans chaque
état en formation l'on prenne tout particulièrement en
considération les voies de communication et les possibi-
lités de leur création.
Les voies de communication sont le facteur qui pré-
cède et qui crée le développement économique d'un pays.
Nous avons actuellement en Ukraine environ 17,855
km. de chemins de fer exploités : 16,944 km. à voie nor-
male et 911 km. à voie étroite.
Vs environ de tout le réseau appartiennent à l'Etat, le
reste appartient à des compagnies privées.
En outre, environ 4000 km. sont en construction. Sur
1000 km. carrés de surface nous avons, en Ukraine, en-
viron 26 km. de chemins de fer (en France, environ
93 km.).
D'après les calculs basés sur les données du Contrôle
de l'Etat la dette totale des chemins de fer de l'Ukraine
au 1er janvier 1914 se montait 'à 1,252,420,470 de roubles
avec un paiement annuel des intérêts de 56,111,862 de
rouibles.
Sans une étude détaillée des rapports des Administra-
tions de chemins de fer il est difficile de déterminer le
chiffre réel des revenus des chemin® de fer de l'Ukraine.
Gomme on le sait, grâce au système du trésor unique
appliqué dans l'ancien empire russe, tous les revenus des
chemins de fer passaient dans le trésor commun et les
199
chemins de fer lucratifs de l'Ukraine couvraient les défi-
cits des chemins de fer de la Sibérie et de la Grande
Russie.
Pour trouver le montant du bénéfice net dans une
entreprise de chemin de fer, nous devons faire le bilan
entre le bénéfice brute et les dépenses. C'est ce que nous
avons fait pour une partie des Chemins de fer du Sud-
Ouest. Ce travail nous prouve que les données du Con-
trôle de l'Etat doivent être sensiblement rectifiées en
ce qui concerne la détermination du chiffre de la dette
des chemins de fer ukrainiens. Par rapport aux
chemins de fer privés il faut aussi remarquer, par
exemple pour le chemin de fer Mosoou-Kiev-Voronège,
que la partie qui se trouve sur territoire ukrai-
nien est la plus lucrative et couvre les déficits de
la partie nord du chemin de fer de cette Compagnie.
Toutefois, quel que soit le montant de la dette, la Répu-
blique démocratique ukrainienne le reconnaîtra et il ne
faut pas s'en effrayer, mais au contraire, il faut commen-
cer immédiatement par encourager le plus possible la
construction de chemins de fer nouveaux.
En Ukraine nous avons de la houille et un excellent
minerai de fer. Ceci est une raison de plus pour nous
de ne pas craindre de faire des dépenses pour les entre-
prises utiles.
Pour la construction d'un chemin de fer, il faut en-
viron 135 tonnes de métal par verste (15/14 km) ; il faut
en avoir en outre pour le matériel roulant suivant la
quantité de ce dernier. En se basant sur le programme
minimum pour l'Ukraine, notamment la construction de
5000 km par an, il faudrait (le matériel roulant compris)
environ l^/j million de tonnes de métal.
200
Si l'on ajoute que le réseau des chemins de fer déjà
existants nécessite aussi du métal, que le métal est éga-
lement nécessaire à la population et à Tindustrie, qu'en-
fin, la Région de Kouban, la Grande Russie, etc. en ont
aussi besoin, il est clair, que non seulement les usines
métallurgiques existantes devront développer leur acti-
vité, mais encore, que la question de la création de nou-
velles usines, devra se poser, sans aucun doute.
L'activité intense des usines métallurgiques nécessi-
tera à son tour l'augmentation de l'extraction de la
houille.
Il en résulte que, grâce au fait que l'Ukraine possède
de la houille et du minerai de f èr, il se créera dans ce pays
un cycle économique, déterminé par la construction des
chemins de fer.
Ce mouvement cyclique économique qui commencera
longtemps encore avant l'achèvement des constructions,
contribuera sans doute beaucoup à l'animation du pays.
Il est à craindre que ce grand besoin de métal n'en-
trave la construction des chemins de fer. En effet, les
bandes bolchévistes ont réduit la plupart des entreprises
minières à un tel état qu'après le rétablissement de l'or-
dre dans le pays il faudra au moins une année pour ar-
river au rendement normal nécessaire des mines de fer,
c'est-^à-dire à environ 5,000,000 de tonnes par an. Pour ce
qui concerne la propriété même des minerais de fer et
de la houille, ^Ukraine s'est assurée de cette propriété
d'une façon absolujnent complète.
Pour citer un exemple, avant la guerre, le bassin du
Donetz rapportait jusqu'à 27,000,000 de tonnes de houille
par an. Cette quantité peut être facilement doublée si l'on
construit dans cette région environ 600 km de chemins
201
de fer mettant en communication les puits et facilitant
les conditions du travail.
En général, l'exploration des richesses minérales de
l'Ukraine est loin d'être achevée et l'on est en droit d'ad-
mettre que ce pays cache encore beaucoup de richesses
inconnues.
Ainsi, l'on sera amené à développer également, simul-
tanément avec la construction des chemins de fer, celle
de chaussées et de routes servant d'accès aux stations de
chemins de fer — d'autant plus que ces constructions
manquent généralement en Ukraine. Tandis qu'en
France, sur chaque km. de chemins de fer nous avons
environ 12 km. de chaussées — en Ukraine nous ayons
seulement 0,4 km. Il est à remarquer également, que les
lignes qui seront construites à l'ouest (en comptant à
partir de la ligne Kiev-Odessa) devront être à voie nor-
i^iale comme celles des chemins de fer de l'Europe oc-
cidentale, de façon à ce que la nouvelle ligne Kiev-Jito-
mir-Tamopol, par exemple, permette d'expédier de
l'Ukraine au dehors et de recevoir les marchandises de
l'étranger sans transibordement
Actuellement, grâce à la différence d'écartement
des voies on doit procéder au transbordement de toutes
les marchandises aux stations-frontières.
n est vrai qu'en ce qui concerne le principal produit
d'exportation, le blé, expédié par mer, cela n'a pas d'im-
portance, quoique le blé soit exporté en quantités con-
sidérahles, à savoir t
d'Odessa environ 98,000,000 pouds,
de Nikolaiv environ 91,000,000 pouds,
de Kherson environ 60,000,000 pouds.
I
202
Mais par rapport à toutes les autres marchandises,
surtout les marchandises importées, l'unification de
récartement des voies est très importante.
n y aura lieu en outre de modifier l'ancienne politi-
que ferroviaire d'une manière définitive. Dans le temps,
grâce au manque d'entrepôts à la campagne et des diffi-
cultés de transport jusqu'aux stations de chemins de fer,
la loi obligeait les chemins de fer, d'accepter les mar-
chandises en dépôt pour le cas où il était impossible de
les expédier immédiatement. De cette façon, le chemin
de fer devenait non seulement l'entreprise de transport,
mais aussi celle de dépôt. En outre, grâce au développe-
ment insuffisant du crédit dans le pays, le récépissé du
chemin de fer accusant réception des marchandises à
expédier, représentait une valeur, que l'on pouvait es-
compter à la banque. Ces fonctions, qui transforment les
chemins de fer en entreprises dei dépôts et institutions
de crédit, doivent en être définitivement séparées, dût-on
même recouvrir au moyen de la création de tout un ré-
seau d'élévateurs d'Etat, ou par un autre moyen quel-
conque — ceci est une question secondaire — mais cette
séparation en elle-même, doit être effectuée.
Enfin, la question des tarifs doit être revue à fond.
Dans le temps, où (avec raison) ils se trouvaient entre
les mains de l'Etat, ils servaient de moyen à la politique
économique. Il en est résulté qu'en élsâ)orant les schémas
des tarif s l'on se souciait fort peu de l'augmentation des
revenus de l'entreprise. On avait la tendance d'influencer
par l'intermédiaire des chemins de fer le cours du dé-
veloppement de l'économie publique dans le sens désiré
par le gouvernement de cette époque et du point de vue
des intérêts généraux de l'Etat
208
En un mot, l'idée directrice dans la question des ta-
rifs, était la protection' de Tindustrie gouvernementale
russe contre sa concurrence, en anéantissant les avan-
tages, dont rUkraine jouissait de part, sa situation géo-
graphique privilégiée.
Toutes ces tendances centralisatrices des temps an-
ciens doivent définitivement disparaître.
L'Ukraine, un des plus riches pays du monde, avec
son sol d'humus merveilleux, ses riches gisements de mi-
nerais et de houille a toutes les chances pour un dévelop-
pement rapide et brillant. Mais avaijt tout faudrait-il déve-
lopper le réseau des chemins de fer et des chaussées, car
aux saisons des mauvaises routes, au printemps et en au-
tomne, beaucoup de localités se trouvent littéralement
séparées du reste du monde.
Les richesses naturelles de l'Ukraine donneront au
peuple libre la possibilité de s'associer à la culture mon-
diale.
Les capitaux engagés dans les constructions des che-
mins de fer de l'Ukraine seront non seulement bientôt
remboursés, mais commenceront immédiatement à don-
ner de brillants revenus.
La Galicie-orientale possède deux lignes de chemins
de fer principales allant de l'ouest à l'est et se débran-
chant de tous côtés à Lviv, Stryi, Stanislaviv, Tamopol
et Tchortkiv. E-n Boukovine, c'est Tcbemovitz (Tcher-
nivtzi) qui forme le centre du réseau des chemins de fer.
Les directions d'arrondissements sont établies à
Lviv (Léopol), Stanislaviv et Tchernivtzi.
La Galicie-orientale et la Boukovine possèdent neuf
voies de communication avec l'Ukraine, deux avec l'ouest
(dont l'une est à double voie), une avec la Roumanie et
trois avec la Hongrie.
Table de matières.
Page
Avant'-Propos 3 — 4
Aperçu historique de l'Ukraine 5—8
Les limites ethnographiques de l'Ukraine.
Nombre et répartition des Ukrainiens dans
leur pays 9—24
Les peuples de l'Ukraine 25 — 40
Caractéristiques anthropologiques des Ukrainiens 41—50
La langue ukrainienne 51 — 60
Du développement de l'idée nationale politique
en Ukraine 61—67
Les traditions et les tendances historio-poli-
tiques des Ukrainiens 68 — 84
La culture ukrainienne 85 — 89
L'art ukrainien 90—99
Le climat de l'Ukraine 100—106
La flore et la faune de l'Ukraine 107 — 126
Agriculture 127—151
Elevage des bestiaux * . . 152—157
La houille en Ukraine 158—164
Le coke et les produits de la destination de la houille. 164 — 166
La tourbe 166
Le graphite 167
Le minerai de fer 168
Le minerai de manganèse 171
L'industrie métalltirgique 172
La mercure 177
L'argile 178
L'industrie des briques et des tuiles 179
La faïence et la porcelaine 180
Fabrication du ciment 180
La verrerie 181
Les phosphorites 181
n
Page
Le sel 184
L'industrie chimique 186
L*acide sulfurique 187
Le sel de Glauber 187
Le salpêtre 187
Les sulfates et les bisulfates 188
La soude . 188
La potasse 188
La production de sel . 189
Le brome et Tiode 189
L'industrie textile 190
Le jute 190
La laine 192
L'industrie du bois 193
L'industrie du papier 193
Les allumettes • • • 194
Le pétrole 194
La houille blanche 196
Les chemins de fer de l'Ukraine 198
Un verste 1,07 km
Un sajen 2,13 m
Une déclatine .... 1,09 hect.
Un poud 16,38 kg
Principaux auteurs consultés:
D' S. ROUDNITZKY, p. d. de géographie à TTIniversité
de Lemberg : i® U Ukraine, son territoire et son peuple.
2^ UUkraine^ notre patrie.
D' M. KORDOTJBA: Le territoire et la Population de
V Ukraine. Berne 1919.
J. FESTCHENKO-TCHOPIVSKY, prof, à TEcole Poly-
technique à Kiev : Les richesses de V Ukraine. Kiev 1918.
B. DZINKEVITCH, Chef du Bureau de Statistique à Kiev :
Production du sol en Ukraine. Kiev 1918.
Cet ouvrage contient une carte ethnographique de r Ukraine en
couleur hors texte.
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